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Judo (championnats d'Europe): Agbégnénou, l’accident de parcours

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Que s’est-il passé ce samedi à Montpellier ? Clarisse Agbégnénou a semblé sans jus. Battue en quart de finale puis en repêchage, elle échoue à la 7e place de l’Euro. A neuf moins des Jeux Olympiques, elle refuse de céder à l’inquiétude.

Avant de descendre à Montpellier pour disputer cet Euro, Clarisse Agbégnénou avait annoncé son désir de basculer en mode dragster. Frapper fort d’entrée de combat. Ce samedi, on a vu tout le contraire, elle s’est retrouvée engluée dans des combats marathons, peinant à dynamiter ses adversaires. Neuf minutes contre la Finlandaise Kanerva au deuxième tour, six face à la Kosovarde Fazliu, et huit contre la Hongroise Ozbas.

"Elle était l’ombre d’elle-même, reconnait Ludovic Delacotte, son coach en équipe de France. Nous savions avec le staff qu’elle ne serait pas à 100%. Peut-être est-elle déjà dans une projection JO. Quand tu viens sur un Euro à la maison c’est pour gagner. Il a manqué pas mal de choses pour que ça bascule favorablement." De l’impact à la saisie, une gestion de la timing et de la distance. Un bon gros package. Pas du tout ce qu’on a vu en mai lors de la conquête d’un sixième titre mondial, ni lors de sa troisième place au Masters en août en Hongrie.

"Je vais travailler"

Après avoir pris le temps de signer quelques paquets d’autographes, la championne olympique s’est présentée très émue devant les micros. "Beaucoup de frustration. Je suis très déçue. Je me dis que c’est bien car j’ai plein d’axes de travail. J’ai affronté des filles compliquées pour moi, que j’aime un peu moins. Ce sont des chemins que j’ai déjà vus auparavant. Ça va me donner de la hargne et me pousser au boulot. C’est bien que cette année 2023 se termine. Elle était assez compliquée. Je vais travailler. Je préfère perdre ici qu’aux Jeux."

En quart de finale, on se délectait de son affrontement contre la numéro une européenne, la Kosovarde Fazliu, contre laquelle elle a perdu pour sa première sortie après la grossesse. Agbégnénou a failli enlever la décision sur un accrochage en golden score avant de tomber sur la tranche sur un uchi-mata de la judoka aux cheveux courts. Fazliu mène maintenant 2-0 contre la Tricolore, une rareté. Ne pas sous-estimer la force de caractère de la Française.

"Ça va la piquer"

"La lionne n’est pas prête de se coucher tout de suite", a-t-elle prévenu. Cette contre-performance donne de l’ampleur à la permanence d’Agbégnénou au plus haut niveau. Hormis l’Euro 2017 où elle ne s’est pas présenté pour un combat pour le bronze, elle n’a jamais raté un podium en grande compétition depuis les Mondiaux 2011 à Paris. "C’est une compétitrice. Elle a fait avec ses armes , elle va revenir. Je ne suis pas inquiet car il y aura un rebond, elle a de l’orgueil, ça va la piquer", avance Ludovic Delacotte. Cet Euro a mis en exergue son besoin de compétitions pour recréer des habitudes. Elle va partir au Japon fin novembre pour un lourd stage remplis de longs randoris. On devrait la revoir en février au tournoi de Paris. Car il s’agit de progresser au classement mondial et rejoindre le top 8 synonyme de tête série (elle était 17e avant l’Euro).

Au rang des satisfactions, son habileté à descendre vite sur un travail au sol. Cela a payé au premier tour puis sur la Hongroise en repêchages, où elle n’est pas loin de finaliser une clef de bras. Sa vie de maman et sa notoriété remplissent son agenda. A-t-elle subi un peu de lassitude ? "J’essaye toujours de lever la tête de m’entraîner, je ne suis pas un robot", a-t-elle lâché. Le chemin post-grossesse est compliqué. Il fallait s’y attendre face à une opposition renouvelée. Le sacre de Doha en mai a peut-être masqué la difficulté de son challenge. Elle sait qu’une telle situation peut se reproduire au moment de sa compétition olympique. Il faudra faire face. Agbégnénou a quitté la salle sur une promesse : "Je reviendrai en force en 2024, bien plus forte que ce que mes adversaires imaginent. Qu’elles ne s’endorment pas !"

Morgan Maury à Montpellier