PSG-Liverpool: "Le bon manager au bon moment": comment l'inattendu Arne Slot a mis les Reds à ses pieds

Quand il est arrivé, après neuf ans de Liverpool à la sauce Jurgen Klopp, beaucoup s’attendaient à une saison de transition. Mais les Reds d’Arne Slot, cette saison, écrasent tout ou presque sur leur passage, avant leur huitième de finale de la Ligue des champions contre le PSG (aller, mercredi 21h, au Parc des Princes). Une seule défaite en championnat et une large avance en tête, la première place en phase de ligue de Ligue des Champions, un bilan exceptionnel à peine terni par l’élimination en Coupe d’Angleterre contre Plymouth (Championship).
Un style "un peu plus dans le contrôle, le calme, moins électrique" que Klopp
L’ancien coach de Feyenoord a surpris tout le monde, y compris les supporters les plus fidèles. "Slot est très bon, je pense que le football néerlandais est sous-estimé. Il a plusieurs plans: A, B, C, D et même E! Il est super pour le club", se réjouit Jay, croisé avant la rencontre de championnat contre Newcastle (2-0), mercredi dernier. "Je suis assez surpris", glisse un autre supporter, un terme souvent entendu sur le sujet.
Dans le jeu, les observateurs notent déjà la patte Slot. "Les dirigeants pensaient qu’il avait style assez similaire à celui de l’esprit de Liverpool même s’il est plus en contrôle que Klopp", explique Neil Atkinson, présentateur du podcast The Anfield Wrap. "Son football est un foot d’attaque, agressif, un peu comme Klopp. Liverpool joue dans ce style depuis plusieurs dizaines d’années." Attaque, jeu vers l’avant mais aussi et surtout contrôle sont parmi les préceptes du Batave, alors que Klopp était un adepte du contre-pressing et d’une grosse intensité.
Meilleure attaque de "PL", Liverpool est l’équipe qui tente le plus sa chance tout en ayant la seconde meilleure défense. "Je pense que c’est le bon gars au bon endroit", abonde Matt Addison, journaliste à Liverpool.com. "Klopp c’était très excitant, l’intensité, le pressing. On est passé à un style un peu plus dans le contrôle, le calme, moins électrique. Ils sont prêts et programmés pour toutes les compétitions ce qui n’était pas toujours le cas sous Klopp." La gestion d’Arne Slot serait donc un peu meilleure. D’ailleurs, cette saison, Liverpool n’est que très peu touché par les blessures (hormis Joe Gomez et Conor Bradley). Slot profite aussi d’un effectif qui n’a presque pas bougé, façonné par le mandat Klopp.
"Il ne faut pas oublier que Liverpool a tout simplement de très bons joueurs, c’est le plus important", appuie Neil Atkinson. "L’année dernière il y avait beaucoup de blessés et ensuite il y a Slot, il n’a pas fait énormément de changements au niveau de l’effectif, il fait avec les joueurs qui étaient là. Il y a des joueurs d’expérience comme Van Dijk et Salah, mais aussi les milieux qui arrivent à 25-26 ans, ils sont un peu plus matures, à l’image de Gravenberch. Tout cela fait que Liverpool est prêt. Arne Slot est le bon manager au bon moment. C’est un bon mélange."
Son jeu est un peu plus porté vers la droite que son prédécesseur, avec l’importance toute particulière de Mohamed Salah, meilleur buteur et passeur de Premier League, qu’il semble avoir érigé en facteur X de l’équipe. "S’il est le meilleur joueur du monde, c’est surement lié au système", glisse Matt Addison. La plus grande différence de Slot est sûrement son caractère, sa manière de fonctionner: "Il est très calme, très clair sur le challenge, il dit aussi aux joueurs: si vous pensez être très bons, vous allez gagner. Il responsabilise les joueurs, il est beaucoup plus critique envers eux que Klopp. Il fait plus de rendez-vous individuels avec les joueurs, en vidéo", dévoile Neil Atkinson, qui ajoute aussi que Rotterdam, ville où officiait Slot jusqu’à l'été dernier, peut ressembler à Liverpool par certains aspects.
Et il y cultive son habitude de gagner. Aux Pays-Bas, il a remporté le championnat, la Coupe et a atteint la finale de la Ligue Europa Conférence. "Slot est un super entraineur, il a montré à Feyenoord qu’il pouvait gérer une équipe", acquiesce David Lynch, journaliste spécialiste du club anglais. "Il correspond bien à Liverpool, qui ne dépense pas autant que City, Manchester United, Chelsea. C’est un tacticien incroyable et on l’a découvert."
Les joueurs semblent l’apprécier et le public aussi, forcément, même s’il est "différent de Klopp, qui était plutôt dans l’usure des joueurs", ajoute Marceau, qui gère la branche française des clubs de supporters officiel des Reds. "Là, on est plus dans la modération, c’est plus calme et peut être moins spectaculaire. Il peut être un peu moins paternaliste dans le management, quand Klopp faisait des câlins." "D’ailleurs, il l’est aussi moins avec la foule, il est un peu moins proche, assez carré, moins dans l’émotionnel", note Alain, fan belge des Reds. Son coup de sang contre Everton a quand même entraîné sa suspension pour deux matchs. Presque son seul couac jusque-là.