RMC Sport

PSG: Quatre raisons pour un faux-départ

placeholder video
Le Paris Saint-Germain a déjà concédé ce dimanche à Rennes sa première défaite de la saison en Ligue 1 (1-2). Loin des quatorze succès inauguraux de la campagne 2018-19, l’équipe dirigée par Thomas Tuchel a affiché beaucoup de failles physiquement, mentalement et surtout dans le jeu.

Champion de France, grandissime favori à sa propre succession, le Paris Saint-Germain a déjà concédé sa première défaite de la saison en Ligue 1. Largement dominée dans le jeu et dans le combat par des Rennais survoltés, l’équipe entraînée par Thomas Tuchel a affiché beaucoup de friabilité. Une fragilité que l’on ne connaissait plus forcément chez les Parisiens ces dernières années. Une fragilité collective, surtout, qui peut s’expliquer par plusieurs manques inquiétants.

Pas de jambes, pas de victoire

Début de saison oblige, la forme physique de certains joueurs du PSG interpelle. Entre les blessures des uns (Presnel Kimpembe, Ander Herrera, Thilo Kehrer, Neymar) et la préparation encore incomplète des autres (Thiago Silva, Marquinhos, Idrissa Gueye, Di Maria), Thomas Tuchel ne dispose pas encore d’un effectif complet et à 100% de ses capacités physiques. Après avoir tiré la langue lors du Trophée des Champions (2-1), déjà contre Rennes, et peiné à décrocher des Crocos affaiblis (3-0), les Parisiens n’ont pas fait le poids face à la fougue des Rennais.

Quand le jeune Eduardo Camavinga a réussi à casser les lignes et à imposer son rythme dans l’entrejeu, personne n’a véritablement réussi à le suivre et la formation bretonne a pris le dessus sur le collectif francilien. "C’est normal que dans une phase en août, on ne joue pas avec nos meilleures capacités physiquement, a reconnu Thomas Tuchel pendant sa conférence de presse d’après-match. Il a manqué la qualité aujourd’hui, et le côté tonique, de gagner les un-contre-un offensivement et voilà pourquoi il était très difficile de se créer des occasions."

Recherche patron, désespérément

En manque de vitesse et de fraîcheur physique, le Paris Saint-Germain a surtout confirmé contre Rennes une réalité plus inquiétante: la sérénité semble avoir disparu de cette équipe. Dans les buts, Alphonse Areola ne sait toujours pas de quoi son avenir sera fait. Présenté comme le gardien numéro 1 pour la saison après les départs de Kevin Trapp et Gianluigi Buffon, le champion du monde n’arrive pas s’installer comme le nouveau patron de la défense parisienne. "Il n'a pas eu grand-chose à faire, je ne me souviens pas de grosses occasions pour Alphonse, a lancé Thomas Tuchel face aux médias. Deux frappes, deux buts, voilà c'est tout [...] Je ne peux pas promettre des choses quand le mercato est ouvert, je ne peux rien confirmer. Chaque joueur doit montrer sa qualité, c'est valable aussi pour Alphonse. Mais aujourd'hui ce n'est pas le moment de discuter de lui, on ne peut rien confirmer."

Mais le gardien de 26 ans n’est pas le seul responsable de cette absence de sérénité. Devant lui, Thiago Silva a déjà montré à plusieurs reprises sa fragilité dans des moments compliqués. Bien que leader technique au milieu, Marco Verratti ne semble pas capable de transmettre cette force à ses coéquipiers. Idem pour Marquinhos, trop lisse pour assumer ce rôle de patron au sein d’un PSG qui en manque tant. Interrogée sur une possible fragilité mentale depuis la défaite contre Manchester United en Ligue des champions la saison passée, Thomas Tuchel nie en bloc. "Non pas du tout, vous n’avez pas posé ce genre de questions après le Trophée des Champions et après le match contre Nîmes. C’est toujours pareil, a assuré avec conviction le technicien allemand. On fait un mauvais résultat et alors on nous répète que depuis Manchester United, il y a un problème d’état d’esprit."

