Où sont passés les cracks de 2010?

La décennie 2010 a vu la consécration de plusieurs phénomènes comme Lionel Messi, Cristiano Ronaldo ou encore Neymar. Mais à l’inverse, plusieurs joueurs ont peu à peu disparu des radars ou se sont révélés incapables de concrétiser les espoirs placés en eux.
Bojan, le prodige de la Masia s’est perdu en chemin
Fils d’un ancien joueur du Barça, Bojan Krkic a été biberonné par le club catalan pendant toute son enfance. Pur produit de la Masia, le buteur débute chez les pros dès la saison 2006-07 et se montre plutôt adroit. On lui promet déjà un destin glorieux à la pointe de l’attaque blaugrana aux côtés d’un certain Lionel Messi. Sauf que le prodige, habile de ses pieds est beaucoup plus fragile dans la tête et souffre de terribles problèmes d'anxiété qui lui font par exemple renoncer à l'Euro 2008, le point de départ de l'épopée de la Roja.
En 2009, Bojan fait partie du groupe entraîné par Pep Guardiola et victorieux de sept trophées. A seulement 19 ans, l’avenir se veut radieux pour lui et son palmarès est déjà bien rempli. Mais tout se détériore rapidement.
La tête ne suit pas, et Bojan reste pudique sur le mal qui le ronge. Le Barça le cède à la Roma en 2011. Après seulement une année au sein du club de la Louve, l’AC Milan obtient son prêt pour une saison, puis c’est le tour de l’Ajax. Faute de s’installer durable en Serie A, Bojan tente le pari de la Premier League et signe à Stoke en 2014.
En cinq saisons outre-Manche, entrecoupées de prêts ratés à Mayence et Alavés, l’international espagnol (une sélection) plante seulement quinze buts et ne peut empêcher la relégation des Potters en D2. Libre il s’engage à l’Impact de Montréal en août dernier et a déjà marqué trois buts en huit matchs avec l’équipe dirigée par Thierry Henry, son ancien coéquipier du grand Barça.
Pato, le gendre idéal exilé en Chine
Seul Brésilien de cette liste, Pato débarque en Europe dès 2008. Doué techniquement et ultra vif, le buteur formé à l’Internacional semble capable d’assurer le renouveau de l’AC Milan dans les années 2010. Adoubé par les illustres anciens de Milan et de la sélection auriverde comme Ronaldo, Kaka ou même Ronaldinho, Alexandre Pato fait vite parler de lui.
Neuf buts en une petite vingtaine de matchs dès sa première saison de l’autre côté des Alpes. Quinze nouveaux pions en Serie A lors de la suivante. L’avenir semble radieux pour le chouchou de Silvio Berlusconi (et de sa fille Barbara).
Pourtant dès 2013 et après deux saisons ratés (et un "titre" de bidon d’or en 2012), l’international aux 27 sélections quitte l’Europe pour rentrer au Brésil chez les Corinthians. Là encore il ne parvient pas à s’y imposer et enchaîne les prêts à Sao Paulo. Lors de la campagne 2015-16, il tente même de se relancer à Chelsea mais ne joue que deux rencontres (pour un but), les pépins physiques l’empêchant de bien s’acclimater chez les Londoniens.
Après une nouvelle saison mitigée du côté de l’Espagne et de l’ensoleillée Villarreal, Pato connaît un exil doré en Chine. En deux ans avec le Tianjin Tianhai, il retrouve un peu de son efficacité (30 buts en 47 matchs de championnat) et décide de quitter son club pour retrouver le Brésil et Sao Paulo. Désormais âgé de 30 ans, le buteur laisse d’énormes regrets en Europe et plus particulièrement à l’AC Milan.
