UFC Paris 2024: Kévin Jousset, une première à domicile... à 20.000 kilomètres de chez lui

Il va enfin combattre chez lui. Mais à près de 20.000 kilomètres de chez lui. Avec Kévin Jousset, le grand public va découvrir LA belle histoire de la troisième édition de l’UFC Paris. Le garçon habite et s’entraîne depuis plusieurs années à Auckland, en Nouvelle-Zélande. Il y a un peu plus d’un an, personne ou presque ne le connaissait dans le MMA français. Et inversement. Mais ce samedi soir, ils seront près de 16.000 dans les tribunes de l’Accor Arena à s’époumoner pour le porter à la victoire contre le dangereux Bryan Battle pour son troisième combat dans la plus grande organisation de MMA de la planète.
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Le conseil d'un ami
La France a découvert ce combattant à travers la télévision. Elle va désormais vivre les présentations officielles. Ancien judoka de niveau national, discipline stoppée suite à une grosse blessure, Kévin Jousset s’exile en Australie, après un détour par l’Écosse, pour vivre une expérience personnelle et améliorer son anglais.
Vu son passé, un ami lui conseille d’aller essayer le MMA. Il se lance en novembre 2016. Le futur pro connaît la chose de très loin, persuadé que le sport se nomme… UFC (erreur classique). Il doit tout apprendre en striking, le pieds-poings, mais les qualités tirées de son ancienne vie de judoka lui donnent des facilités, à l’image de ses amenées au sol virevoltantes qui lui offriront le surnom "Air".
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Des partenaires d'entraînement prestigieux
Il va surtout être vite très, très bien entouré. En Australie, il croise à l’entraînement Alexander Volkanovski, champion UFC chez les -66kg entre décembre 2019 et février 2024, et Craig Jones, sommité mondiale du grappling. Pour améliorer son striking, on lui conseille de se rendre à Auckland pour des séances au City Kickboxing, la salle de coach Eugene Bareman spécialisée dans ce domaine.
Bien accueilli et ravi du contenu sportif proposé, Jousset a trouvé sa nouvelle famille et s’installe pour de bon en Nouvelle-Zélande. Ses partenaires d’entraînement? Israel Adesanya (ancien double champion UFC chez les -84kg) ou Dan Hooker (actuel cinquième du classement des -70kg).
Passé pro, le Français va chercher deux ceintures en même temps dans l’organisation australienne HEX, où Adesanya avait été titré avant de rejoindre l’UFC, et finit par convaincre l’organisation américaine, bien aidé par un coup de pouce (une vidéo envoyée Dana White) signé "Izzy". Jousset rêve de débuts à l’UFC à Paris le 2 septembre 2023. Ce sera une semaine plus tard à Sydney, en Australie, pour l’UFC 293, avec une soumission sur étranglement arrière sur Kiefer Crosbie pour mettre un point d’exclamation sur sa première. Une victoire suivie d’une autre par décision unanime sur Song Kenan trois mois plus tard à Las Vegas.
Le rêve de Paris
Plus remonté dans l’octogone depuis, "Air" n’avait plus qu’un seul objectif après son combat annulé contre Jared Gooden en mai dernier suite à un souci médical pour son adversaire avant la pesée: combattre à Paris devant les siens. Une première pour lui en MMA. Dans un timing finalement meilleur que si elle avait eu lieu il y a un an.
"Avoir deux combats en UFC ailleurs a permis au public français de me découvrir un petit peu, c’est parfait", explique-t-il à RMC Sport.
De son côté, Jousset a pu découvrir les fans tricolores en regardant les deux premiers UFC Paris depuis l’autre bout du monde. Et ça lui donne très envie. "J’ai vu l'ambiance de feu qu'il y avait. C'est quelque chose que j'attends avec impatience. Je sais qu'il y aura de la pression, mais je suis le premier à me la mettre. J'ai de grosses ambitions, je sais ce que je veux, donc la pression est toujours là. Mais rencontrer les fans, ça va être top."
Sans trop de pression? "Kévin a assez d’expérience pour gérer ça, estime Eugene Bareman, venu à Paris pour l’accompagner. Il va devoir contrôler ses émotions car il combat à la maison et c’est toujours un peu différent. Mais il est assez mature pour gérer le public."
Pour gérer le décalage horaire, énorme voyage oblige, Jousset est arrivé en France douze jours avant le combat. Mais pas directement à Paris. Direction Nice pour finir sa préparation au Boxing Squad avec coach Aldric Cassata, avec qui celui dont la famille réside dans la région de Gap s’entraîne quand il revient en France depuis son retour au pays après le combat contre Song Kenan. "J’avais un pied-à-terre ici pour m'entraîner, c'était top. J'ai passé la semaine à Nice et je suis arrivé ce mardi à Paris. C'est une heure de vol, c'est plus facile que les trente de la semaine dernière. Je me sens bien, je me suis bien remis du décalage, pas d'excuse, je suis prêt."
Pas favori de son combat
Pour affronter Battle, Jousset pourra profiter des lumières et des plans du duo Bareman-Cassata en plus de celles d’Andrei Paulet, son coach de lutte à Auckland. Pour avoir eu la chance d'observer la première rencontre des deux coachs dans la salle d’entraînement de l’hôtel des combattants à Bercy, on peut confirmer la qualité de la connexion… "Les deux sont des maîtres dans ce qu'ils font. Ça va être top de tous les avoir dans mon coin." En Nouvelle-Zélande comme en Australie, ses potes de l’autre bout du monde seront debout au petit matin pour voir son combat. Il les retrouvera deux semaines après l’UFC Paris, une fois le mariage d’un ami en France passé. Avant de vite penser à un retour dans la cage.
"Si ce combat se passe comme je le souhaite et qu'il n'y a pas de blessure, je pourrai recombattre avant la fin de l'année", imagine le Français.
Il faudra d’abord passer l’obstacle Battle, pour lequel il ne se présentera pas en favori des bookmakers. Pas simple. "C’est un gros combat, face un très bon adversaire qui a de l’expérience et pas mal de hype. Je m'attends à un combat difficile mais je me suis entraîné très dur pour le rendre le plus facile possible. Je suis prêt à tout. Je vais tout faire pour le terminer avant la limite. Je le ferai intelligemment car c’est la victoire qui compte mais je veux vraiment montrer que je suis l’un des meilleurs dans ma catégorie. Si je le bats de manière impressionnante pour mon premier combat en France, l’UFC sait que mon nom peut exploser. C’est parfait."
Une victoire le rapprocherait de son premier objectif à l’UFC: le top 15 des -77kg. "Si je bats Battle et que je recombats en décembre, je pense que ce sera quelqu'un proche du top 20. Et le combat d'après, sûrement contre un top 15." Et un top 10 pour un retour de l’UFC en France en 2025? Cet ambitieux qui a commencé le MMA sur le tard et n’a plus de temps à perdre (il a 31 ans) rêve d’un tel chemin. A lui de faire le boulot pour le matérialiser.
La mission de Kevin Jousset commence à Paris. Où les autres Français de la carte ont tous pu échanger avec lui en face à face pour la première fois. Et où le public qui ne le connaît pas bien va découvrir un guerrier généreux. "Je suis quelqu’un qui n’a pas peur d’en prendre pour en rendre. J’ai l’âme d’un combattant, tout simplement."