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Formule "junk-food", buts à gogo, coachs mécontents... quel bilan pour la nouvelle formule de la Ligue des champions?

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La phase de championnat de la Ligue des champions s'est achevée mercredi 29 janvier 2025 par un fantastique multiplex lors de la huitième et dernière journée et la qualification de tous les clubs de Ligue 1 pour la phase finale. Malgré tout, le nouveau format de la compétition ne convainc pas totalement.

Au terme d'un multiplex spectaculaire, la huitième et dernière journée de la phase de championnat de la Ligue des champions a livré son verdict ce mercredi. Si la Ligue 1 peut se réjouir de placer ses quatre clubs en barrages (PSG, Brest et Monaco) voire en huitième (Lille), la nouvelle version de la Ligue des champions n'a pas fait que des heureux. Pourtant, les motifs de satisfaction sont nombreux.

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Une compétition plus ouverte sur l'Europe?

Avec la mise en place d'un tour de barrages pour les équipes classées de la 9 à la 24e place, l'UEFA a donné la possibilité à plus de pays de se montrer. Lors de la campagne 2023-2024, seules huit nations étaient représentées lors de la phase élimination directe (qui commençait au stade des huitièmes) et le total chutait à quatre pays dès les quarts.

Avec le nouveau format, et grâce à la création des barrages pour lancer le tableau final, on compte déjà neuf pays. Surtout, des nations comme la France, les Pays-Bas ou encore le Portugal sont parvenues à qualifier plusieurs équipes contre une seule lors de la précédente saison. La volonté de l'UEFA d'offrir une chance de qualification à plus de clubs s'apparente donc à une réussite. Et les principaux championnats européens ne se plaindront forcément de cette refonte puisque sur les cinq grands (Allemagne, Angleterre, Espagne, France et Italie) seuls quatre représentants ne sont pas qualifiés a minima pour les barrages: Stuttgart, Gérone, Bologne et Leipzig.

"Quatre clubs français en phase finale de la Ligue des champions avec plus de 50% de victoire dans la phase de poule, c’est historique", s'est même réjoui le président de la LFP, Vincent Labrune, au terme de cette huitième journée. "C’est le fruit d’un travail de fond et d’une vision mise en place il y a déjà plusieurs années, celle d’accompagner les principaux clubs français en leur donnant les moyens d’être performants en Coupe d’Europe, et par effet locomotive tirer l’ensemble de la Ligue 1 vers le haut."

Plus de matchs et plus de buts

Sur le papier, l'UEFA d'Aleksander Ceferin semblait avoir dégainé cette nouvelle Ligue des champions pour calmer les cadors européens et porter un coup fatal au projet de Super League. A l'arrivée, avec ce nouveau format, la C1 a vu la traditionnelle phase de poules à 32 équipes se transformer en un championnat unique à 36 participants.

Le nombre de matchs est passé de 96 rencontres à 144 matchs. Si le risque de voir plus de joueurs se blesser pendant la saison, avec l'ajout de deux duels supplémentaires placés pendant le mois de janvier, les clubs se sont adaptés dans leur préparation physique.

Et à l'arrivée, le spectacle était bel et bien au rendez-vous avec plus d'affiches entre grands d'Europe. Au terme de cette phase de championnat, 470 buts ont été marqué au total, soit une moyenne d'environ 3,27 buts par match avec un temps moyen de 28 minutes entre chaque but. Lors de l'édition 2023-2024, les poules s'étaient conclues sur un bilan de 294 buts en 96 rencontres soit environ trois buts de moyenne par match.

Un multiplex qui cartonne mais qui fait penser à de la "junk-food"

Après avoir fait jouer la première journée sur trois jours, l'UEFA avait prévu un multiplex à 18 matchs pour la fin de la phase de championnat. Et le pari de l'instance continentale semble avoir porté ses fruits. Ce jeudi, la presse européenne s'est montrée dithyrambique après cette ultime soirée de folie.

Avec des buts sur tous les terrains, et une évolution du classement jusqu'au bout, le suspense était à son comble. Une véritable orgie de football pour les passionnés qui a aussi fait mouche auprès du grand public puisqu'en France, la huitième journée de C1 diffusée sur les chaînes du groupe Canal + a attiré 2,28 millions de téléspectateurs en moyenne dont 1,33 million uniquement sur le multiplex ce mercredi.

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Mais pour certains consultants dont Christophe Dugarry, la multiplication du nombre de matchs - et notamment ce multiplex géant - risque de desservir le foot. Sur RMC, l'ancien attaquant de l'équipe de France a partagé ses réserves sur cette refonte de la Ligue des champions qui ne l'a pas entièrement convaincu.

"Je trouve que le compte n’y est pas sur cette nouvelle formule. Moi, on m’avait présenté les choses en disant que ça allait être beaucoup plus spectaculaire, avec beaucoup plus d’intensité et de suspense. Je suis désolé mais pour l’instant le compte n’y est pas", a lâché l'exbuteur des Bleus. "Dire que c’est moins bien que les formules d’avant, il ne faut pas non plus exagérer. Que cette formule soit catastrophique, ce n’est pas vrai non plus. Il y a eu des choses pas trop trop mal, ce n’est pas complétement raté. Mais moi, déjà, 18 matchs en même temps sur la dernière journée je n’aime pas. Je ne sais pas à qui ça peut plaire mais moi ça ne me plaît pas. Tu as l’impression de te régaler mais à l’arrivée tu n’apprécies rien."

"J’ai l’impression que c’est de la junk-food. Tu bouffes, tu bouffes, tu bouffes… On ne te donne des buts, on te donne des images mais à l’arrivée ce n’est pas le football que j’aime."

Des entraîneurs mécontents du tableau final

Du côté des entraîneurs aussi, certains ont exprimé une certaine déception au sujet de ce nouveau format. Et pour cause, au-delà de la surcharge de travail pour eux, ils ont dû préparer les matchs face à sept adversaires différents contre trois auparavant. Surtout, en plus de rajouter des dates à un calendrier déjà surchargé dans les compétitions nationales, la phase de championnat n'a pas totalement récompensé le mérite sportif selon eux.

Avant même le dernier match, finalement perdu sur le terrain du PSV (3-2), Arne Slot pestait contre le manque d'intérêt de finir premier ou deuxième du classement. Déjà assuré de terminer à l'une de ces places, l'entraîneur de Liverpool a fait tourner à Eindhoven. Pire, malgré ce parcours presque parfait (sept victoires en huit matchs), les Reds pourraient hériter du PSG dès les huitièmes de finale et non d'équipes moins bien classées.

Seulement 11e malgré ses trois succès lors des dernières journées, le Real Madrid de Carlo Ancelotti a 50% de chances d'affronter Manchester City (ou le Cetlic) lors des barrages avant un éventuel huitième de finale contre Leverkusen ou l'Atlético de Madrid. Et l'entraîneur de l'équipe merengue ne s'est pas fait prier pour pester contre le nouveau format de la Ligue des champions (sans oublier que Florentino Perez reste l'un des partisans de la Super League)

"Je n'aime pas le nouveau format. Il y a trop de matchs", a tempêté le technicien italien face à la presse après la huitième journée. "Il faut retirer des matchs pour réduire l'usure des joueurs, pas en rajouter."

Et de préciser: "Il faut attendre le tirage au sort. En théorie, si on joue face à City, ce sera plus compliqué. Nous n'aimons pas jouer contre Manchester City, c'est difficile. C'est dommage que nous ne soyons pas réveillés plus tôt dans cette compétition."

Jean-Guy Lebreton Journaliste RMC Sport