Macheda, baby Fergie n’avait rien d’un diable
Federico Macheda a soulevé le cœur du public d’Old Trafford à seulement 17 ans. Pour ses débuts professionnels avec les Red Devils, le 5 avril 2009, le jeune Italien inscrit le but décisif au bout du temps additionnel lors du succès des Mancuniens contre Aston Villa (3-2). Après deux défaites consécutives en Premier League, l’équipe alors entraînée par Sir Alex Ferguson retrouve la victoire, la première d’une série de sept succès, et s’ouvre une voie royale vers le titre de champion d’Angleterre.
L’attaquant couvé par l’historique manager de Manchester semble lui aussi promis à un brillant avenir. Cantonné à un rôle de doublure derrières les stars offensives (Berbatov, Tevez, Cristiano Ronaldo, Rooney,…), Federico Macheda peine à grappiller du temps de jeu chez les Red Devils et reste bloqué à 19 apparitions en Premier League (578 minutes au total).

S’ensuit une infernale descente vers les tréfonds du football continental avec des prêts globalement décevants au sein de la Sampdoria, à QPR, à Stuttgart ou encore Doncaster et Birmingham. Tentant de se relancer avec Cardiff City en 2014, l’attaquant transalpin voit son aventure tourner court et après seulement deux ans il tente le pari Novara, en Serie B.
Deux nouvelles saisons honorables mais sans plus (onze buts en une cinquantaine de rencontres) lui permettent de convaincre le Panathinaïkos de miser sur lui pendant l’été 2018. En Grèce, l’Italien retrouve un peu de son efficacité d’antan avec quinze buts et cinq passes décisives en quarante apparitions. Bien loin de l’avenir qu’on lui promettait après son premier match sous le maillot de Manchester United.
Belfodil, le successeur raté de Benzema
Orphelin de Karim Benzema, transféré au Real Madrid lors de l’été 2009, l’OL croit tenir son remplaçant avec le prometteur Ishak Belfodil. A l’instar de "KB9", le joueur algéro-français a fini sa formation chez les Gones et débute jeune chez les pros.
Barré par Lisandro Lopez et surtout trop tendre pour aider le club rhodanien à remplir ses objectifs en Ligue 1, Ishak Belfodil doit s’exiler afin de poursuivre sa progression. En 2012, il tente l’aventure en Serie A où Parme lui promet une place de titulaire. En une saison, il tape dans l’œil de l’Inter qui le recrute pour près de dix millions d'euros. Son avenir parait alors tout tracé en Italie.
Mais le buteur des Fennecs ne brille pas chez les Nerazzurri et son aventure en Lombardie tourne court avec un prêt à Livourne puis un retour à Parme. Son deuxième exercice parmesan se passe moins bien que le précédent et Ishak Belfodil décide de céder aux sirènes (et à un juteux contrat) du club émirati de Baniyas. Dans le Golfe, le natif de Mostaganem se relance et séduit le Standard de Liège.
Après un bref passage par la Belgique, Ishak Belfodil s’envole vers l’Allemagne au Werder puis depuis 2018 à Hoffenheim. Sans une blessure aux ligaments croisés du genou au printemps dernier, l’Algérien aurait pu s’installer comme un cadre du club allemand. Au lieu de cela son palmarès reste encore vierge mais à 27 ans, tout n’est peut-être pas perdu pour l’ancien Baby Gone.
Martin, le nouveau Zizou a fait pschitt
Les supporters de Sochaux n’ont pas oublié le duo Boudebouz-Martin. Ceux de l’équipe de France se souviendront sans doute du premier match international de Marvin Martin chez les Bleus, le 6 juin 2011.
Entré en cours de rencontre face à l’Ukraine, le meneur de jeu inscrit un doublé et délivre une passe décisive. Il n’en faut alors pas plus pour l’affubler du surnom de "Nouveau Zidane". Il se retrouve même nommé pour le titre de meilleur espoirs de la saison 2010-11 lors des Trophées UNFP du football.
