Visé par une enquête pour agression sexuelle sur une judoka, Eric Despezelle suspendu deux ans

En attendant la suite de la plainte de la judoka qu'il a hébergée et qui l'accuse d'agression sexuelle, Eric Despezelle vient d'écoper d'une suspension de deux ans de carte professionnelle par arrêté préfectoral. Il ne pourra donc pas exercer sa fonction d'entraîneur pendant cette période.
Cette décision, susceptible d'appel, a été prise à la suite du passage de l'entraîneur de judo devant une commission de la jeunesse, des sports et de la vie associative, le 10 septembre. Comme l'expliquait Le Monde, cette commission devait ensuite émettre un avis, transmis au préfet du département, qui pouvait décider de suspendre provisoirement Eric Despezelle, l'interdire définitivement d'exercer sa profession ou l'exempter de toute mesure.
Ancien entraîneur national, Eric Despezelle est visé par une enquête confiée à un commissariat du Val-de-Marne. Au printemps 2024, Léa M., judoka et numéro trois française dans sa catégorie de poids, a porté plainte pour "agression sexuelle et conservation d’images obtenues par une atteinte à la vie privée". Logée, nourrie et blanchie gracieusement chez l'entraîneur âgé de 50 ans célibataire et sans enfants, à quelques pas de l'Insep, elle a découvert qu'il avait installé une caméra miniature dissimulée dans une chaussette, sur une étagère de sa salle de bains privée.
"J'avais peur de ne pas réussir dans mon sport sans lui alors je n'osais rien dire"
"Au fil du temps, il s’est montré de plus en plus intrusif dans mon quotidien et mon intimité, et j’ai fini par prendre vraiment peur quand j’ai découvert cette caméra (...) Je sortais de ma douche quand j’ai vu un signal lumineux", a-t-elle raconté au Monde. C'est à ce moment-là qu'elle dit avoir pris conscience de cette "véritable emprise", même si l'un comme l'autre réfute l'existence de toute relation intime - "on ne sest même jamais fait la bise, on se serrait la main pour se saluer".
"Il m’a dit que j’étais tout ce qu’il aimait chez une femme, (m’a demandé) si je pourrais coucher avec lui et si je pourrais lui faire des enfants. Je lui ai dit que ça me mettait mal à l’aise. Il arrêtait pendant un temps avant de recommencer ses avances", poursuit-elle. L'entraîneur aurait ensuite progressivement dérapé lors des massages de récupération. "Il en profitait alors souvent pour me toucher les fesses et passer au ras de mes parties intimes. J’avais peur de ne pas réussir dans mon sport, sans lui, alors je n’osais rien dire."
Des faits qu'Eric Despezelle nie fermement. "J'ai été accusé de choses que je n'ai pas faites, je vais me défendre devant la commission", a-t-il affirmé au Monde, se disant victime de sa propre générosité et hospitalité. "J’ai bien dû entraîner une cinquantaine de personnes dans ma carrière, depuis 2004, et aucune ne m’a jamais accusé de rien. Je n’ai jamais eu le moindre reproche sur le moindre geste ou la moindre ambiguïté avec des athlètes."
Testé par Teddy Riner
Nommé par la fédération entraîneur national des judokas hommes de moins de 23 ans jusqu’au signalement de Léa M., le technicien reconnu et vice-champion d’Europe en 2000 a été reçu à deux reprises par le DTN Sébastien Mansois, selon L'Equipe. Le principe de précaution a été mis en place, l'éloignant des tatamis en lui confiant une autre mission, et son CDD n'a pas été renouvelé.
Ce qui ne l'a pas empêché de rebondir et d'être choisi, fin 2024, par Teddy Riner comme son nouveau coach. Ce qu'Eric Despezelle a confirmé au Monde, indiquant travailler "bénévolement" avec la star du judo, "en France et au Maroc". Et ce malgré la mise en garde du président de la Fédération française de judo et disciplines associées (FFJDA) Stéphane Nomis, dès l'automne 2024.
Le champion de judo est néanmoins revenu sur sa position position quelques jours après la parution de l'article du Monde et assuré qu'il ne l'avait jamais embauché. "Après les Jeux (de Paris), j’ai voulu changer d’entraîneur. Il y a eu plusieurs tests d’entraîneurs. J’avais annoncé que j’allais travailler avec lui. Quand cette piste a été annoncée, je me suis avancé vers la fédération, qui m’a mis en garde", a déclaré le quintuple champion olympique, le 13 septembre, lors de la journée de la France à l’Exposition universelle d’Osaka. "Du coup, je n’ai pas pris d’entraîneur. Je vais à droite, à gauche mais pour l’instant je n’ai pas encore défini qui sera mon entraîneur sur cette olympiade 2028. (...) Dès qu’on a entendu ces histoires, il n’était pas question que ça devienne mon entraîneur."