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"Ni une excuse ni un prétexte": après l’annonce de son départ, Deschamps doit trouver des leviers pour relancer les Bleus

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La défaite contre la Croatie (2-0) jeudi interroge sur les choix du sélectionneur. Il sera attendu lors du match retour dimanche pour remobiliser un groupe qui sait qu’il ne sera plus là dans un peu plus d’un an.

Pour son premier match depuis l’annonce de son départ des Bleus en 2026, Didier Deschamps s’est raté. La défaite en Croatie (2-0) semble autant à imputer aux joueurs qu’au sélectionneur, qui s’est trompé sur les hommes et ses choix tactiques. Il n’y a néanmoins pas de lien direct à faire avec cette décision de quitter son poste, les Bleus s’étant pareillement ratés il y a un an, contre l’Allemagne (2-0) et dans d’autres contextes.

Mais alors qu’il se lance dans un ultime combat, celui de gagner le Mondial 2026, Didier Deschamps va-t-il réussir à activer de nouveaux leviers, à emmener son groupe avec lui? "Pour moi, ce n’est pas une bonne nouvelle", disait l’ancien international Jérôme Rothen juste après avoir appris la nouvelle de son départ. Rothen avait connu l’Euro 2004 sous les ordres de Jacques Santini qui, en conflit avec la FFF, avait annoncé trois mois avant qu’il rejoindrait Tottenham après la compétition. Le timing est, dans ce cas, beaucoup plus serré que celui de "DD".

"Quand vous savez que le contrat du sélectionneur se termine à la fin de cette compétition, je ne suis pas certain que ce soit la meilleure des choses. C’est compliqué parce que le haut niveau, c’est des détails, encore plus pour gagner ce genre de compétitions. Les détails, c’est aussi la solidarité et un discours du coach qui doit être suivi par tout le monde. Moi j’ai senti (en 2004) des joueurs démobilisés, un peu ailleurs parce que le discours leur passait au-dessus de la tête. Tu n’es pas à l’abri d’avoir une mauvaise surprise." Au Portugal, les Bleus s’étaient arrêtés en quarts de finale.

"Des enjeux autres que celui du sélectionneur"

"Ça ne va rien changer", pense pourtant Jacques Santini (dans RMC Mercato) concernant Deschamps. "En 2004, les journalistes avaient dit que ça avait perturbé le groupe mais je ne pense pas. Au niveau où sont les joueurs de l’équipe de France dans l’approche psychologique, je ne pense pas que cela puisse perturber. Pour moi ça ne changera absolument rien, d’autant que lui l’a annoncé 18 mois avant." Deschamps connaît par cœur son groupe et ses cadres, même s’il en a perdu beaucoup ces dernières années. La question est de savoir s’il saura impulser un nouveau souffle, un dernier, avant de dire au-revoir.

En 2010, alors que Laurent Blanc était annoncé pour succéder à Raymond Domenech à l’issue du Mondial, ce fut un fiasco. Mais il dépassait alors le cas du sélectionneur et son contrat. "En 2010, on n’a pas ça en tête, ça n’a rien changé dans mon approche du travail", se rappelle Robert Duverne, préparateur physique des Bleus à l’époque. "Ça n’était jamais présent dans mon esprit. Je l’ai déjà vécu en club, le joueur joue, il est professionnel, on est tous liés par rapport à des enjeux qui sont autres que celui du sélectionneur ou l’entraîneur. C’est une équipe, ce sont eux sur le terrain. Pour moi, ça n’a pas d’influence. Si les joueurs font ça, ils ont tout faux. Je n’ai jamais vu ça dans ma carrière. Surtout en sélection, parfois les joueurs jouent même pour eux plus que leur sélectionneur, donc de là à dire que ça va modifier quoi que ce soit… Didier a fait l’annonce, aujourd’hui, ça ne sera ni une excuse ni un prétexte pour transformer l’analyse sur le jeu."

Finir au plus haut

La question de son influence, alors que sa fin de contrat approche, va forcément se poser, comme celle de son successeur. Pendant ce temps, Deschamps devra performer… "Ce qui est plus difficile à appréhender aujourd’hui je pense que c’est plus: comment va-t-il aborder les choses? Est-ce qu’il prépare la génération à venir, comment il intègre tout ça pour préparer le terrain au successeur… Mais ce n’est pas son job de préparer le terrain, son job c’est de gagner la Coupe du Monde et point barre", ajoute Duverne. Kylian Mbappé a évoqué une "grosse perte" et réaffirmé sa détermination à l’amener au sommet en 2026.

Didier Deschamps, en début de rassemblement, refusait en tout cas de penser que l’échéance du Mondial dans un an et demi modifiait quoi que ce soit: "Ça n'a rien changé du tout. L'important c'est d’estimer que c'est très bien comme ça. Je vais tout faire pour maintenir l'équipe de France où elle est depuis de nombreuses années. Il y aura un après, mais je ne m'en préoccupe pas pour l'instant. Je veux conserver la même détermination et que l'on reste performant." Pour ça, des changements dans le jeu et les intentions sont attendues dès ce dimanche, sous peine de penser que le sélectionneur a de moins en moins la main.

La cellule équipe de France de RMC Sport