Leonardo, Verratti, Mbappé... quand le PSG a le sentiment d'être mal arbitré en L1

"J'ai un rapport normal avec les arbitres de Ligue des champions ou ceux qui officient en matchs internationaux, avec lesquels on peut discuter de tout et n'importe quoi. Avec un arbitre français, aujourd'hui encore, je n'y arrive pas." Marco Verratti n’a sans doute pas changé d’avis depuis cette interview accordée début février à L’Equipe. Particulièrement remonté après la défaite surprise du PSG contre Nantes (3-1) samedi soir en Ligue 1, "Petit Hibou" s’est lâché sur l’arbitrage. "Comment c'est possible qu'on prenne dix cartons jaunes, s’est-il emporté sur Canal+. L'arbitre, on ne peut pas parler, on ne peut rien faire. On ne peut pas parler du tout avec l'arbitre. C'est le seul arbitre qui fait des choses comme ça. Comment c'est possible de ne pas donner carton jaune (à Dennis Appiah sur le penalty obtenu par Kylian Mbappé, ndlr) ? C'est jaune, c'est rouge, c'est penalty. Les arbitres, parfois il faut prendre ses responsabilités parce que là, on se fait chier dessus par les arbitres." Des propos extrêmement forts. Sans filtre.
La colère de Mbappé contre Brest
En cause, pour Verratti et le PSG : plusieurs décisions litigieuses prises par Mikaël Lesage. Il lui est notamment reproché de ne pas avoir averti, voire expulsé, Nicolas Pallois pour un gros tacle sur Mbappé et d’avoir sorti un carton rouge pour Appiah avant de revenir sur sa décision. Pour Paris, Appiah aurait aussi dû prendre un deuxième jaune synonyme d’exclusion sur le penalty de Mbappé. Au coup de sifflet final, Leonardo était au moins aussi en colère que Verratti dans les couloirs de La Beaujoire. "On a perdu, c'est mérité, a commencé le directeur sportif parisien. Mais contre nous, il y a l'envie de dire 'je siffle contre toi'. Sur Verratti, Mbappé, on ne siffle pas. (…) Aujourd'hui il y a la défaite, c'est clair, on a perdu. Mais il y a aussi un jugement par rapport au comportement de l'arbitre. Vous regardez les images et vous jugez." Excédé en zone mixte, Leonardo a pu donner l’impression de s’appuyer sur l’exemple de ce match pour dénoncer plus globalement le traitement réservé à Paris par les arbitres français.
"Il y a tellement de fautes sur nos joueurs… 'c’est Neymar, je ne siffle pas, c'est Messi, je ne siffle pas, c'est Mbappé, je ne siffle pas, le PSG on ne siffle pas'... C'est le sentiment, on le vit un peu comme ça, a-t-il répété. Peut-être que je me trompe mais aujourd'hui, j'ai eu le sentiment qu'il y a à discuter par rapport au comportement général. On a perdu, on accepte la défaite, il y a beaucoup d'erreurs, de choses qu'on n'a pas faites aujourd'hui. On doit savoir, après un match de Ligue des champions, se comporter tout de suite en Ligue 1. On va en discuter. Mais il y a un fait et aujourd'hui, ça ressemblait à 'pou pou poum'. (…) Je parle de faits, de choses qui sont claires au niveau de l'arbitrage." C’est la deuxième fois en un mois que le PSG enrage contre le corps arbitral. Le 15 janvier dernier, lors de la victoire contre Brest (2-0), Mbappé avait eu des mots très crus. Averti après un début d’altercation avec Hugo Magnetti, l’attaquant avait dégoupillé : "Comment j'ai pu prendre carton jaune ? Mais comment j'ai pu prendre carton jaune ? Allez, dégagez de là ! Vous ne savez même pas arbitrer ici ! Vous ne savez même pas arbitrer ! Toujours pareil dans cette ligue ! Si c'est toujours pareil ! Toi, t'es à côté, tu ne vois pas !"
Les plaintes de Leonardo
Ce coup de sang inhabituel avait vite été évacué, Mbappé ne voulant pas perdre plus d’énergie à ressasser cet épisode. Comme l’avait expliqué RMC Sport, les dirigeants parisiens avaient eu plus de mal à décolérer. A la pause, Leonardo était descendu voir l’arbitre dans les vestiaires pour lui dire qu'il ne comprenait pas le carton jaune infligé à Mbappé. Il s’était aussi interrogé sur l’absence de carton rouge à l’égard de Lucien Agoumé, auteur d’une faute sur Georginio Wijnaldum, contraint de sortir sur blessure. L’attitude de l'ancien milieu italien avait été dénoncée sur RMC par notre consultant Jérôme Rothen : "Ce qui est dommage, encore une fois, c’est l’image que donnent les dirigeants du PSG. La première fois que Leonardo est parti du club, c’est suite à une altercation avec un arbitre. Il était venu le bousculer à l’époque (après un match contre Valenciennes en 2013, ndlr). Aujourd’hui, tu as l’impression qu’il se sert de ça pour montrer qu’il est là, qu’il défend les joueurs, que c’est lui le boss. On n’a pas besoin de ça. Pour moi, c’est des conneries incroyables. En termes d’image, ce n’est pas bon. Le PSG n’a pas besoin de ça. Le PSG domine largement la Ligue 1 et écrase tout le monde. Tu n’as pas besoin d’écraser les arbitres."
Les Parisiens sont aussi capables d’être plus mesurés. Après le match contre Nantes, Mauricio Pochettino a ainsi pris soin de ne pas nourrir davantage la polémique. "Il faut séparer les choses et ne pas mettre la faute sur l’arbitre. On n’a pas perdu à cause de l’arbitre", a insisté le technicien argentin. Même s’il a ajouté : "Il a eu son importance. Les critères n’ont pas été les mêmes pour les deux équipes, elles n’ont pas été jugées de la même façon et pour ça je peux comprendre l’énervement du directeur sportif (Leonardo) et des joueurs." Mbappé, lui, avait partagé une réflexion très intéressante sur le VAR lors de la cérémonie des Globe Soccer Awards, à Dubaï, fin décembre. "Je suis favorable s'il est bien utilisé, avait-il expliqué. Mais l'arbitre ne peut pas prendre sept minutes pour prendre une décision. Parfois, on ne sait pas ce qui se passe et on est les premiers pénalisés. On devrait être plus impliqué, il faut encore s'adapter." Et sans doute multiplier les pistes pour (enfin) améliorer la communication entre joueurs et arbitres, des acteurs qui ne se comprennent pas toujours.