France-Brésil : les Bleus sont-ils "Pogba-dépendants" ?

Paul Pogba - AFP
Visible dès le coup d’envoi, elle n’a fait que s’accroitre au fil des minutes, sur la pelouse du Stade de France et sur les téléviseurs des 6,5 millions de téléspectateurs. Quoi donc ? L’absence de Paul Pogba, blessé à la cuisse droite et donc forfait pour le match amical contre la bande à Neymar. Ce n’est pas la première fois d’ailleurs que la superstar de la Juventus de Turin « sèche » malgré elle un match des Bleus. L’ancien joueur de Manchester United a manqué, depuis ses débuts en A, cinq rencontres avec les Tricolores, en comptant celle de jeudi soir. Pour cinq défaites de l’équipe de France. Vous avez dit « Pogba-dépendance » ?
Certes, les Bleus ont déjà perdu avec leur longiligne milieu de terrain et pas plus tard qu’en juillet dernier, en quart de finale de la Coupe du monde contre l’Allemagne. Mais sa présence est une garantie indéniable pour le spectacle et un élément essentiel du jeu offensif tricolore. « Ce serait faire offense aux joueurs que j’ai mis, après j’ai un groupe, a répondu Didier Deschamps quand on l’a interrogé, en marge de la défaite contre le Brésil, sur l’absence de Yohan Cabaye et de Paul Pogba. Il y a des absents vous les connaissez, on le savait. Je ne vais pas me réfugier derrière. Il y a d’autres joueurs qui ont joué, pas forcément avec les mêmes qualités, mais la même envie était là. » On n’en doute pas.
Toutes ses qualités ont manqué aux Bleus jeudi
Mais personne d’autre que Pogba n’a ce profil en équipe de France. Et donc ces qualités. Lesquelles ? Un talent pur incontestable, une frappe de loin dévastatrice, une puissance physique remarquable lorsqu’il s’agit de casser les lignes défensives adverses, une vision de jeu époustouflante et un dribble aussi viral sur les réseaux sociaux et alléchant à l’œil qu’efficace dans le jeu. Bref, tout ce qui a manqué aux Bleus jeudi soir… « Si Matuidi est aussi un super joueur, il a semblé un peu fatigué, sans doute avec l’enchainement des matches, la Ligue des champions… Sans Pogba, les transitions ont donc moins bien fonctionné dans l’entrejeu » fait remarquer l’ancien entraîneur du PSG, le Brésilien Ricardo, ce vendredi dans l’Equipe.
Le meilleur témoin de cette « Pogba-dépendance » reste encore Karim Benzema, très, très agacé à l’issue du match. « J’étais tout seul pour combiner quand j’ai touché la balle. Nous étions un peu trop bas par moments, martèle le joueur du Real Madrid. Quand on est trop bas, c’est compliqué pour faire une contre-attaque sur 70 mètres. Quand on regarde les matches face au Portugal (victoire 2-1 le 11 octobre) et l’Espagne (victoire 1-0 le 4 septembre), on avait pris les choses en main, on avait tenté et provoqué. C’est nous qui dominions. » Un bloc trop bas ? Un manque d’initiative dans le jeu ? Un attaquant trop esseulé ? Autant de problèmes que la présence de Paul Pogba a souvent solutionné. Et qu’il faudra résoudre autrement dimanche, car l’intéressé ne sera toujours pas là. Par un changement d’hommes ou de système ? A Didier Deschamps de trancher.