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JO 2022: des sites appréciés, pas de ferveur... le bilan mitigé des Jeux de Pékin

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Alors que les Jeux olympiques 2022 se terminent ce dimanche, l'heure est au bilan pour Pékin, qui a réussi à organiser la quinzaine malgré le Covid-19 mais avec un engouement limité.

Après quinze jours intenses, les Jeux olympiques 2022 de Pékin se terminent officiellement ce dimanche, avec la traditionnelle cérémonie de clôture, où Quentin Fillon Maillet guidera la délégation tricolore pour un ultime tour de piste avant l'extinction de la flamme et le passage de témoin à Milan et Cortina, villes hôtes des JO 2026. L'heure est donc au bilan pour la Chine, qui a réussi malgré tout à organiser l'évènement sur fond de Covid-19 et de critiques.

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Une organisation millimétrée

Boycott diplomatique et menace épidémique: en dépit de nuages noirs qui ont plané sur ses Jeux olympiques, la Chine peut se satisfaire d'un sans-faute dans l'organisation malgré des "circonstances difficiles" et un enthousiasme quelque peu refroidi. Covid-19 oblige, sportifs, organisateurs et journalistes sont restés tenus pendant ces Jeux à l'écart de la population, dans une bulle sanitaire et soumis quotidiennement à des tests de dépistage.

Pékin est devenue la première ville du monde à recevoir à la fois des Jeux d'été et des Jeux d'hiver. Mais la version 2022 n'a pas eu grand-chose de commun avec l'atmosphère de fête populaire qui avait accueilli l'édition 2008, perçue comme un symbole de l'émergence du pays sur la scène mondiale.

Les Jeux étaient cette fois "boycottés diplomatiquement" par plusieurs pays occidentaux, Etats-Unis en tête, au nom de la défense des droits de l'Homme. "Avant même qu'ils ne commencent, ces Jeux étaient les plus chargés politiquement" de l'histoire, relève Richard Baka, spécialiste du mouvement olympique à l'Université Victoria (Australie).

Au point que certains redoutaient des prises de position politiques d'athlètes en réponse aux violations supposées de la Chine dans sa région du Xinjiang (nord-ouest). Pékin y est accusé d'avoir enfermé dans des camps de rééducation politique plus d'un million de Ouïghours, une minorité musulmane. La Chine dément ces accusations.

Des sites appréciés

Au moment de découvrir les conditions dans lesquelles il allaient concourir pendant ces JO, les athlètes français se sont montrés enthousiastes, malgré les critiques extérieures sur la neige artificielle. La piste de Yanqing, qui accueille les épreuves de ski alpin, faisait jaser. En cause, les photos aériennes relayées sur les réseaux sociaux montrant une pauvre langue blanche de neige au milieu d’une montagne nue, noire, arbres brûlés par le vent, et sans une seule trace de flocon à côté.

Dans cette région de Chine balayée par le vent, le tapis blanc est rare. Forcément, on a sorti l’artillerie lourde pour créer de toutes pièces ces pistes à grands coups de canons à neige. Ca fait jaser. Pas les Français: "Les gens rêvent ou quoi, se demande Nils Allègre. C’est 80% de neige artificielle même en France. Moi je suis là pour faire du sport. Je m’adapterai. Quand les gens vont skier en France dans n’importe quelle station c’est au moins 60% de neige artificielle."

Du côté de Zhangjiakou, terrain de jeu des biathlètes français, le son de cloche est le même. "Je suis agréablement surpris, avouait Quentin Fillon Maillet avant le début de la compétition. On nous avait dépeint un portrait avec des températures très froides, beaucoup de vent, des neiges sales… Finalement on trouve une piste jolie, qui est sympa à skier, une belle neige avec pas trop de vent. Il fait froid mais pas avec un ressenti qui nous empêche de courir ou de perdre nos doigts. On a le beau temps en plus, c’est vraiment des belles conditions!"

Mais l'image la plus marquante restera le site de big air, installé au coeur d'une ancienne zone industrielle. "La structure en elle-même est très impressionnante, c'est le top pour skier, savourait Tess Ledeux. Mais je préfèrerais être dans la montagne, c'est plus naturel. C'est une expérience d'être dans le centre-ville de Pékin. On est dans les Jeux d'hiver, il faut faire ça dans des pays où il y a de la neige. Mais ils ont fait un boulot de dingue et je n'ai jamais vu ça de toute ma vie."

Un manque d'enthousiasme

Durant ces Jeux, les spectateurs ont brillé par leur absence lors des compétitions. Pour cause d'épidémie, seuls une poignée d'invités ont été conviés en tribune. Et tous ont été priés de respecter un strict protocole sanitaire... dont l'interdiction d'applaudir pour ne pas propager le Covid.

Le comité d'organisation des JO d'hiver de Pékin, qui avait décidé d'annuler la vente de tickets au grand public en raison de la situation épidémique, a annoncé que 97.000 spectateurs invités avaient assisté au total à l'événement, soit plus de dix fois moins qu'aux Jeux de Pyeongchang (2018), où plus d'un million de billets avaient été vendus.

Si la foule a été très éparse sur certains sites, souvent inférieure à la capacité maximale de 30 % prévue par le CIO, d'autres, comme le Big Air, en ont attiré davantage, public gonflé par le personnel intégré à la bulle des JO. La cérémonie d'ouverture, à elle seule, avait assisté 40 000 personnes au "Nid d'oiseau", stade qui peut en accueillir le double. C'est toujours plus qu'à Tokyo pour les JO d'été, qui s'étaient disputés dans un huis clos total.

Le cas Valieva

Les Jeux de Pékin resteront marqués par une retentissante affaire de dopage. A 15 ans, la prodige russe du patinage Kamila Valieva s'est retrouvée au coeur d'une tempête médiatique après un contrôle antidopage positif à une substance interdite. L'athlète, contrôlée positive à la trimétazidine fin décembre mais autorisée à poursuivre les Jeux de Pékin, avait dans son organisme deux autres substances médicamenteuses pouvant être utilisées pour traiter des problèmes cardiaques.

L'adolescente âgée de 15 ans, prodige du patinage artistique russe, a vu sa suspension provisoire décidée par l'agence antidopage russe (Rusada) levée par le Tribunal arbitral du sport (TAS) sans que ce dernier ne se prononce sur le fond de l'affaire. De retour à la compétition et favorite pour l'or, Valieva n'a pas résisté à la pression et a échoué à la 4e place.

Record de médailles pour la Chine

Le triomphe de la skieuse de freestyle Eileen Gu, 18 ans, qui a cimenté son statut de star en Chine en remportant trois médailles, dont deux en or, a aussi renforcé le prestige des autorités. La Chine termine ces Jeux à la troisième place au classement des médailles (15 médailles, dont 9 titres), avec un nouveau record pour des Jeux d'hiver, juste devant le grand rival américain et devant plusieurs puissances européennes des sports d'hiver.

Du côté des sportifs, quatre athlètes ont réussi l'exploit de ramener cinq médailles. Outre Quentin Fillon Maillet, les biathlètes norvégiens Johannes Boe et Marte Olsbu Roeiseland, ainsi que le fondeur russe Alexandre Bolshunov repartent de Pékin avec la plus grosse moisson de médailles de ces Jeux. Montés chacun sur le podium à cinq reprises, ils égalent le record des Jeux d'hiver. Fillon Maillet pouvait devenir le seul à six médailles, mais le Français a échoué d'un rien, en terminant quatrième de la mass-start, sa dernière épreuve.

AS avec AFP