"J'aurais réussi à l'OM", Boutobba revient sur son départ de Marseille

"Les seuls regrets que j'ai, c'est d'avoir écouté certaines personnes (…), de mauvaises personnes". Six ans après son départ de l’OM dans la peau d’une futur pépite, Bilal Boutobba parle de son club formateur dans les colonnes de L’Équipe. Aujourd’hui en Ligue 2, à Niort, il affirme qu’il aurait pu réussir à Marseille, où il n’a disputé que trois bouts de match avant de rejoindre Séville.
"Avant, l'OM, c'était compliqué, il faut dire ce qui est, estime-t-il à propos du club alors présidé par Vincent Labrune. Ce n'était pas comme maintenant avec un président comme Longoria qui connaît le foot. Là, il y a de la stabilité. On sent que la formation est considérée et qu'elle peut devenir au centre du projet".
"Peut-être que des gens se sont servis de la situation de Marseille pour me faire partir"
Selon lui, être parti de Provence n’a donc pas été une bonne chose. "Je pense que j'aurais réussi à l'OM, assure l’ailier droit. J'étais l'un des meilleurs jeunes du club. Chez les jeunes, c'était moi le chouchou. Donc sur le terrain, j'en suis convaincu que j'aurais pu lancer ma carrière là-bas (…) J'aurais géré la pression. Après, oui, peut-être que des gens se sont servis de la situation de Marseille pour me faire partir. Mais, c'est comme ça, c'est mon histoire. Tous les conseils ne sont pas bons à prendre. C'est comme ça qu'on apprend pour la suite".
À l’été 2016, Boutobba décide de rejoindre le FC Séville plutôt que de signer un premier contrat professionnel à l’OM. Un choix qui n’aura pas été payant, puisqu’il n’a connu que l’équipe réserve pendant son passage de deux saisons. "À Séville, je n'ai pas été patient, concède-t-il. L'OM, je ne regrette pas. C'est vraiment le FC Séville que je regrette le plus. Là-bas, j'avais tout pour réussir. J'ai signé un contrat de quatre ans. Certes, j'étais avec la réserve. Mais en Espagne, la réserve c'est comme une Ligue 2. Je n'ai pas voulu écouter le coach, Diego Martinez. Il m'a dit: 'Une fois, deux, trois, si tu ne veux plus m'écouter, je te mets sur le banc'. Je faisais comme j'avais envie sur le terrain, et je n'avais pas compris qu'il voulait me faire progresser. Ça, c'était la première année. Et la deuxième, je ne voulais plus retourner là-bas, j'ai fait n'importe quoi. J'étais jeune..."
"Je n'ai pas du tout compris qu'on voulait me préparer pour devenir un vrai joueur de Liga"
Aujourd’hui âgé de 24 ans, le joueur est persuadé qu’il aurait pu s’imposer en Espagne. "J'aurais pu percer la troisième ou dernière année de mon contrat, souffle-t-il. J'aurais eu plus de temps de jeu avec l'équipe A, et on sait qu'à partir de ce moment-là, ça peut aller très vite. Séville, c'est un tremplin extraordinaire pour les grands clubs".
"Quand je suis arrivé à Séville, j'ai fait la préparation avec l'équipe une, poursuit-il sur son parcours en Andalousie. Puis, on m'a envoyé avec la réserve. Déjà là, j'ai commencé à bouder. Je ne comprenais pas. Je quitte l'OM où j'étais avec le groupe pro pour me retrouver en réserve en Espagne. Je n'ai pas du tout compris qu'on voulait me préparer pour devenir un vrai joueur de Liga. J'ai vu ça comme un redoublement. C'est là que j'ai commencé à bouder... Le coach m'a prévenu à plusieurs reprises, et il a fini par m'écarter. Cette attitude, c'est ce que je regrette le plus. C'était un coach formateur, j'ai laissé passer ma chance. Je pensais qu'il ne m'aimait pas et ne voulait pas me faire jouer".
"Le seul responsable de cet échec, c'est moi"
Jusqu’à son départ pour Montpellier en 2018, l’ancien international U19 avec la France dispute 33 matchs avec la réserve de Séville, sans parvenir à marquer ou à délivrer de passe décisive. "Je ne dois m'en prendre qu'à moi-même, reconnaît-il. Le seul responsable de cet échec, c'est moi! Ça m'a servi d'expérience, maintenant je saurais quoi faire. J'ai changé mon comportement. On va dire que je ne suis pas quelqu'un qui crée des problèmes dans un groupe. Je restais dans mon coin à bouder et à montrer mon mécontentement. C'est ça qui m'a coûté cher en Espagne".
Cette saison, après deux exercices plein en Ligue 2, il compte déjà 6 buts et 2 passes décisives avec les Chamois Niortais, un club qu’il ne "connaissait pas" avant de s’y engager. Celui qui s’autoproclame "leader technique" de son équipe revit dans l’antichambre de l’élite, en attendant peut-être de voir enfin sa carrière définitivement prendre son envol.