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UFC 317: le "copycat" Ilia Topuria va-t-il dépasser le "modèle" Conor McGregor?

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Souvent comparé à Conor McGregor, et même raillé pour la manière dont il a pu s’inspirer de la superstar irlandaise, Ilia Topuria a l’occasion de conquérir comme "The Notorious" une deuxième ceinture à l’UFC, dans la nuit de samedi à dimanche (à partir de 2h sur RMC Sport 1) contre Charles Oliveira chez les -70kg. S’il y parvient, le combattant hispano-géorgien aura peut-être déjà dépassé, sportivement, la légende décadente.

Il y a la version originale, condamnée pour viol, lancée dans une vraie-fausse campagne présidentielle en Irlande mais dernièrement aperçue dans une boite de nuit d’Ibiza en train de distribuer des coups de poing à un inconnu qui n’avait pas demandé grand-chose. Ce "modèle" de bientôt 37 ans qui n’a plus mis un pied dans l’octogone depuis juillet 2021, et que l’on imagine de moins en moins recombattre un jour avec sérieux.

Et puis il y a le disciple, ou plutôt le "copycat" ("l'imitateur") comme l’a un jour surnommé Max Holloway, toujours invaincu à 28 ans, qui a conquis la ceinture des -66kg, a défendu son titre, et va désormais avoir l’occasion de prendre celui de la catégorie supérieure, comme l’avait fait "The Notorious" contre Eddy Alvarez un soir de novembre 2016.

Alors qu’Ilia Topuria affrontera dans la nuit de samedi à dimanche (à partir de 2h sur RMC Sport 1) l'immortel Charles Oliveira pour le titre des -70kg (laissé vacant par Islam Makhachev) lors du très attendu main event de l’UFC 317 à Las Vegas, difficile de ne pas associer, une fois de plus, la trajectoire du combattant hispano-géorgien à celle de Conor McGregor. Parce que s’il s’impose, le "Matador" deviendra après l’Irlandais le deuxième combattant de l’histoire de l’organisation à être devenu champion des poids plumes puis champion des poids légers. Mais pas uniquement pour ça.

Aussi habile en construction de carrière que redoutable dans la cage, Topuria a tout fait, depuis ses débuts à l’UFC en 2020, et même avant cela au Cage Warriors, pour marcher dans les pas de son aîné. Il y a ce même goût prononcé pour les punchlines au micro, même dans un anglais autrefois hésitant. Il y a ces tatouages, dans le dos ou sur la poitrine, qui relèvent plus que d’une simple inspiration. Ou encore ce chapardage de ceinture avant son combat contre Alexander Volkanovski, reproduction quasi-identique d’une scène entre Conor McGregor et Jose Aldo. Bref, Topuria a joué à fond le jeu de la comparaison, quitte à parfois manquer de personnalité, quitte à parfois gêner l’assemblée, qui ne voyait pas dans le "Matador" le charisme naturel ou le star power de McGregor. Jusqu’à l’année dernière, du moins.

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Topuria-McGregor, une guerre d'égos... et de mots

Car depuis 2024, la donne a changé. Des deux côtés. En battant Alexander Volkanovski par KO en février pour s’emparer du titre des -66kg, puis en couchant Max Holloway – ce que personne n’avait jamais réussi à faire – lors de sa défense de titre huit mois plus tard, Ilia Topuria est entré dans la cour des grands de son sport. Pendant ce temps, McGregor a lui déclaré forfait pour son combat contre Michael Chandler, et multiplié les frasques, jusqu’à ce retentissant procès pour viol en Irlande lors duquel il a été reconnu coupable. Et le torchon, entre l’Irlandais et l’Espagnol, n’a cessé de brûler.

Malgré leurs similitudes, naturelles ou non, Topuria et McGregor n’ont jamais été copains. Topuria a dit avoir ressenti une "énergie négative" dans la personnalité du sulfureux Notorious lors de leur première rencontre, et a plusieurs fois pointé son hygiène de vie. Comme une manière de finalement se dissocier de lui, de s’affirmer. À l’inverse, McGregor ne lui a jamais montré le moindre signe de respect, et n’a jamais voulu en faire son héritier, préférant encourager ses adversaires.

En février 2024, Ilia Topuria lui montrait pourtant encore de l’intérêt… à sa manière. "Conor McGregor, s’il te reste encore un peu de couilles, je t’attends en Espagne", lançait-il au micro lors de l’UFC 298, après son succès contre Volkanovski.