Paris a besoin de guerriers en défense…

Contre Rennes, Thomas Tuchel a tenté de faire jouer son équipe comme pendant la plupart des rencontres de la saison passée. Avec un bloc positionné haut sur le terrain, le Paris Saint-Germain aurait dû mettre une pression constante sur le Stade Rennais ce dimanche. Pourtant, cela n’a pas été le cas. Si le retard dans la préparation physique peut expliquer ce rendement insuffisant et cette incapacité à récupérer le ballon grâce à son pressing, plusieurs joueurs parisiens ont surtout affiché un gros manque de motivation et d’implication. Relayeur droit contre Nîmes, Julian Draxler a enchaîné une deuxième titularisation ce dimanche, toujours dans l’entrejeu mais cette fois comme relayeur gauche. Déjà en deçà contre les Crocos, l’Allemand n’a rien apporté contre les Bretons et il donne l’impression de ne pas vouloir faire les efforts. Peu impliqué dans les aspects défensifs de son poste, il a trop souvent laissé son latéral défendre seul dans le couloir gauche.

Lui aussi en manque de confiance, Thomas Meunier a déçu et n’a pas paru véritablement concerné. Sous contrat jusqu’en juin prochain, l’international belge n’a pas marqué de points aux yeux de Thomas Tuchel qui lui préfère toujours Thilo Kehrer voire parfois le jeune Colin Dagba, plus appliqués et impliqués. "Défensivement, on manque un peu de cette capacité à gagner ou à jouer avec confiance chaque un-contre-un, a encore souligné Thomas Tuchel. Si on joue très haut et que l’on ne ferme pas les espaces très haut sur le terrain, cela peut se révéler très dur." L’intégration progressive d’Ander Herrera et Idrissa Gueye, deux joueurs au profil plus défensif et travailleur, pourrait faire un bien fou à ce groupe parisien en terme de combativité.

…Et d’un détonateur en attaque

Certains verront le verre à moitié plein en retenant que le Paris Saint-Germain s’est offert un premier record cette saison en égalant la marque du Racing Club de France (1962-1964) après avoir inscrit au moins un but lors de ses quarante derniers matches en Ligue 1. L’ouverture du score par Edinson Cavani n’a pas suffi pour l’emporter au Roazhon Park. Et la belle efficacité de l’Uruguayen ne suffira pas non plus pour cacher les problèmes offensifs de cette équipe parisienne tout au long de la saison à venir. Pas plus que les jambes de feu de Kylian Mbappé. Affûté, le prodige tricolore ne possède pas cette capacité à mener le jeu des Parisiens et ne correspond pas à ce créateur dont le PSG manque cruellement en ce moment. Angel Di Maria et Pablo Sarabia, eux, possèdent les qualités nécessaires mais semblent destinés à jouer les seconds rôles offensifs comme ce fut déjà le cas pour l’Argentin l’année passée (12 buts et 12 passes décisives en L1).

Finalement, et presque logiquement, le plus gros manque des Parisiens en attaque se nomme Neymar. Malgré la possibilité d’un départ du Brésilien lors du mercato, il reste l’un des rouages essentiels de l’équipe, ce facteur X capable de faire exploser les défenses adverses à n’importe quel moment sur une fulgurance. Son absence depuis le début de saison divise au sein de l’équipe. Thiago Silva préfère ne pas se cacher derrière cela pour expliquer les problèmes du PSG. "Ce n'est pas une excuse. Ce n'est pas cela qui fait que l'on a perdu notre concentration contre Rennes, s’est défendu le capitaine parisien. Neymar n'était pas là."

Thomas Tuchel, lui, a rappelé que le club ne pouvait pas se permettre de perdre son principal atout offensif sans lui avoir trouvé de successeur. "Si on perd Neymar, on ne peut pas le perdre sans recrutement, a insisté l’ancien du Borussia Dortmund. Et s'il est là, on aura un joueur qui peut gagner des un contre un, car c'est quelque fois nécessaire." En attendant un éventuel retour de l’international auriverde dans le onze de départ du PSG, le champion de France va devoir s’adapter et faire évoluer son jeu. Une incertitude qui pourrait bien ouvrir la porte à plusieurs concurrents ambitieux et désireux de faire chuter l’ogre parisien comme le Stade Rennais y est arrivé…dès la deuxième journée de la saison.

Jean-Guy Lebreton