OL: comment Aulas s'est démené sur tous les fronts... jusqu'à l'épuisement ?

L'OL a gagné un match capital contre Montpellier (5-2) ce samedi lors de la 34e journée de Ligue 1. Toujours en course (malgré leur 8e place) pour décrocher une qualification européenne, les Gones ont dû faire face à la colère d’une partie des supporters pendant la rencontre. Furieux après un geste d’humeur du buteur Karl-Toko Ekambi, les ultras ont exprimé leur mécontentement avec véhémence, ont sifflé le Camerounais…et poussé Jean-Michel Aulas à intervenir.
Toujours aussi présent dans le quotidien de son club, le président rhodanien a montré une forme de lassitude après une saison 2021-2022 particulièrement compliquée pour l’OL et marquée par de nombreux incidents avec les fans. "On a franchi une situation qui n’est pas acceptable. Si cela devait perdurer, je préférerais m’en aller, a notamment lâché JMA face à la presse. Le foot c’est pas ça. La valeur d’un club, c’est la valeur de ses supporters sur la durée mais à l’instant T ce sont les joueurs et les joueurs sont respectables."
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Aulas a rencontré les supporters après le match
Dans la foulée de ce passage en zone mixte après OL-Montpellier, Jean-Michel Aulas a échangé avec certains représentants des groupes de supporters. Dans la "VDI", l’accès routier qui ceinture le stade sous les tribunes, un rendez-vous avec la frange en colère est organisé en vitesse. Les yeux dans les yeux, le président de l’OL a répété ce qu’il a dit aux journalistes.
L’échange s’est déroulé dans le calme, l’accès de fièvre est retombé après la mise en place d’un cordon de CRS en prévention et la mise en sécurité des accès vers la zone réservée aux interviews avec les journalistes, qui jouxte les vestiaires. Le boss lyonnais est même applaudi par ces mêmes fans à la fin d’un dialogue constructif, à l’image d’une lettre qu’il a écrite aux deux principaux groupes de supporters dans la foulée de l’élimination face à West Ham, les invitant à une réunion. Celle avec les 1950 a pu se tenir, la veille du match face à Montpellier, alors que celle avec les Bad Gones a été, simplement, reportée à cause de contraintes logistiques.
Une saison perturbée par les incidents
Dans une saison sportive faite de hauts et de bas, l’OL s’est accroché à son rêve de se qualifier pour une compétition européenne. En l’emportant contre son rival héraultais ce samedi, les Gones de Peter Bosz se sont offert le droit de rêver même s’il faut encore combler cinq points de retard avec la cinquième place, synonyme de billet pour la Conference League, détenue par Nice. En-dehors des terrains, les incidents du match contre Montpellier ont constitué l’énième perturbation d’une campagne 2021-2022 houleuse avec les supporters.
Si le dialogue est constant entre le club et les ultras, c’est d’ailleurs ainsi que le souhaite Jean-Michel Aulas. Malgré les dérapages de ses propres fans, le président de l’OL ne les ménage pas. Près de cinquante interdictions commerciales de stade ont été prononcées après des incidents depuis le début de cette saison qui laisse des traces:
- le 21 novembre, jet de bouteille lors de OL-OM avec un point de moins au classement
- le 17 décembre, les incidents au PFC et l’exclusion de la Coupe de France
- le 17 avril, quelques "supporters", qui avaient décrété le boycott du match face à Bordeaux dans le match qui suit l’élimination européenne face à West Ham, "s’invitent" sur le parking extérieur de l’hôtel de la mise au vert, deux heures avant le départ et font brûler des pneus, craquer des fumigènes et fuser des insultes au moment du départ du bus pour le stade.
Aulas fatigué par la saison 2021-2022
Force est de constater que tous ces incidents fatiguent le dirigeant dans une 35e année de présidence où les ennuis s’accumulent après une saison 2020-2021 déjà terminée sur un couac face à Nice, lors de la dernière journée où les joueurs se prennent les crampons dans le tapis à une poignée de minutes de la lucrative Ligue des champions.
La campagne 2021-2022 a démarré sur les chapeaux de roue, dès l’automne avec la démission de "son" directeur sportif, Juninho. La jauge à 5000 personnes a ensuite été remise en place, pour cause de reprise de la pandémie, en janvier au moment de deux des plus gros matchs de l’année face au PSG et à l’ASSE. Le tout dans un contexte financier post-Covid qui écorne les comptes.
Dans la foulée, il y a le départ annoncé des actionnaires de référence Pathé et IDG Capital qu’il faut remplacer (six dossiers sont sur la table et peut-être d’autres pour un nouveau tour de table espéré d’ici fin mai) par un travail soutenu avec les banquiers. Tout cela sans oublier, le soutien au staff dans une saison sportive "historique", à savoir la pire de l’ère moderne au XXIe siècle, et face à la fronde sur les réseaux sociaux. Jean-Michel Aulas multiplie les rencontres avec la presse, comme celle du lendemain de l’élimination européenne (1-1, 0-3 face à West Ham).
Aulas ne va pas abandonner l’OL
De mémoire de proches et de suiveurs, il n’y a jamais eu autant de dossiers (lourds) à mener en même temps pour la direction rhodanienne et le président Aulas. Et les journées n’ont que 24 heures, les semaines ne comptent que 7 jours… D’où cette lassitude, légitime et compréhensible, affichée clairement par Jean-Michel Aulas avec des mots mais aussi par un visage marqué par les événements à répétition.
Mais à 73 ans, Jean-Michel Aulas n’entend pas lâcher le pilotage de l’institution dont il est l’actionnaire historique et de référence, surtout quand elle tangue comme c’est le cas en ce moment entre incertitudes capitalistiques et sportives. Avec une saison à venir qui se présente, à l’instant T, sans les rendez-vous de milieu de semaine en Europe, le président emblématique de l’OL n’a pas l’impression de lâcher.