Mais en août, le discours n’était déjà plus le même: "Je le voulais avant, mais maintenant il semble être à la retraite", expliquait Topuria à MMA Junkie. "Depuis combien de temps n'a-t-il pas combattu? À ce stade, il ne mérite pas de partager l'octogone avec moi. Je suis champion du monde. Il l'était, mais maintenant il n'est personne. Il n'est même pas classé. S’il revient, s'il se place dans le classement, pourquoi pas, mais aujourd’hui il ne représente rien d’autre que la drogue et l’alcool." Une véritable déclaration d’indépendance, qui a provoqué l’ire du striker de Crumlin. Après avoir copieusement insulté Topuria en septembre dans un live sponsorisé où il paraissait ivre mort (il l'était sans aucun doute), McGregor a profité d’un passage en Espagne, courant octobre, pour moquer encore et encore les racines du "Matador" et le renvoyer à un statut d’immigré.

"Ce type est malade, il a de vrais problèmes intérieurs", déplorait Topuria en février 2025 dans le podcast Full Send.

"Lorsqu’il a débuté dans les arts martiaux mixtes, il était une idole pour nous tous. C'était un grand combattant, il portait de belles valeurs. Et il a fait beaucoup pour ce sport. Mais à un moment donné, il a trahi toutes les valeurs qui l'ont amené à ce stade. Il est devenu fou, il a commencé à manquer de respect à tous ceux qui l'entouraient. Il était comme ça avec tous les combattants, avec tout le monde." Et Topuria d’émettre, comme disent les Américains, un statement: "Je veux être plus que Conor McGregor", poursuivait-il. "Les valeurs qu'il représente ne sont pas les mêmes que celles que je représente. C'est pourquoi je pense que je serai plus grand que lui. En fait, je suis déjà plus grand que lui. Peut-être que plus de gens le connaissent, mais je ne veux pas que quelqu'un me connaisse de la manière dont lui est connu."

Une notoriété moindre, mais un bilan sportif supérieur?

Ce qui nous amène donc, avant ce choc contre Charles Oliveira, à une vraie question: moins de cinq ans après ses débuts à l’UFC, Ilia Topuria a-t-il déjà dépassé Conor McGregor comme il l’affirme?

En termes de notoriété, d'héritage, la réponse est non. Même s’il est une des figures actuelles de l’organisation, avec Islam Makhachev ou Alex Pereira (Jon Jones venant de prendre sa traite), l’Espagnol – avec ses 9 millions d’abonnés sur Instagram – aura toujours du mal à rivaliser avec le "Mystic Mac", l’homme au bagou inimitable, le champion de toute une génération, suivi malgré ses déboires sur le même réseau par 46 millions de personnes.

D’un point de vue purement sportif, le débat est tout à fait permis. Retournons même la question. Qu’a fait McGregor de plus que Topuria à l’UFC dans la cage? Il a pris une deuxième ceinture, mais le natif de Halle (Allemagne) pourrait en faire de même dans quelques jours. Avec un petit bonus en sa faveur : lui a déjà défendu (avec succès) un titre, ce que l’Irlandais n’a jamais fait. Et sinon ? McGregor a pour lui son superbe run de 2013 à 2015, ses victoires contre les légendes Jose Aldo (en 13 secondes) et Eddie Alvarez ainsi que sa double confrontation mémorable contre Nate Diaz, mais Ilia Topuria a mis du poids dans la balance en s’offrant (avant la limite) les scalps d’Alexander Volkanovski et Max Holloway, deux probables futurs membres du Hall of Fame. En outre, il est toujours invaincu en 16 combats là où McGregor affichait au même stade deux défaites.

Quant au style, la boxe et la gestuelle de McGregor ont, il est vrai, scotché devant leur écran des millions de suiveurs. Mais aucun détracteur de Topuria ne se risquera à dire aujourd’hui que l’Espagnol n’est pas spectaculaire. Lutteur aguerri, il a aussi montré contre des strikers de renom qu’il a de la foudre dans les poings, cette capacité innée à éteindre la lumière. Bien sûr, il doit encore prouver chez les -70kg contre des adversaires d’un autre gabarit, l'ancien champion Charles Oliveira en premier lieu, et convaincre les derniers réticents. Mais Ilia Topuria n'a aucun doute à ce sujet. Ces derniers jours, il a même ouvert la porte à une deuxième montée de catégorie, pour aller chercher Islam Makhachev chez les -77kg. Une confiance inouïe. Comme vous savez qui...

https://twitter.com/clementchaillou Clément Chaillou Journaliste RMC Sport