OL-OM: caméras, sanctions, comment Lyon va surveiller et repérer les éventuels fauteurs de trouble

Ce n’est pas parce qu’il n’y aura pas de supporters marseillais dimanche, dans le choc de la 14e journée de Ligue 1 face à l’OM, que les dirigeants de l’OL vont baisser la vigilance. Bien au contraire. Avec un message: supporters marseillais, vous pouvez venir mais comme un spectateur "lambda": toute démonstration pourra vous faire "exfiltrer" illico, dans une volonté de de ne rien laisser passer.
Sous surveillance accrue, malgré tout
Si vous apercevez des maillots et écharpes OL dans le parcage visiteur dimanche soir, ce ne sera pas une illusion d’optique: il n’y aura en effet aucun fan marseillais dans ce secteur du stade, réservé aux supporters adverses, comme cela avait été le cas lors du dernier match à domicile de Lyon face à Lens. Cette absence est consécutive à l’interdiction de déplacement officiel prononcée par la Ligue de football professionnel (jusqu’à la fin de l’année) depuis les incidents du match Angers-OM du début de saison. Les dirigeants lyonnais vont donc vendre ces 3.000 places au dernier moment, à un prix un peu plus modeste que les autres sésames de cette affiche. Il en coûtera 40 euros.
Mais, ce "vide" ne signifie pas absence de vigilance: "Nous serons vigilants, car c’est un match compliqué à gérer", affiche Xavier Pierrot, le stadium manager du Groupama Stadium. La conséquence visible de cette interdiction tourne au casse-tête : car si un supporter marseillais souhaite quand même assister à la rencontre, il peut acheter une place. Et il sera mélangé à ses homologues… lyonnais: "Nous avons donc travaillé, en amont en coordination avec les autorités au cours de réunions, ajoute Xavier Pierrot. L’arrêté préfectoral sera ensuite complété par un arrêté ministériel qui interdira à toute personne se revendiquant supporter marseillais d’être présent dans le stade mais aussi autour dans un périmètre défini ce dimanche soir."
Un supporter marseillais peut venir... à condition d'être discret
Et tout débute à l’entrée: "La consigne sera donnée aux stadiers de fouiller et de signaler toute présence d’un signe ostentatoire de l’OM. Ils seront vigilants sur cela, précise-t-il. Une consigne va être passée. Ce n’est pas une question d’enceinte privée ou publique: à partir du moment où les arrêtés sont pris et publiés, nous sommes en capacité de le faire sur la foi de ce support juridique." D’où le message: "On rappelle donc aux supporters marseillais de ne pas venir, dit le boss du stade de Décines. Maintenant, pour ceux qui souhaitent quand même venir, ils peuvent le faire, mais en restant discret et sans se faire remarquer. Ils assisteront alors à un match comme n’importe quel spectateur."
La discrétion est donc exigée: "Dans le cas où ils seraient moins discrets et démontreraient trop leurs couleurs de l’OM, ils seraient vite repérés, refusés l’entrée au stade ou interpelés pour non-respect d’un arrêté, détaille Xavier Pierrot. Si, par exemple, il y a un but de Marseille et qu’ils expriment leur joie, les policiers pourront aller les chercher en tribune pour les exfiltrer."
400 caméras qui filment chaque personnes au moins cinq fois
Et pendant le match, les 50.000 spectateurs présents seront scrutés régulièrement: "Dans ce PC sécurité, les regards de 400 caméras convergent vers quatre agents de vidéos surveillance qui contrôlent sans arrêt ce qu’il se passe, détaille Pierrot. Ils sont capables de zoomer et de revenir en arrière. Cela permet d’identifier tous les actes malveillants: il y en a qui sont faciles à voir, quand il y a intrusion sur le stade de personne ; d’autres sont plus compliqués quand il s’agit d’un fumigène ou de jets de briquets ou autres chargeurs de batterie et gobelets."
En moyenne, tout supporter, dans son cheminement, sera filmé cinq fois avec trois angles différents à chaque fois. Comment ça marche? "Il y a la qualité des caméras mais aussi les angles de vue utilisés, explique-t-il. Vous êtes vu sous trois angles différents et à au moins cinq reprises une fois entré dans le stade : par exemple, sur un match, on a pu récemment identifier une personne qui a allumé un pétard par des zooms et des retours arrière. Il faut savoir que ces caméras permettent une identification précise des visages (jusqu’à 150 m, ndlr). Il faut d’ailleurs une identification exacte pour que la justice suive. Et avant d’aller chercher quelqu’un en tribune, nous faisons re-visionner les images à un OPJ (officier de police judiciaire), un vice-procureur ou le procureur, qui seront présents dimanche d’ailleurs dans le stade. Eux nous confirment notre lecture."
Entre un et 18 mois d'interdiction de stade... voire plus
Un travail de fourmi et très précis qui déclenche, pour les fauteurs de trouble, "une cascade d’ennuis" dixit Xavier Pierrot: "Interpellation par les forces de l’ordre, une plainte du club, une interdiction commerciale de stade prise par le club jusqu’à une interdiction prononcée par les tribunaux." Et nouveauté depuis le début de la saison: "Quand il y a des amendes de l’UEFA ou de la Ligue de football professionnel, nous nous portons partie civile plainte pour réclamer pour le remboursement de ces amendes en dommages et intérêts, dit-il encore. Une fois l’individu interpellé, le processus est entre les mains de la police et du parquet, et les juges qui décident des suites à donner.'
Mais il y a aussi le volet "commercial", instantané du club: "Nous avons la possibilité et nous le faisons, d’interdire de stade les individus entre un et 18 mois, voire 36 mois en cas de récidive, ajoute le stadium manager. C’est une interdiction commerciale qui tombe dans la semaine qui suit. Nous en avons pris 10 depuis le début de la saison. Le message passe, les supporters savent que nous serons intransigeants."