
Le Graët : "Je rêve de voir la moitié de l’équipe du PSG constituée d’internationaux français"

Noël Le Graët - AFP
Le quart de finale France-Allemagne
« Les filles sont bien préparées. Elles ont envie. Chez les garçons, on n’est pas au niveau de l’Allemagne, très franchement, même si ce n’est pas très bien que je le dise. En tout cas, au Brésil (élimination 1-0 en quart de finale de la Coupe du monde, ndlr), on n’y était pas. L’équipe de France féminine s’est plus que rapprochée. Si on prend les deux dernières années, les progrès sont incontestables. Quand on a joué contre l’Allemagne en amical, il n’y a plus d’écart donc ça va être un vrai match. Je pense même qu’on est meilleurs ! »
L’engouement autour des Bleues
« Il y a quand même le côté attractif de regarder l’équipe de France sur une chaîne en clair. Pour France-Allemagne, les scores seront largement battus. Je pense qu’il y a vraiment un attrait pour le football féminin. Il y a beaucoup de curiosité au début. Les hommes n’étaient pas les premiers supporters dans un premier temps. Mais aujourd’hui, ils sont conquis par le jeu parce que ça joue bien. Et il y a aussi le côté fierté. La France, c’est toujours cocorico. Elle critique tout le temps et lorsqu’on y est, le pays est présent pour soutenir un champion s’il donne satisfaction. »
Les conséquences d’une élimination
« Le football féminin est parti dans le monde entier. Tous les continents sont représentés dans ce Mondial. Le football féminin ne s’arrêtera pas. Il va se développer. Une élimination ne serait pas un échec, même si c’est un match important. On a tellement de belles choses à préparer : les JO 2016, l’Euro 2017, la Coupe du monde des U20 en 2018 et la Coupe du monde 2019 en France. Donc le football féminin est sur la bonne voie. »
Le modèle de l’Allemagne
« S’il faut s’inspirer de l’Allemagne ? Quand on regarde leurs résultats sur les dix dernières années, la réponse est oui. Dans toutes les compétitions, que ce soit en A ou chez les jeunes, on retrouve l’Allemagne en phase finale. La France essaie de se rapprocher. On l’a fait pour le foot féminin, où on avait quand même un retard énorme. L’objectif, c’est de passer à 100 000 licenciées, je pense qu’on va y arriver. Au niveau sportif, on se rapproche. La France est 3e au classement Fifa. L’Allemagne reste en tête. Donc c’est vraiment un match important, un match de champions. »
Les mauvais résultats des Bleus
« Didier (Deschamps, le sélectionneur des Bleus) a fait beaucoup d’essais et il a raison. Sur les deux derniers matchs (défaites contre la Belgique et en Albanie), regardez les formations d’équipe ! Il donne une chance à de nombreux jeunes joueurs. Après, ils la saisissent ou pas. Si on était en compétition officielle, il ne ferait pas jouer la même équipe. C’est certain. Donc il ne faut pas trop s’inquiéter de ce mois de juin, qui n’a pas été bon, il faut bien le reconnaître. Mais l’équipe-type n’est pas en place. On n’est pas dans l’esprit de compétition. Ce n’est pas du tout la même chose. »
Le manque d’internationaux français en Ligue 1
« C’est toujours gênant. Le PSG a peut-être un rôle à jouer, il faudrait aussi avoir des internationaux français. Monaco aussi. Je préfèrerais que ces clubs, qui ont quand même des situations économiques fortes, s’intéressent aussi à nos internationaux. Je rêve de voir au Parc la moitié de l’équipe constituée d’internationaux français. Ce serait mieux pour tout le monde. Ça ferait d’abord tourner le circuit. Et on peut avoir une équipe très compétitive avec beaucoup de joueurs de l’équipe de France. »
Le pillage des talents dans le championnat de France
« L’écart budgétaire est tel qu’aujourd’hui que c’est injouable. D’autant que nos clubs ont souvent besoin de vendre. Ce n’est pas que le football anglais est mieux qu’ailleurs, mais on ajoute pratiquement un zéro sur la paye de nos jeunes joueurs lorsqu’ils traversent la Manche. Dans les années qui viennent, il n’y a pas grand-chose à faire. Il faut que nos clubs se structurent d’avantage. Les Allemands ne se font pas piller comme ça. Les Italiens non plus, un petit peu, mais pas à ce point-là. Le modèle français doit être plus costaud économiquement. Les stades vont nous apporter, à condition que nos responsables de clubs trouvent peut-être d’autres partenaires et travaillent ce côté marketing-business qui est un peu négligé par certains. »