Procès Galtier: Todibo, Digard, le ramadan... Galtier nie en bloc et livre ses vérités

Difficile de démêler le vrai du faux depuis le début de cette affaire. Mis en cause par Julien Fournier via un mail adressé à la direction d'Ineos, Christophe Galtier se retrouve accusé de racisme, d'islamophobie et de discriminations lors de sa saison sur le banc de l'OGC Nice. Avec l'ouverture de son procès ce vendredi, au tribunal correction de la cité azuréenne, l'entraîneur a pu répondre aux différentes accusations contre lui.
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Outre Julien Fournier, dont la relation avec le technicien a été décrite comme "toxique" par Dave Brailsford, Frédéric Gioria a particulièrement critiqué Christophe Galtier. C'est notamment cet ex-adjoint qui l'a accusé d'avoir eu des propos racistes contre Youcef Atal, Hicham Boudaoui, Jean-Clair Todibo ou encore sur Didier Digard. Toutefois, le président du tribunal a noté que la version de Frédéric Gioria souffrait d'un problème de chronologie.
"On comprend que Julien Fournier et Frédéric Gioria ont parlé de tout cela en avril 2022. Or, le mail (à Ineos) date de mai 2022", a expliqué Alain Chemama qui est en charge de présider la séance ce vendredi à Nice. "Et dans ses dépositions, il dit qu'il a appris les difficultés par l'émission de radio l'After Foot de septembre 2022. Il y a un problème. S'il avait été là, je lui aurais demandé des précisions."
"Si j'avais tenu ces propos, ils seraient racistes et discriminatoires"
Le procureur, Damien Martinelli, a ensuite interrogé Christophe Galtier sur les éventuels "propos racistes" qu'il aurait tenu au cours de la saison. Selon Frédéric Gioria, qui finalement n'est pas présent parmi les victimes ce vendredi, le technicien aurait notamment traité Hicham Boudaoui et Youcef Atal de "sales types". "Faux et archi-faux" selon Galtier. A noter qu'aucun joueur de Nice n'est présent ce vendredi lors de l'audience.
"Si j'avais tenu ces propos, ils seraient racistes et discriminatoires", a assuré Christophe Galtier à la barre lors de son audience. "Je veux revenir en arrière. Quand j'arrive de Lille, je dois arriver avec la totalité de mon staff. Il s'avère qu'au bout de 24h, je n'ai pas pu les recruter. Et donc, Frédéric Gioria est venu dans le staff, c'est un très proche. Quand j'arrive dans un club, je m'appuie sur quelqu'un qui connait pour me nourrir du vestiaire et de l'histoire. En janvier 2022, j'ai une discussion avec Julien Fournier où je lui demande de ne pas travailler avec Frédéric Gioria. Pourquoi me demande Julien Fournier? Pour incompétence. Point."
Et d'ajouter: "Ces propos (les propos racistes évoqués par son ex-adjoint, ndlr), je ne les ai pas tenus."
Ce que risque Galtier:
Christophe Galtier est jugé des chefs de "harcèlement moral et de discrimination à raison de l'appartenance ou de la non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une prétendue race ou une religion déterminée".
En cas de condamnation, l'entraîneur encourt une peine de prison et une lourde amende. Selon les articles 225-1 et suivants, 222-33-2 et suivants du Code pénal, "les délits de harcèlement moral et de discrimination à raison de l'appartenance ou de la non appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation ou une prétendue race ou religion déterminée" sont punis "au maximum, d'une peine de trois années d'emprisonnement et de 45.000 euros d'amende."
