UFC 285: qui est Jon Jones, la légende qui fait face au Français Ciryl Gane ?

Il peut signer un exploit majeur du sport français. Mais il va falloir renverser un très grand. Treize mois après avoir raté la dernière marche face à Francis Ngannou, Ciryl Gane peut monter en haut d’un escalier jamais gravi par un représentant tricolore : devenir champion incontesté à l’UFC, plus grande organisation mondiale de MMA (arts martiaux mixtes). Le Vendéen, météorite de la discipline avec un premier combat pro qui remonte seulement à l’été 2018, dispute la ceinture des poids lourds dans l’affiche de l’UFC 285 ce week-end à Las Vegas.
>> Vivez le choc Gane-Jones et l'UFC 285 avec les offres RMC Sport
Face au "Bon Gamin" se dressera la légende Jon Jones, ancien roi des mi-lourds de retour aux affaires après trois ans loin de la cage. Un personnage double face entre la lumière de son talent sportif et l’ombre de ses démons intérieurs. Le côté pile n’a pas d’équivalent. Jon Jones devient champion à l’UFC, chez les mi-lourds, en mars 2011, moins de trois ans après ses débuts professionnels. Le plus jeune de l’histoire de l’organisation, à 23 ans et 8 mois, un record qui tient toujours. Virevoltant, atypique, efficace, son style fascine et offre un mix alors encore jamais vu en MMA.
Derrière, son règne est sans partage. "Bones" (son surnom) éteint les grands noms les uns après les autres. Alexander Gustaffson n’est pas loin de le battre en septembre 2013 mais l’Américain parvient à s’en sortir. Interrompue par plusieurs suspensions, on y reviendra plus bas, sa domination sur les mi-lourds dure jusqu’au début de l’année 2020. Ses dernières sorties sont poussives – beaucoup disent qu’il aurait dû perdre contre Thiago Santos puis Dominick Reyes – mais le garçon a déjà le regard tourné vers autre chose: sa montée chez les lourds, où il veut conquérir une deuxième ceinture qui le placera selon lui définitivement sur le trône dans le débat du GOAT (le plus grand de tous les temps).
Trois ans plus tard, le challenge titillé depuis dix ans est enfin devant lui. Jones a désormais 35 ans et son bilan ne trompe pas: 26 victoires contre une seule défaite, qui n’en était pas vraiment une avec une disqualification pour des coups de coude illégaux dans un affrontement qu’il dominait, mais aussi un record de 14 victoires dans des combats pour un titre à l’UFC. Sa série en cours de 18 combats sans défaite est elle aussi un record. Il aurait même dû avoir celles des victoires consécutives, 16 par l’ancien champion des moyens Anderson Silva, si sa deuxième danse contre son rival Daniel Cormier n’avait pas été transformée en no-contest suite à un contrôle antidopage positif.
La transition parfaite pour évoquer son côté pile. La raison pour laquelle certains lui refusent – et on peut entendre leurs arguments – le statut de GOAT. Son choc contre Gane aurait pu être titré "le Bon Gamin contre le Bad Boy". Tout au long de son parcours, Jones a souvent dépassé la ligne rouge. Cocaïne, alcool, accident de voiture impliquant une femme enceinte où il fuit la scène (avant de revenir chercher de l’argent et une pipe de marijuana qu’il ne retrouvera pas), coups de feu dans la rue, course-poursuite, violences sur une strip-teaseuse ou sur sa compagne: la liste est presque aussi longue que celle de ses victoires.
Ce fils d’un pasteur qui a préféré le combat à l’église va aussi voir deux fois un contrôle antidopage revenir positif. Destitué deux fois de son titre, lâché par ses sponsors, il finit toujours par revenir et gagner. Et l’UFC finit toujours par lui pardonner ses (grands) écarts. Mais son aura et sa réputation sont de plus en plus écornées au fil du temps. Et maintenant? Avec cette montée chez les lourds, effectuée pour "(s)on héritage sportif" et "(s)a place dans l’histoire", Jones s’offre un énième retour. Déterminé et motivé comme il ne l'a plus été depuis longtemps, comme on a pu l’entendre ces derniers jours devant les médias.
Il a renégocié son contrat avec l’UFC, qui court encore sur huit combats selon la rumeur, pour devenir "le lourd le mieux payé de l’histoire" et "le deuxième athlète le mieux payé de l’organisation derrière Conor McGregor" (dixit son conseiller Richard Schaefer). Après avoir régné sur les mi-lourds, il compte faire de même à l’étage supérieur. Si "Bones" redevient "Bones", il a le talent et les qualités pour. Mais Ciryl Gane, qui lui fait face dans une fascinante opposition de styles, a aussi les armes pour faire dérailler tout ça. Marquer à jamais l’histoire du sport français sera à ce prix.