LFP: Labrune et Aulas, un historique très chargé

"Moi, je n'oublie jamais". En réagissant à l'élection surprise de Vincent Labrune comme nouveau président de la Ligue de football professionnel ce jeudi, Jean-Michel Aulas n'a pas éludé ses précédents accrochages avec son ancien rival de l'OM. "Il devra faire ses preuves", a glissé le patron de l'OL à la sortie du vote, qui survient six ans après le début de leur discorde très médiatique.
Les piques entre les deux hommes commencent en mai 2014. Marcelo Bielsa débarque à l'OM, Hubert Fournier à l'OL. "On ne va pas prendre un entraîneur qui ne parle pas français ou avec un staff pléthorique", argumente Jean-Michel Aulas. Vincent Labrune réplique, d'abord avec ironie en rappelant qu'il avait choisi Élie Baup en 2012: "Mais voilà, nous avons été rattrapés par un principe de réalité: en termes d'attente, de ferveur, d'environnement populaire et médiatique, d'exigence de résultats, l'OM n'est pas l'OL... Il n'y a qu'à lire l'ensemble des médias pour s'en convaincre. Si l'OL termine cinquième, c'est l'exploit de la saison. Si l'OM termine cinquième, c'est l'échec du siècle".
Mais c'est surtout l'année 2015 qui donne lieu à des passes d'armes remarquées. En mars, les deux clubs s'affrontent et font 0-0. Dans le couloir menant aux vestiaires, Dimitri Payet se lâche et insulte sur le trio arbitral. Son dirigeant dit n'avoir "aucune crainte", pensant que les officiels n'étaient pas présents. "Vincent Labrune a perdu une occasion de se taire", réplique sèchement son rival sur Twitter pour le contredire.
L'affaire du dossier de "faux cul"
Quelques semaines plus tard, Vincent Labrune agit en coulisses et adresse un épais dossier à la Fédération française de football. À l'intérieur: des déclarations de Jean-Michel Aulas contre l'arbitrage. L'historique remonte jusqu'à 1999. Le courrier de l'OM déplore ces "agissements néfastes" et réclame de sévères sanctions.
"Du jamais vu!", s'étrangle le président lyonnais sur Twitter, où il ne se prive pas de le qualifier de "faux cul" et de le menacer de poursuites judiciaires. "Qu'il s'occupe de son club de son entraîneur avec qui il a peu de connivence! Son défaut: croire qu'il est plus fort que tous en com", lâche-t-il aussi au passage.
"J'ai dit à Vincent Labrune que c'était un guignol"
L'inimitié avait atteint son paroxysme en septembre 2015. L'OM et l'OL s'affrontent au Vélodrome, en Ligue 1. À cause de jets de projectiles, le match est interrompu en seconde période et le dirigeant lyonnais ne souhaite pas le reprendre. Son homologue minimise et parle de "dérapages" liés à des "faits de jeu". Alors en fin de match, Jean-Michel Aulas dégoupille: "Les conditions de match ont été insupportables et les déclarations du président de Marseille à côté de la plaque. Ça fait des années que ça dure parce que le président Labrune veut grandir plus vite qu'il ne peut le faire. J'ai dit à Vincent Labrune que c'était un guignol".
Une attaque qu'il poursuit avec une prédiction qui s'est donc avérée erronée: "Je lui ai dit qu'il durerait moins longtemps qu'il ne l'imaginait dans le football, parce qu'on ne peut pas se permettre de jouer avec la sécurité des gens et faire le pitre au milieu d'une organisation où il y a 60.000 personnes. c'est effectivement irresponsable".
Toute cette agitation leur vaut une suspension de deux matchs, dont un avec sursis. L'année suivante, Jean-Michel Aulas commence à calmer les esprits sur RMC: "J’ai beaucoup d’estime pour Vincent Labrune en dehors de cet épisode malheureux. (...) Les rapports sont apaisés". Et ajoute en avril, lorsque l'OM se retrouve mis en vente: "N’allons pas tirer sur les ambulances. Il est dans la difficulté, il souffre. Ce n’est pas un mauvais bougre".