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JO 2022: applaudissements, larmes et première place... Un retour à la compétition animé pour Kamila Valieva

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Une semaine après le résultat d’un contrôle antidopage positif, la Russe Kamila Valieva, 15 ans, a pu participer au programme court du concours de patinage artistique ce mardi. Elle est passée par toutes les émotions.

Il est 21h38 en Chine et le visage de Kamila Valieva apparaît sur l’écran géant de la patinoire de Pékin. La jeune fille de 15 ans, veste du comité olympique russe sur le dos, s’apprête à pénétrer sur la glace pour l’échauffement, avec les filles du dernier groupe. Quand la caméra se braque sur elle, une clameur monte dans les tribunes. Le public chinois, mais aussi des membres de la délégation russe, donnent de la voix pour soutenir la championne d’Europe en pleine tourmente. Il y a une semaine, on apprenait qu’elle était positive à un contrôle antidopage effectué le 25 décembre. Après plusieurs recours, le Tribunal arbitral du sport l’a finalement autorisée à concourir. Alors que les filles entrent sur la glace, la speakerine égrène le nom des participantes présentes sur la glace. "For the Russian olympic commitee… Kamila Valieva!" Nouvelle clameur.

À 21h52, c’est le grand moment. Celui que les observateurs attendent depuis une semaine. Kamila Valieva, robe violette et yeux noircis par le maquillage, se présente sur la glace. Elle est encore très soutenue par les spectateurs, plus que toute autre concurrente. Un drapeau russe flotte en tribune. La musique commence, la jeune Russe débute, lance son triple axel mais rate sa réception. Un petit frisson parcourt les tribunes. Finalement, Valieva réussit son passage et, dès la fin de son programme, essaie de contenir ses larmes. Quelques-unes sortiront derrière ses mains qui cachent son visage. Toute la tension accumulée est lâchée, la patinoire applaudit, fort, pendant de longues secondes. Dans une tribune, une banderole en son soutien est déployée.

Score final: 82.16. La patineuse finit première et, dès qu’elle apprend sa note, esquive les journalistes, plus de 70, présents pour avoir sa première réaction. Beaucoup l’attendent, sont descendus en courant, et se disent qu’ils la verront en conférence de presse. En effet, les trois premiers, à chaque fois, viennent y répondre aux questions, c’est le protocole.

Absente de la conférence de presse

La salle de presse se remplit, un écriteau au nom de Kamila Valieva est posé sur le pupitre, au milieu de ses compères qui ont terminé deuxièmes et troisièmes. Mais la conférence prend du retard, le modérateur discute sur le côté avec des membres de l’organisation. La Russe ne viendra pas: "Le comité olympique russe a décidé de ne pas envoyer Kamile Valieva en conférence de presse", est-il annoncé, en précisant que c’est obligatoire uniquement lorsque des médailles sont distribuées. Ce sont donc la Japonaise Kaori Sakamoto (3e) et la Russe Anna Shcherbakova (2e) qui auront droit aux questions embarrassantes.

"Sur ces histoires de dopage, on entend beaucoup de choses, dit Sakamoto. Je ne sais rien sur cette affaire, aucun détail, je ne peux pas la commenter. Si je suis désolée pour elle? Je me concentre uniquement sur le sport et j’essaie de ne pas penser à ce genre de choses". Un journaliste enchaîne: la compétition est-elle équitable? "Je ne sais pas… Mais encore une fois, je ne me concentre que sur mes performances".

À côté, Anna Shcherbakova est aussi interrogée sur sa compatriote. "Je ne dirai rien à ce sujet, désolée", lâche-t-elle. Vient ensuite le thème de leur coach commune, Eteri Tutberidze, à la réputation dure et sulfureuse. "Je suis dans son groupe depuis que j’ai 9 ans. Elle m’entraîne depuis cette période et, si je ne change pas, c’est que j'aime cette coach et qu'on réalise de grandes choses. Ça veut dire beaucoup plus que des mots". Fin de la conférence de presse. Et rendez-vous jeudi pour le programme libre, où Kamila Valieva est favorite pour devenir championne olympique.

Valentin Jamin, à Pékin