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Mondiaux de Natation: comment Léon Marchand a construit son record… sous l'eau

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Nouveau recordman du 400m 4 nages, Léon Marchand a gagné deux secondes et quatre centièmes uniquement sur les coulées. C’est donc en grande partie sur ces phases "non nagées" que le phénomène français a construit son incroyable performance.

La dernière coulée du 400m 4 nages de Léon Marchand a fait rugir (de plaisir) Michael Phelps, qui commentait la course pour la télévision américaine NBC. Après 350m parcourus et 3mn34s11c d'effort, Léon "Aquaman" Marchand a poussé ses ondulations jusqu'à la limite autorisée des 15m sous l'eau (14,77m).

"Quel nageur incroyable", s'extasie Phelps alors que le Français se lance dans une dernière longueur vers le record du monde. Et c'est en grande partie sur ces parties sous-marines, qui étaient déjà la grande force de la légende américaine, que son successeur français a construit son incroyable performance.

Le service optimisation de la performance de la Fédération française de natation (FFN) a décortiqué la course du phénomène (comme il le fait sur chaque épreuve). Et l'analyse montre qu'il a gagné deux secondes et quatre centièmes uniquement sur ces parties "non nagées".

Sur un 400m 4 nages, il y a huit coulées: celle du départ après le plongeon et les sept après les virages, quand le nageur pousse sur le mur. Le règlement limite à 15m (matérialisé par des marqueurs rouges sur les lignes d'eau) chaque coulée. Soit au total la possibilité de passer jusqu'à 120m sous l'eau. "Sous l'eau, il y a beaucoup moins de résistance que sur l'eau, explique Robin Pla, "monsieur data", de la FFN. C'est ce qui permet d'être hydrodynamique. Et on arrive à aller vite sous l'eau grâce à la poussée sur le mur. Une vitesse plus facile à entretenir sous l'eau que sur l'eau."

Qui est Léon Marchand, la nouvelle star de la natation ?
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16:30

100,61m passés sous l'eau

Sur la finale du 400m 4 nages dimanche, Léon Marchand a passé 100,61m sous l'eau, soit 6m de plus que l'an dernier à Budapest. En Hongrie, son dauphin Carson Foster également deuxième dimanche en a passé 81,55m. "Léon passe 20% de temps en plus que les autres tout en étant aussi rapide sinon plus. C'est sans doute ça qui lui permet de battre le record du monde et de construire sa victoire même si on voit que dans la nage il est aussi un peu plus rapide que les autres. Mais la plus grande partie est sur la coulée.

Il y a la distance parcourue sous l'eau, mais elle ne servirait à pas grand-chose sans vitesse. Et la progression sur les 15 premiers mètres de chaque longueur entre son titre mondial de Budapest l'an dernier et la course de dimanche est à souligner. Deux secondes et quatre centièmes de gagnées quand on additionne les chronos des premiers 15m de chaque longueur (8 donc). Et notamment 61 centièmes de grignotés par rapport à Budapest rien que sur la deuxième coulée. "Il y a plus de maitrise que l'an dernier où il avait déjà énormément gagné dans les coulées, continue Robin Pla. Il a réussi à optimiser le rapport distance-temps passé dans les coulées." Des progrès déjà observés lors de ses courses du championnat universitaire américain (NCAA, disputé en bassin de 25 yard) sur les parcours de papillon et de dos. "Il gagne non seulement sur la partie poussée contre le mur et début de la coulée, mais aussi sur ce qui va lui permettre de lancer sa vitesse. En natation c'est plus facile de conserver la vitesse que de créer de la vitesse. Ce qui lui permet d'être plus rapide sur le début de chaque portion de 50m." Un atout maitre dans la poche du phénomène toulousain.  

194: C'est un peu anecdotique mais la cellule optimisation de la performance qui décortique chaque course des Français et de leurs adversaires a comptabilisé 194 coups de bras effectués par Léon Marchand sur la finale du 400m 4n dimanche. C'est exactement le même nombre de coups de bras qu'il y a un an sur la finale des mondiaux à Budapest. La répartition n'est pas exactement la même mais au total, c'est le même nombre de coups de bras.

Julien Richard, à Fukuoka (Japon)