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FFF: "Un système népotique et clientéliste", Stéphane Guy appelle la ministre des Sports à ne pas se limiter au cas Le Graët

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Mis en retrait de son poste de président de la Fédération française de football (FFF), Noël Le Graët est sur la sellette mais Stéphane Guy, journaliste pour RMC Sport, estime que le mal est bien plus profond.

Sur la sellette mais toujours pas parti. Le nouveau comité exécutif de la Fédération française de football (FFF) réuni jeudi a choisi le statu quo pour Noël Le Graët, mis en retrait de ses fonctions de président depuis une semaine après ses propos sur Zinedine Zidane et les diverses accusations le concernant. Les membres du comex attendent toujours les conclusions de l’audit commandé par le ministère des Sports sur le pilotage de la FFF avant de trancher. Si elles sont trop négatives pour le patron, il quittera ses fonctions d’autant qu’il est désormais visé par une enquête judiciaire pour harcèlement sexuel et moral.

"Il ne faudrait pas que son départ ne serve finalement à rien"

Dans l’After Foot jeudi, Stéphane Guy a pointé un problème de gouvernance plus large que le seul cas du président. Il craint que ce dernier ne serve de fusible idéal et que son départ n’engendre finalement pas de révolution. "Tous les membres du comex, rappelons-le, sont de la liste Le Graët, souligne le journaliste RMC Sport. Il est facile aujourd’hui de tomber sur Le Graët, qui n’a besoin de personne pour s’enterrer tout seul. Il ne faudrait pas que l’arbre Le Graët cache la forêt et que son départ - qui est maintenant inéluctable - ne serve finalement à rien."

Stéphane Guy pointe les statuts de la FFF et le mode d’élection où les voix de la base (les clubs) sont inaudibles. "Un problème de démocratie va se poser, estime-t-il. Le problème de la FFF n’est pas seulement le comportement de Le Graët, c’est que cet homme qui préside aux destinées d’une fédération de deux millions de licenciés est élu par 200 et quelques membres. Ce sont des grands électeurs assez faciles à soigner. Ouest-France de jeudi fait part d’un rapport réalisé après l’assemblée fédérale à Nice où on explique que tous les grands électeurs étaient parfaitement bien traités dans les restaurants, avec un bus pour se promener sur la Promenade des Anglais et faire des visites. C’est un système népotique et clientéliste."

Il dénonce encore les statuts de l’instance. Selon l’article 16, l'intégralité de la liste est élue en cas de majorité absolue au premier tour, ce qui fut le cas pour le dirigeant breton lors des élections 2021. Le président compte donc onze membres de sa liste au comex, plus deux membres de droit (le président de la LFP Vincent Labrune, et le président de la Ligue amateur Vincent Nolorgues).

"Le deuxième problème - au-delà du fait que le boss est élu par 200 personnes - c’est qu’il n’y a pas de contre-pouvoir, regrette Stéphane Guy. La liste de Thiriez a fait 25% lors des dernières élections (contre 75% pour Le Graët), ce n’est pas très important mais il pourrait y avoir un ou deux représentants dans le comex. Que nenni. Les 14 membres du comex sont douze élus Le Graët, plus deux membres de droit."

Pour lui, la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, devrait donc s’intéresser plus en profondeur sur cette gouvernance même si elle ne dispose d’aucun pouvoir sur ce point. "Il ne faudrait pas que la ministre des Sports - qui fait de Le Graët un cas personnel - se limite à ça, conclut-il. C’est un vrai problème."

NC avec l'After Foot