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Natation: Marchand prend le temps de répondre à tous les médias, Bowman s'agace

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Bob Bowman, le mythique entraîneur de Léon Marchand, était agacé samedi soir de voir son poulain passer une heure à répondre aux médias du monde entier. Il veut faire travailler le nageur français sur ces détails hors des bassins.

La scène se passe quelques minutes avant le podium. Cela fait déjà près de quarante minutes que Léon Marchand a décroché son titre mondial sur le 400m 4 nages, et avant d’aller récupérer sa médaille d’or, il retrouve son entraîneur Bob Bowman. "Je lui ai dit je suis fier de toi… Et on se concentre sur la suite (rire), raconte l’ancien mentor de Michael Phelps. Pas d’euphorie, juste un petit hug."

Version un poil édulcorée. Car après les félicitations, il a aussi fait comprendre à son élève qu’il n’aurait pas dû passer autant de temps à répondre aux questions des médias. Marchand aurait dû aller nager 300m pour récupérer, mais il a été happé par les télévisions du monde entier, pas vraiment au goût de l’entraîneur qui est un peu monté en température dans les coulisses de la Duna Arena en voyant les choses s’éterniser.

"On ne peut pas passer une heure à répondre à toutes les sollicitions"

"On doit corriger quelques trucs dans le futur, nous a détaillé Bob Bowman ce dimanche. Quand on gagne une course par exemple on ne peut pas passer une heure à répondre à toutes les sollicitions, mais quatre-cinq minutes. Et je l’ai récupéré au bout d’une heure et c’était un problème (il éclate de rire). Mais bon c’était la première fois… Il doit apprendre qu’il peut contrôler ça également. Il peut dire 'merci, c’est tout' (il le dit en français avec un geste de salut de la main, ndlr). Il n’est pas obligé de rester jusqu’à ce que les questions soient terminées. Mais bon pour la première, on l’autorise."

Bob Bowman, qui a conduit la carrière du plus grand nageur de tous les temps, Michael Phelps, sait de quoi il parle. En 2008, Phelps avait couru 17 courses en une semaine aux JO de Pékin et ramené huit médailles d'or. Grand amateur de musique classique, Bowman sait comment orchestrer la partition parfaite. "Ca fait 20 ans, je connais ça par cœur. J’en sais probablement plus sur les médias que sur le 400m 4 nages… Donc on doit travailler ça", balaye-t-il.

Cinq courses possibles lundi et mardi

Nicolas Castel, l’entraîneur qui a formé Léon Marchand à Toulouse a passé la course aux côtés de Bob Bowman. Les deux hommes sont tombés dans les bras après la victoire de leur poulain.

"Il a une forme d’exigence et en même temps il est cool, relax, observe Nicolas Castel. C’est un peu ce qui fait sa force. Il est toujours dans l’anticipation. Je sais qu’il est déjà tourné vers la suite. La priorité c’était le 400m 4 nages mais il est déjà tourné vers la suite."

La suite, c’est un début de semaine chargé pour le nouveau champion du monde, avec cinq courses en deux jours si tout se passe bien : les séries et demi-finales du 200m papillon ce lundi, les séries du 200m 4 nages mardi matin suivies en soirée de la finale du 200m papillon et des demi-finales du 200m 4 nages.

Une présence calculée à Budapest

"Je pense que c’est un super moment pour faire ça et voir à quoi ça ressemble, en salive Bowman. Parce que c’est très difficile. La première chose qu’il doit faire, c'est passer ici (dans la zone média) quand il aura terminé sa première course, et ne pas vous parler (rire). Il y a vraiment peu de temps entre les deux courses donc il doit apprendre à le faire et je pense que ça ira."

C’était aussi l’un des objectif pour le coach américain en venant à Budapest auprès de son élève français. Gérer une compétition en essayant d’atteindre le très haut niveau sur l’ensemble de la semaine. "Je travaille à le préparer pour ça et c’est une des raisons qui fait que je voulais être avec lui à Budapest. Pour l’aider à intégrer le process car c’est une très bonne étape, une sorte de répétition de ce qu’il rencontrera à Paris. Ce sera un peu similaire."

"Bien sûr la pression ne sera pas la même, mais c’est une compétition de très haut niveau, poursuit Bowman. Et au bout du compte, on l’entraîne pour performer dans des compétitions, et laisser de côté tout ce qu’il y a autour. On travaille sur ça à la maison avec les meetings que l’on fait. On travaille son état d’esprit tous les jours à l’entraînement. Donc étape par étape, c’est ce à quoi je le prépare. Même si je ne lui dit pas ça, c’est ce que l’on fait."

Julien Richard, à Budapest