RMC Sport
EXCLU RMC SPORT

Top 14: "On a remis les choses à plat", assure Maxime Lucu après la fin de saison agitée de l'UBB

placeholder video
Après une fin de saison très agitée en coulisses, marquée par des tensions entre les joueurs et Christophe Urios, une élimination en demi-finale, puis le départ de Cameron Woki au Racing, l’Union Bordeaux-Bègles entend réaliser une saison plus linéaire pour viser les sommets. Maxime Lucu, le demi de mêlée international, évoque la remise en question effectuée cet été au sein du club girondin et se confie pour RMC Sport sur ses ambitions personnelles, avec en point de mire la Coupe du monde 2023.

Maxime Lucu, comment s’est déroulée la préparation estivale ?

Vraiment bien. On a remis les choses à plat après la fin de saison très décevante. On a beaucoup discuté. On a voulu remettre l’équipe sur un nouvel élan et de nouveaux objectifs, et surtout continuer à faire grandir le club de l’UBB. Les nouveaux ont amené énormément de bonnes choses, les jeunes aussi, avec une grosse génération, qui ont été intégrés. Cela a amené beaucoup de sourires et de bonne humeur, pour cela ce groupe est quand même assez extraordinaire. Avec les matchs amicaux, on a dû de suite se mettre dans le bain parce que nous avons pris une claque à Bayonne avant de faire un énorme match dans l’état d’esprit contre Clermont. On monte crescendo. La préparation s’est bien passée mais maintenant, c’est le championnat qui va tout dicter avec un gros calendrier. Il faudra répondre présent d’entrée.

Que fallait-il remettre à plat après cette fin de saison agitée en coulisses ?

Il n’y avait pas énormément à remettre à plat puisque beaucoup de choses ont été dites. Quand on perd douze ou treize matchs sur seize ou dix-sept, c’est beaucoup. Nous étions les derniers de la classe sur la phase retour. Quand on joue les phases finales, ce n’est pas acceptable et ce n’est pas l’image que l’on veut donner de l’UBB. Déjà, nous les joueurs, on a voulu se remettre en question car nous n’avons pas été les meilleurs, ni les plus sérieux sur ces quatre derniers mois. Avec le staff, nous avons aussi remis les choses à plat car nous n’avons pas été bons non plus avec eux. Il a fallu un peu remettre tout le monde d’accord pour repartir du bon pied et aider le staff, et pas attendre que ça vienne toujours d’eux, afin de faire un très bon début de championnat.

Concrètement, qu’est ce qui a changé ?

Pas grand-chose ne change. Mais il ne faut pas installer une routine car on bosse avec un staff depuis trois ans et que le groupe évolue assez peu aussi. Il a fallu instaurer quelques nouvelles choses et que les leaders prennent les choses en main pour aider le staff dans des choses concrètes. On doit prendre le projet en main, ce que l’on ne faisait pas forcément. On avait beaucoup d’attentes du staff et on était là juste pour exécuter. On doit prendre les choses en main et montrer que Bordeaux veut grandir. On se rendait compte que nous n’étions pas à la hauteur sur des matchs de haut niveau ou de phases finales. On prend nous-mêmes le projet pour grandir tous ensemble.

Avec du recul, comment avez-vous vécu cette fin de saison dernière dont on a beaucoup parlé dans la presse ?

J’étais un peu détaché de ça. On avait vraiment envie d’écrire notre histoire. On sentait qu’on pouvait le faire malgré les résultats un peu négatifs sur la fin de saison. Le match du Racing peut en témoigner, nous étions capables de faire de grandes choses quand nous avions décidé de le faire. En demi-finale contre Montpellier, on y était allé pour enfin décrocher une finale mais on est passé à côté du rendez-vous. On n’a pas été à la hauteur. Ce qui a été dit à côté a touché certains joueurs, mais ça fait partie du jeu. On ne pouvait pas parler qu’en bien de Bordeaux sachant que nous n’étions pas performants sur le terrain depuis un bon moment. C’est beau d’être sur le devant de la scène durant huit mois, lorsque l’on jouait très bien et que l’on perdait très peu, mais il faut aussi accepter qu’on puisse nous tomber dessus quand on perd. Le groupe a été un peu touché. Mais avec certains leaders, on a voulu prendre le positif de la situation mais aussi se servir de la fin de carrière de deux grands joueurs, François Trinh-Duc et Louis Picamoles, pour essayer de finir en apothéose. Mais cela n’a pas fini comme ça. Ce qui s’est dit et ce qu'il s’est passé, c’est la réalité de ce qu'il s’est passé sur le terrain.