Galtier assure avoir été envoyé "dans un piège et un mur" sur le cas Todibo
Parmi les autres faits marquants de l'affaire Galtier, la gestion du cas Todibo a beaucoup fait parlé sur les réseaux sociaux et dans la presse. Converti à l'Islam et fervent pratiquant, le défenseur central français a échangé avec son coach sur le jeûne du ramadan. Si Christophe Galtier ne cache pas qu'il préfère voir ses joueurs se nourrir les jours de match, pour des questions de performance sportive, il a nié avoir été l'auteur de pratiques discriminatoires avec les joueurs musulmans de son équipe. Là encore, l'actuel coach d'Al-Duhail (au Qatar) a pointé la responsabilité de Frédéric Gioria et surtout son double jeu.
"Le 26 mars, j'échange avec Jean-Clair Todibo sur les performances. C'est plus qu'un échange coach-joueur. Frédéric Gioria est la personne la plus raciste que j'ai rencontré dans le football. Le ramadan, l'année d'avant, c'était un vrai bordel: certains dormaient par terre. Je demande à voir Jean-Clair Todibo. Je le reçois dans un bureau et je lui parle de la gestion du jeûne le jour du match", a raconté Christophe Galtier lors de son passage devant la cour ce vendredi. "Il me regarde poliment. Il est converti, je le savais, issu d'une branche rigoureuse. On fait court et il me dit: 'Coach. J'ai un chef qui s'installe chez moi. Il a mis toutes les conditions pour rester le plus performant. Je ne change pas de position. Je pratiquerai le jeûne le jour du match'. Je suis plus que contrarié car la relation avec mes joueurs est celle de père-fils."
Galtier sur le cas Todibo: "Et je me retrouve face à un joueur, face à mon joueur, qui s'est fermé car Frédéric Gioria m'a envoyé dans un piège et dans un mur. J'ai rapidement compris et j'ai fait la remarque à Frédéric Gioria. Je lui ai demandé: 'Comment cela se fait que toi qui a vécu le ramadan l'an passé, tu m'envoie dans un mur comme cela?'. Jean-Clair Todibo a pratiqué le jeûne du ramadan le jour du match."
Galtier dément un problème avec Digard sur le ramadan
Par la suite et en marge de la lecture des 78 procès-verbaux des auditions des enquêteurs, le président du tribunal a questionné Christophe Galtier sur les propos racistes qu'il aurait eu auprès de Didier Digard, présent dans le staff de Nice en tant que coach des U19. Converti à l'Islam, l'ancien milieu du Havre et du PSG aurait eu maille à partir avec le patron de l'équipe première pendant leur temps en commun à Nice. Là encore, des accusations mensongères de Frédéric Gioria selon l'accusé.
"C'est faux. La même personne me dit d'aller voir Didier Digard car l'an passé, c'est lui qui a géré le ramadan. Avec lui, j'ai des relations professionnelles et cordiales quand on faisait monter les jeunes", a encore indiqué Christophe Galtier à la barre du tribunal. "Je rencontre Didier sur le parking et je lui parle: 'la période du ramadan, Fred m'avait dit que l'an passé, cela avait été compliqué dans la discipline. Et que cela avait volé en éclats. Si tu peux parler à Jean-Clair Todibo et s'il peut maitriser mieux cette année que l'an passé. Que le jour du match, c'est mon point de vue, on est plus performant si on s'hydrate d'autant plus qu'on rentre dans le money-time, où nous sommes qualifiés pour la finale de la Coupe de France et en course pour l'Europe'. Voilà les échanges que j'ai eu. Le seul échange avec Didier. Je vais dans mon bureau. Et donc, dans la chronologie, j'irais dans mon bureau dans la foulée, et je dirais que d'avoir un entraîneur musulman à la tête de l'équipe première, cela n'a pas de sens. C'est faux."
Et de conclure quand le président du tribunal l'a relancé sur une invitation faite à Frédéric Gioria de voter pour le RN: "Vous savez ce que j'ai dit au président de la République lors de la finale de Coupe de France? C'est enregistré par les caméras. Je le redis: 'Je suis votre fidèle supporter'. Sur le RN, sur le vote pour Marine Le Pen, c'est faux."