"Une fin brutale, triste": le grand Manchester City de Pep Guardiola, c'est vraiment fini?

Depuis l'arrivée de Pep Guardiola sur son banc en 2016, Manchester City n'avait jusqu'alors jamais cessé de briller. Une armoire à trophées qui se garnit à vitesse grand V, une domination totale du championnat anglais - six fois vainqueur sur les sept dernières années - et une saison 2023 aux allures de consécration avec un doublé Premier League-Coupe d'Angleterre et trois titres internationaux dont un premier sacre en Ligue des champions: les Skyblues ont longtemps été sous les feux des projecteurs.
"City nous a fait rêver. Ça fait six, sept, huit ans qu'ils sont une référence. Guardiola a révolutionné le football avec ses idées et sa philosophie", a loué Emmanuel Petit dans l'After Foot sur RMC mercredi.
Oui mais voilà, cette saison, City n'est plus que l'ombre de lui-même. Assommé par le Real Madrid et un très grand Kylian Mbappé en barrage retour de la Ligue des champions (3-1, 6-3 en cumulé), le club anglais semble avoir touché le fond. "Jusque là, il y avait eu des tartes dans la gueule, là ce soir, est-ce que ce n'est pas le coup de couteau définitif du City de Guardiola?", s'est interrogé Daniel Riolo, toujours dans l'After foot.
Privés de réveillon pour leurs mauvais résultats
La saison dernière, les Cityzens avaient déjà connu des petites alertes, notamment en novembre-décembre 2023 lorsqu'ils n'avaient signé qu'une seule victoire en six matchs en Premier League, une première sous l'ère Guardiola. Ce qui ne les avait finalement pas empêché de remporter le championnat pour la quatrième fois de suite - un record - échouant par ailleurs en finale de la FA Cup et en quart de finale de la Ligue des champions, battus par le… Real Madrid.
Vainqueurs du Community Shield au bout du suspense contre Manchester United (1-1, 7 t.a.b à 6) et de leurs quatre premiers matchs en championnat l'été dernier, Erling Haaland et ses coéquipiers s'attendaient-ils à une saison 2024-2025 pour l'instant cauchemardesque? Ils ont d'abord perdu l'un de leurs tauliers, Rodri, touché aux ligaments du genou droit lors du choc contre Arsenal mi-septembre. L'Espagnol, sacré Ballon d'or en octobre, a de fortes chances de ne pas rejouer cette saison.
Les joueurs de Pep Guardiola ont ensuite été à la peine en Premier League, avec une série de sept matchs sans victoire en novembre. Par ailleurs sortis par Tottenham en huitième de finale de League Cup, ils se sont retrouvés dans une invraisemblable série de neuf défaites en 12 rencontres toutes compétitions confondues et ont même été privés de réveillon pour mieux préparer les matchs du Boxing Day.
L'automutilation de Guardiola
Et ce n'est pas en Ligue des champions que les Skyblues ont retrouvé des couleurs. Au contraire. Après la nouvelle déconvenue contre Feyenoord (3-3), Pep Guardiola est apparu avec une coupure au nez et de nombreuses griffures sur le crâne, des blessures qu'il s'était lui-même infligées. Dos au mur et provisoirement éliminés avant la dernière journée de la phase de ligue, ils ont finalement validé leur ticket pour les barrages in-extremis (22e), avant, donc, de tomber face au Real Madrid. "Cette équipe-là a été moyenne toute la saison, elle n'est plus la machine qu'elle a été à un moment", a résumé Julien Laurens dans l'After foot.
Pep Guardiola lui-même en a fait le triste constat. "Nous sommes une grande équipe, mais nous avons perdu en cohérence. Nous avons fait quelque chose d’historique dans notre pays pendant de nombreuses années en remportant tant de compétitions que nous n’avions jamais réussies auparavant (...) Les choses ne durent pas éternellement, tout ne dure pas éternellement. Il y a des joueurs qui ont un certain âge", a admis le Catalan à TNT Sports après la désillusion contre le Real Madrid.
Des blessures et un mauvais mercato
Un temps indispensables et véritables piliers de l'équipe, Kevin De Bruyne, Ruben Dias, Jack Grealish ou encore Bernardo Silva, notamment, ne sont désormais plus aussi décisifs et affichent un niveau loin de celui qui leur avait permis d'enchaîner les victoires. Tout comme Ederson, dont les filets ont déjà beaucoup (trop) tremblé cette saison.
Pep Guardiola a également dû faire avec les nombreuses blessures de ses joueurs, comme Oscar Bobb et Mateo Kovacic. Manchester City a bien tenté de rectifier le tir en dépensant 290 millions d'euros au mercato d'hiver, en recrutant notamment l'ancien défenseur du RC Lens Abdukodir Khusanov et le prolifique attaquant égyptien Omar Marmoush.
"L'erreur a été faite dès l'été dernier, l'argent a été mal dépensé. C'est là que tu dois renouveler, régénérer ton effectif, ce n'est pas au mois de janvier avec des gamins de 19-20 ans, estime néanmoins Julien Laurens. Khusanov, il jouait en Biélorussie il y a 18 mois. Qu'est-ce qu'il va te sauver? Ça part dans tous les sens. Ça ne ressemble pas à Guardiola et à la politique de City." Lors du mercato estival, l'actuel quatrième de Premier League n'avait recruté que Savinho et Ilkay Gündogan, libre après son départ du Barça.
"Cette fin-là est brutale, triste"
Pour autant, le technicien catalan n'envisage pas de quitter son poste. "Je souhaite continuer", a-t-il assuré mercredi après la défaite contre les Merengue. Un temps annoncé sur le départ, critiqué alors que son équipe est en pleine crise, Pep Guardiola a vu son contrat être prolongé jusqu'en 2027 en novembre dernier… ce qui aurait provoqué la décision de son ex-femme, Cristina Serra, de mettre fin à leur relation. De quoi l'empêcher de faire convenablement son métier et, ainsi, impacter la forme de ses joueurs?
"Tous les cycles de football ont une fin à un moment", estime Julien Laurens. C'est juste que cette fin-là, elle est brutale, triste. C'est une équipe qui nous a fait rêver il n'y a encore pas si longtemps et de la voir aussi mauvaise aujourd'hui, c'est cruel." Et de conclure, fataliste: "La saison dernière ils sont champions (d'Angleterre), mais tu sentais quand même qu'il y avait des choses à changer qui n'ont pas été changées et aujourd'hui ils le paient."