Handicapé par les blessures (cinq opérations) et les pépins physiques récurrents, l’ancien lionceau ne confirmera jamais au top niveau. Transféré à Lille en 2012, le milieu s’y écroule et n’y inscrit pas le moindre but en 90 apparitions. Au niveau des passes décisives cela se révèle à peine mieux avec douze offrandes.
Si bien que le LOSC accepte volontiers de le laisser filer à Reims en 2017. Au sein du club champenois, Marvin Martin déçoit encore et se retrouve sans club avant de finalement s’engager à Chambly (D2) à la fin de l’été 2019.
Adu, le faux Pelé devenu vrai globe-trotter
Voici peut-être l’un des flops les plus retentissants parmi les cracks de la décennie. Présenté dès l’adolescence comme le futur Pelé (rien que ça) et adoré par les sponsors, Freddy Adu doit incarner le renouveau du soccer aux Etats-Unis.
Doué balle au pied, vif et capable de passes ultra-précises, le phénomène se risque à venir jouer en Europe dès 2007 du côté de Benfica et à seulement 18 ans. Aussi bien au Portugal que lors de ses prêts à Monaco, en Grèce ou en Turquie, le milieu offensif ne laisse pas un souvenir impérissable. Crack en devenir, l’étiquette de flop lui colle désormais à la peau.
Après la fin de son contrat avec le club lisboète en 2011 l’international américain poursuit son tour des destinations exotiques en Europe et dans le monde. Sa brève relance en MLS précède ainsi une expérience en Serbie ou deux aventures en Finlande. Aux dernières nouvelle Freddy Adu cherche toujours un nouveau club afin de poser ses valises suite à l’échec du challenge à Las Vegas. Avis aux intéressés, Freddy Adu c’est un nom connu… et c’est peut-être tout.
Kakuta, l’espoir intermittent et flop à plein temps
Histoire de clore la page de ces cracks présentés trop tôt comme les futures stars du ballon rond, le cas de Gaël Kakuta. Né à Lille, le jeune milieu offensif aurait pu s’offrir une très belle carrière si l’on en croit les observations de ces formateurs au RC Lens. Sauf que le principal intéressé décide de rejoindre Chelsea à seulement 16 ans et après un conflit juridique entre le club nordiste et les Londoniens.
A l’inverse de Paul Pogba, lui aussi exilé rapidement outre-Manche, Gaël Kakuta n’y parvient pas à faire son trou malgré la sympathie de certains cadres londoniens. "Il est vraiment très doué, et je pense qu'un avenir doré l'attend à Chelsea et en équipe de France, lance même alors Joe Cole à son propos. Il est très intelligent, il sait ce qu'il veut et il devrait devenir un grand joueur mais nous ne devons pas lui mettre trop de pression et lui laisser le temps d'apprendre."
Entre l’obligation de résultats de Chelsea et la grosse concurrence, l’espoir tricolore enchaîne six prêts successifs à Fulham, Bolton, Dijon ou encore au Vitesse Arnhem, à la Lazio ou au Rayo Vallecano. Laissé libre par les Blues, Gaël Kakuta s’engage en 2015 avec le FC Séville mais ne reste pas longtemps chez les Andalous. Dès 2016, il choisit l’exil doré en Chine avec le Hebei Fortuna où il gardera contact avec l’Europe lors de prêts à La Corogne ou Amiens.
Auteur d’une belle saison en Picardie en 2017-18, le Franco-Congolais refuse de prolonger l’expérience et préfère effectuer son retour au Rayo Vallecano la saison suivante. Après un nouveau raté en Espagne, Amiens lui tend encore les bras et Gaël Kakuta se retrouve à se battre pour le maintien en Ligue 1 alors qu’il semblait appelé à jouer régulièrement la Ligue des champions lors ses débuts. Entre 2010 et 2020, de nombreux joueurs talentueux se sont perdus en chemin et comme l'international congolais n'auront pas eu la carrière à laquelle leur talent les destinait.