Depuis, Cameron Woki a rejoint le Racing 92 un an avant la fin de son contrat. Comment avez-vous vécu son départ ?

Déjà, on perd un ami, un bon gamin qui était extraordinaire depuis un an et demi. Sur le plan sportif, on perd quelqu’un qui était hyper important pour le club. On perd un super mec avec qui je m’entendais très bien et avec qui on a vécu des moments incroyables, notamment en équipe de France et ce Grand Chelem. Quand tu es du même club et que tu vis des moments comme ça, c’est incroyable. Cela a été difficile à digérer, mais, comme je lui ai dit, la famille est très importante et il a voulu prendre ce pari du Racing et se replacer auprès de sa famille. On doit l’accepter. On ne peut pas le critiquer même si tout le monde est déçu à Bordeaux. J’espère qu’il va continuer à grandir car c’est un super mec.

"L’année de ma vie"

Vous devez tous avoir les crocs et montrer un visage plus régulier cette saison…

Oui, comme vous dites, nous devons être plus constants dans les grands matchs. Parfois, on fait de super performances à l’extérieur quand on est au pied du mur mais parfois on n’arrive pas à confirmer à la maison face à des concurrents directs qui jouent la qualification. On arrive un peu fébriles sur les matchs de phases finales. La discussion s’est beaucoup tournée autour de ça, savoir ce qui n’allait pas sur ces rencontres alors que pendant huit mois on était bon. On veut que le club grandisse. On ne doit pas oublier que Bordeaux ne se qualifiait pas durant des années et qu’avec ce groupe-là, on arrive à le faire. Personne ne triche mais à des moments on a besoin de prendre en main des choses. On mérite de vivre des choses un peu meilleures mais on doit le faire sur le terrain. Les objectifs resteront les mêmes en se qualifiant parmi les six, mais une dizaine d’équipes le veulent aussi. On a envie de grandir sur les grands matchs. Et si on y arrive, on ne sera pas loin de la vérité et du top 6 qui est le premier objectif. Après, le rêve continuera derrière.

La course au titre s’annonce encore très relevée avec un Stade Toulousain que beaucoup placent comme favori…

C’est souvent le cas lors des années Coupe du monde, les clubs ont fait des recrues phares. Beaucoup de joueurs ont voulu prendre de nouveaux défis ailleurs pour être performants et accrocher l’équipe de France. Des équipes comme Toulouse, Montpellier et La Rochelle ont pris un peu le dessus sur le recrutement avec des renforts intelligents. A Toulouse, avec ses recrues, et la pléiade de grands joueurs notamment derrière, il va y avoir carambolage pour la composition d’équipe. Ça va amener énormément d’émulation. C’est ce que nous racontait Alexandre Roumat (parti de l’UBB cet été), tout le monde veut jouer les premiers matchs. Comme chaque année, Toulouse fait partie des favoris, mais pas que, il y a aussi La Rochelle qui va vouloir venir chercher le Top 14 et Montpellier qui voudra défendre son titre. Énormément d’équipes recherchent ce Graal.

Vous allez justement affronter Toulouse dès la première journée dimanche soir…

Oui, le grand Toulouse avec tous ses internationaux. On ne les a jamais joués au complet. Ils sont toujours venus à Chaban avec les internationaux au repos ou en ayant fait tourner. Cette fois, Toulouse, revanchard de la saison dernière, voudra bien débuter le championnat, comme il l’a fait la saison dernière à La Rochelle. Mais on les attend de pied ferme et on veut se servir d’un Chaban en ébullition pour se jauger.

Le 8 septembre, nous serons un an avant le début de la Coupe du monde 2023. L’avez-vous en tête au quotidien ?

Oui, je ne peux que l’avoir en tête après l’année que j’ai passée. C’était une année de rêve, pas forcément attendue même si je m’étais préparé pour aller chercher ces objectifs-là. Maintenant, j’ai l’objectif de la Coupe du monde. Mais, comme je disais, il faut être performant en club, accrocher les étapes de passage avec la tournée de novembre et le Tournoi des VI Nations. Je veux continuer à performer et à grandir dans ma qualité personnelle. Plus je serai performant en club, plus je serai proche de la vérité même si le championnat est long. C’est l’année d’une vie. Je vais avoir 30 ans et je ne verrai peut-être pas du tout d’autres Coupes du monde à l’horizon. A moi de me donner les moyens d’aller la chercher. Comme l’année dernière, je ne mets pas forcément de pression. J’espère que j’irai au bout mais on a que ce que l’on mérite. Je veux accrocher quelques maillots et peut-être que je ferai partie de l’aventure.

Jean-François Paturaud