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West Ham-OL: Peter Bosz se livre en longueur sur sa philosophie de jeu et ses envies pour Lyon

Peter Bosz s’est confié en exclusivité au micro de RMC Sport avant le quart de finale aller de Ligue Europa entre West Ham et l’OL à Londres. L’entraîneur néerlandais de Lyon a notamment abordé la question de sa philosophie de jeu. Un football offensif basé sur la possession et où le beau jeu prime parfois sur le résultat.

Revenu à six points du top 5 en Ligue 1, l’OL espère encore arracher sa qualification pour une compétition européenne la saison prochaine. Mais avant, le club rhodanien va tenter de signer une fantastique épopée en Ligue Europa. Adversaire de West Ham ce jeudi à Londres lors du match aller des quarts de finale (21h sur RMC Sport 1), Lyon va essayer d’imposer son rythme pour s’imposer lors de ce choc. Avant de défier les Hammers, Peter Bosz s’est livré sans concession sur sa philosophie et ses idées de jeu. Quitte à envoyer une petite pique à son groupe.

"Honnêtement non [l’OL ne joue pas encore selon ma philosophie], a indiqué l’entraîneur néerlandais en exclusivité pour RMC Sport. Parce que nous ne sommes pas assez forts pour jouer pendant 90 minutes et tous les matchs de manière offensive et avec un pressing très haut et beaucoup de possession. Non, on n’y arrive pas à jouer comme cela en ce moment. Cela ne me frustre pas mais bien sûr j’aimerais voir mon équipe jouer autrement. On travaille dessus mais ce n’est pas toujours possible."

>> West Ham-OL, l'avant-match en direct

Bosz, un enfant du football total

Ancien milieu de terrain dans les années 1980 et 1990, Peter Bosz y a fait la découverte du football total mis en place notamment par Johan Cruyff avec l’Ajax. Devenu à son tour entraîneur, le coach lyonnais cherche à appliquer les principes de son illustre prédécesseur à Amsterdam.

"Cela remonte à longtemps en arrière mais c’est toujours moderne, s’est encore enthousiasmé le technicien de 58 ans. En plus cette manière de jouer me plaît parce qu’on joue pour les supporters qui sont là et paient beaucoup d’argent pour voir un match. Donc il faut tout donner aux supporters et j’aime cela."

>> West Ham-OL c’est ce jeudi en exclusivité sur RMC Sport

Bosz: "Gagner avec une manière qui est offensive, attractive et dominante"

Une philosophie et des idées que Peter Bosz, contrairement à la croyance populaire, ne veut pas mettre au-dessus de la victoire. Mais à l’image de Lyon lors de certaines rencontres, c’est possible de faire cohabiter beau jeu et résultat.

"C’est toujours le résultat qui est le plus important. Mais je suis convaincu que l’on peut mettre les deux en place, a poursuivi le patron de l’équipe lyonnaise. Tu peux gagner avec une manière qui est offensive, attractive et dominante. C’est possible mais ce n’est pas facile. Quand tu joues avec beaucoup d’espace dans ton dos, ce n’est pas facile et c’est jouer autrement. Les clubs comme le Barça, Manchester City ou Liverpool jouent comme cela aujourd’hui et j’aime voir des clubs comme ceux-là."

L’art de la passe

Pour dicter le tempo et contrôler le cours d’un match, il faut multiplier les automatismes entre les joueurs. Et pour cela, il faut développer un jeu collectif fondé sur des passes précises.

"Il y a beaucoup de choses dans une passe. La passe doit être jouée sur le bon pied, avec une bonne vitesse. Avec une passe tu donnes un message au joueur qui prend le ballon. Quand on donne le ballon sur tel ou tel côté, normalement la solution c’est sur ce côté. Les joueurs communiquent avec une passe. C’est très important et il ne faut pas perdre le ballon. Dans le football, même si cela arrive, les bons joueurs perdent le ballon le moins possible, a expliqué Peter Bosz pour RMC Sport. Cela dépend de la philosophie mais une passe peut être très importante. Tu ne peux pas perdre le ballon mais avec une passe tu communiques. Un ballon très très fort cela peut vouloir dire qu’il y a quelqu’un derrière moi. Pour moi une passe c’est très important."

Le "marquage préventif", ce gegenpressing à la française

Thomas Tuchel avait comme révolutionné le jeu du PSG en mettant en place son gegenpressing. Mais selon l’opinion de Peter Bosz, ce style de jeu existe bel et bien en Ligue 1. Selon lui, tous les coachs l’appliquent même s’il l’appelle parfois autrement. Le Néerlandais est certain que le marquage préventif, une anticipation de la perte de balle, permet d’assurer l’équilibre des équipes en France.

"Ici en France j’appelle cela le marquage préventif. Cela veut dire que quand nous avons le ballon, les joueurs libres chez l’adversaire sont les plus dangereux. On parle de marquage préventif pour que le moment où l’on perd le ballon on puisse presser tout de suite afin de ne pas être en difficulté. Pour cela il faut bien s’organiser, surtout quand on a le ballon afin d’anticiper les problèmes pour après, a encore estimé Peter Bosz. […] C’est le gegenpressing en Allemagne, moi j’appelle cela la règle des cinq secondes aux Pays-Bas. Cela existe aussi en France mais on appelle ça différemment. C’est exactement pareil mais on donne un autre nom. Je suis sûr que tous les entraîneurs en France parlent de marquage préventif. J’en suis sûr parce que si tu n’as pas cela, tu ne peux pas jouer ou attaquer. Mais il y a des joueurs qui jouent différemment et des entraîneurs qui ne veulent pas perdre le ballon en ressortant de derrière et préfèrent envoyer un ballon long afin de miser sur le deuxième ballon. C’est aussi une philosophie mais nous, nous avons la nôtre."

Bosz réclame du temps à Lyon

En danger au début de l’année 2022, Peter Bosz a semble-t-il sauvé sa place sur le banc de l’OL à la faveur de plusieurs bons résultats en février. Profitant du bon parcours européen des Gones et des chances, toujours réelles, d’accrocher une bonne place en Ligue 1, Jean-Michel Aulas a renouvelé la confiance en son entraîneur. Un technicien néerlandais qui reconnait volontiers qu’il a encore besoin de temps pour mettre en place ses principes de jeu.

"[Du mal à mettre en place sa philosophie en début de saison?] C’est tout à fait vrai mais c’est un peu logique aussi car quand tu rentres dans un autre pays, et je ne parlais pas bien français, ce n’est pas facile de mettre en place un autre système, s’est justifié Peter Bosz. Ce n’est pas facile non plus pour les joueurs. Là tu as besoin d’un petit peu de temps. Je pense que l’on joue beaucoup mieux qu’au début de saison mais on est loin d’être parfait."

Et de préciser que le temps nécessaire pour mettre en place son football restait la principale source d’inquiétude de ses dirigeants successifs pendant sa carrière: "C’est la première question que l’on me pose quand j’arrive dans un nouveau pays, combien de temps. Je ne sais pas. En Israël c’était un mois, à l’Ajax c’était trois mois et ici cela fait déjà huit mois. Cela dépend. Cela dépend de la qualité des joueurs, cela dépend du pays et de beaucoup de choses."

Une qualification pour les demi-finales de la Ligue Europa et une potentielle remontée fantastique en Ligue 1 permettrait de récompenser la patience de l’OL avec Peter Bosz. Surtout, cela viendrait couronner le travail d’un entraîneur qui n’a jamais transiger avec ses idées du football et du jeu.

Jean-Guy Lebreton avec RMC Sport