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Mondial de hand : les quatre questions essentielles avant la finale France-Norvège, avec Daniel Costantini

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Daniel Costantini, l’homme qui mena les Bleus à la victoire lors du dernier Mondial à domicile en 2001, décrypte le duel qui attend les Experts face aux Norvégiens ce dimanche (17h30). « Le scénario est idéal », mais gare à la jeunesse de Scandinaves qui n’ont rien à perdre.

L’équipe de France est au rendez-vous de « son » championnat du monde de handball. Ce dimanche (17h30), les hommes de Didier Dinart et Guillaume Gilles auront l’occasion de décrocher le sixième titre mondial de l’histoire des Bleus à l’AccorHotels Arena de Bercy contre la Norvège. Daniel Costantini, sélectionneur des champions du monde 1995 et 2001, membre de la Dream Team RMC Sport, développe les points importants de cette finale. 

La Norvège fatiguée physiquement et psychiquement ?

« C'est tout bénef’. On est dans un sport où les joueurs ont quand même l'habitude, dans ces types de compétition, de parfois redoubler les matchs deux jours d'affilée. Par contre, là, on est en fin de compétition. La finale va être le neuvième match. Le fait que les Norvégiens aient joué des prolongations et aient 24 heures de récupération de moins que les Français peut être un élément important. 

Mais les Norvégiens sont jeunes. C'est peut-être l'équipe la plus jeune avec la Suède. Ils vont bien récupérer. J'imagine ce qui doit se passer chez eux : ils doivent être survoltés, pleins d'adrénaline, même un jour sans match, parce qu'ils sont tellement fiers d'avoir obtenus cette consécration. Mais au bout du compte, le scénario est idéal pour nous, indiscutablement. » 

Objectif déjà atteint pour les Norvégiens ?

« Ce qui arrive aux Norvégiens me fait penser à ce qui nous est arrivé en 1993 : la première finale de la France contre la Russie (28-19 pour la Russie en finale du Mondial, ndlr). Quand on a su qu'on était qualifié pour cette finale, on l'a peut-être trop jouée dans notre tête avant. Mais surtout, on était tellement satisfaits d'avoir assuré la médaille d'argent qu'en fait, ce match, on ne l'a pas joué. On ne l'a pas joué comme on a joué les finales qui ont suivies. Ça, ça pourrait arriver aux Norvégiens. 

Maintenant, il y a un autre élément : peut-être que n'ayant rien à perdre, ils vont proposer un feu d'artifice contre la France, tenter des trucs incroyables, même si ce n'est pas trop le genre des Scandinaves d'innover à ce niveau de la compétition. Mais pourquoi pas ? Si j'étais le coach norvégien, je ne me priverais de rien susceptible de troubler un peu les Français. » 

La pression pour les Français à la maison ?

« L'équipe est bien en place. On bénéficie à plein d'être le pays organisateur. Et il n'y a pas eu d'excès. Je me souviens de la Croatie en 2009. Ils étaient tellement sûrs d'aller au bout et de battre qui que ce soit en finale. Ils se répandaient en médiatisation. Après les matchs gagnés, ils chantaient avec le public pendant une demi-heure.

Ils ne se protégeaient pas, et au bout du compte, on leur a donné la leçon. Et pour eux, c'est une cicatrice indélébile. Perdre une finale chez toi alors que tu es favori... Donc attention, il faut être vigilant. Mais je crois que l'équipe de France, dans sa nouvelle organisation, est prête pour surmonter cet état particulier. » 

Les Bleus plus forts qu’à Rio ?

« Beaucoup de choses ont changé. La direction de l'équipe n'est plus la même, avec ce tandem équilibré composé de Didier Dinart et de Guillaume Gille. Deux joueurs de la même génération avec le même passé, la même expérience, la même jeunesse, la même envie de s'imposer. Ça fait un élément déterminant. 

On a perdu en finale à Rio (aux JO, contre le Danermark 28-26, ndlr), pas à la surprise générale mais au moins à la nôtre. C'est une plateforme de départ intéressante parce qu'on n’a envie de ne pas revivre ça. Et il y a l'apparition dans l'équipe de France de jeunes joueurs qui, non seulement, rajeunissent la moyenne d'âge, et ça on en avait quand même un petit peu besoin, mais surtout qui montrent qu'ils sont déjà des arguments.

Ludovic Fabregas, Nedim Remili… Ils apportent une plus-value avec cette fraîcheur due à leur âge et, quelque part, cette inconscience. Ils ne subissent pas la pression parce qu'ils sont entourés de joueurs qui sont toujours là dans les grands rendez-vous. Et eux, en plus, ils ont l'occasion de s'exprimer. Ces joueurs-là, dans cet état d'esprit là, on ne les avait malheureusement pas à Rio. »

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Nicolas Bamba