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Dugarry: "Zizou est capable de dire les choses avec force et à n’importe qui"

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Invité de Luis Attaque ce mardi sur RMC, Christophe Dugarry, ancien coéquipier de Zinedine Zidane à Bordeaux et en équipe de France, est revenu sur la nomination de l’ancien numéro dix des Bleus sur le banc du Real Madrid. Pour « Duga » aucun doute, « Zizou » est capable de briller à l’un des postes les plus exposés de la planète foot.

Ses chances de réussite

« Zizou a toutes les armes. Des clubs comme le Real sont compliqués parce qu’ils sont très politiques. Il faut connaitre beaucoup de monde au sein du club. Il appartient en partie aux socios. Il y a un gros conseil d’administration. Des présidents se présentent tous les quatre ans. Il y a des conflits d’intérêt. Lorsqu’on est entraineur, il faut autant maitriser le terrain que la politique. Zizou connait plus que bien la maison, c’est son gros point fort dans ce challenge. Prenez l’exemple de Luis Enrique. Ça a été très compliqué à l’AS Roma. Au Celta Vigo, ça s’est passé moyennement. Dès qu’il est arrivé à Barcelone, il connaissait tellement les rouages, la mécanique de ce club qu’il s’y est mis de manière assez naturelle. Zizou aura cet avantage-là. »

Ses influences ?

« Il a beaucoup appris avec José Mourinho puis avec Carlo Ancelotti. Je pense qu’il sera plus dans le modèle Ancelotti que Mourinho. Le Portugais tire la couverture à lui. Zizou est un affectif, c’est un garçon qui ne parle pas beaucoup, qui est assez réservé. Mais lorsqu’il a envie de dire quelque chose, il est capable de le dire avec force et à n’importe qui. Il est capable de se faire entendre. Je n’ai pas beaucoup d’inquiétudes à ce niveau. »

Son rapport avec les joueurs

« Il connait très bien les joueurs. Il les a déjà entrainés. Il y des joueurs qui ont besoin d’un entraineur en qui ils ont confiance, droit, honnête, qui ne leur racontera pas des salades. Un mec bien. Ils connaissaient Zizou. Ils savent que quand il dira blanc, ce sera blanc. Ce n’est pas un manipulateur. Ce n’est pas quelqu’un qui va chercher à tirer la couverture à lui. Il ne l’a jamais fait tout au long de sa carrière. Ça a été le meilleur joueur français de tous les temps et il ne l’a jamais fait. Pourquoi le ferait-il aujourd’hui ? Les joueurs ont envie de ça. Ils n’ont plus envie d’un Mourinho qui tire la couverture à lui. Ou peut-être d’un Rafael Benitez qui, quand un match n’allait pas, accusait ses joueurs. »

Son amour du foot

« C’est un fou de foot. Au sens simple. Quand j’allais le voir, qu’on faisait des trois contre trois avec ses enfants, on jouait toute la journée au foot. Il aime ça. Quand il est revenu en équipe de France, c’est parce que sa passion, sa vie, c’est le football. Hier (lundi), lors de sa conférence de presse, je l’ai vu heureux, comme quand il était joueur. Je l’ai trouvé serein, tranquille. Forcément, il y a le cœur qui palpite. C’est un accomplissement. C’est un club tellement prestigieux. Mais Zizou, il aime le terrain. Il aime s’entrainer. Il aime faire des efforts. Il a été le meilleur français de tous les temps parce qu’il aimait faire les efforts. Il n’avait pas peur de prendre ses responsabilités. C’est sa grande force. D’avoir une ambition, mais pour tout le monde. Il n’a jamais pensé à lui. Il a surtout pensé aux autres depuis qu’il est dans le foot. »

« Les joueurs ont pris le pouvoir »

Son impulsivité

« Il réagira quand il y aura une injustice, à sa façon, avec son caractère. Je me souviens d’un match contre Schalke où il y avait un défenseur qui l’avait insulté pendant tout le match… Oui, il peut avoir cette réaction épidermique. Il n’aime pas l’injustice. Il n’aime pas se faire insulter. Ce n’est pas un robot. Il faut aussi garder ce caractère. Ça fait partie de son personnage. Tous les grands joueurs ont du caractère. »

Le pouvoir des joueurs

« Les joueurs ont pris le pouvoir. Il y a des salaires tellement astronomiques. A Chelsea, ils ont eu la peau de Mourinho. A Madrid, les joueurs n’ont pas voulu adhérer au projet de Benitez. Les joueurs du PSG, si ce qu’avait proposé Laurent Blanc ne leur avait pas plu, ils auraient eu sa peau. Entraineur aujourd’hui, c’est 90% de psychologie. Je m’intéresse énormément au cas de Jürgen Klopp (entraineur de Liverpool, ndlr). J’observe son management, sa façon de gérer les joueurs, de les prendre comme des amis. Je vois les choses qu’il fait. A 19h, il va taper chez le joueur qui est en difficulté, il va prendre un verre avec lui, joue avec ses enfants. C’est quelque chose de très important, de plus en plus recherché par les présidents. Il faut du beau jeu, que les joueurs soient heureux. Un joueur que vous payez 150 000 euros par mois, vous en faites quoi s’il n’est pas heureux ? »

France 98

« Ce que j’aime avec ces gens (Didier Deschamps, Laurent Blanc, Patrick Vieira…), c’est qu’ils ont respecté le foot tout au long de leur carrière. Ils respectent aussi le rôle d’entraineur. Ils sont partis à la base. Zizou a appris le métier. Ce sont des passionnés de foot. Ce qui manque un peu aujourd’hui, ce qui me frappe, c’est que j’ai l’impression que les joueurs n’aiment pas le foot. Quand Fabien Barthez finit à Nantes à 37 ans, c’est parce qu’il aime le foot. Aujourd’hui je n’entends plus ce discours. Les mecs aiment le foot, ils ont envie d’y rester. »

la rédaction avec Luis Attaque