UFC Paris 2025: favelas, burgers et Makélélé... Comment Imavov a musclé son jeu en dehors de la cage

On n’en fera jamais un moulin à paroles, un habitué des podcasts comme certains de ses confrères américains, ni un adepte du trash-talking vulgaire et agressif. Parce que ce n’est pas lui, parce qu’il n’aime pas ça, et parce qu’il a pu être touché dans un passé récent par les attaques outrancières de certains adversaires, le sulfureux Sean Strickland en premier lieu. "Trash, si on traduit, c’est la ‘poubelle’, non? Moi, je ne veux pas m’identifier à une poubelle", lançait Nassourdine Imavov en février, après sa victoire retentissante contre Israel Adesanya à l’UFC. "J’ai envie de ramener de la simplicité et de garder du respect dans ce sport."
Ceux qui suivent l’actualité du combattant français en dehors de la cage ont toutefois pu remarquer ces derniers mois un peu, voire pas mal de changement dans sa communication. Le "Sniper", qui a toujours dit préférer l’ombre à la lumière, là où un Ciryl Gane est par exemple devenu une véritable personnalité publique, s’est davantage ouvert.
On l’a vu accorder des interviews à des médias généralistes ou culturels, comme Clique ou Views, faire ces derniers jours la couverture d'un supplément de Technikart, et se prêter au jeu de la promo, voire même de la provoc', avant son combat contre Caio Borralho chez les -84kg, en main event de l’UFC Paris 2025 ce samedi 6 septembre (sur RMC Sport).
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Le sniper des réseaux sociaux
Alors qu'il s'apprête à affronter un adversaire très bavard et très actif en ligne, Nassourdine Imavov a cette fois accepté le match des réseaux pour faire monter la sauce. Fin juin, le striker et son équipe ont ainsi posté une première une vidéo soignée, et tournée au Brésil, pour moquer le leader des Fighting Nerds sur ses terres.
Le combattant français s’est également mis en scène mi-août, dégustant un bon gros burger et des frites sur son canapé, pendant que le pauvre Brésilien – remplaçant inutile du choc Du Plessis-Chimaev à Chicago – montait sur la balance de l’UFC, après un cutting (inutile aussi, forcément) que l’on imagine éprouvant.
Un joli doublé, avant la vidéo... du 3-0. Pas plus tard que ce lundi, Imavov a convoqué Claude Makélélé, son légendaire "Brésil ou pas, m'en bats les couilles", et des images de la finale de la Coupe du monde 1998 pour rappeler à Caio Borralho que Paris et la France n'ont pas toujours souri à ses compatriotes. Un montage qui a de nouveau cartonné en ligne, et contribué à la popularité grandissante du combattant tricolore.
"C’est une petite réponse à Caio Borralho: on est plus fort que toi sur les réseaux, et dans la cage"
"Depuis qu’il a changé son mode de communication, il y a beaucoup plus d’amour pour Nassourdine. Je vois les fans français qui sont montés dans le train maintenant", observe Baba Diagne, spécialiste MMA et commentateur pour RMC Sport. Beau joueur et très bon communicant, Caio Borralho – qui a provoqué Imavov pendant des mois pour obtenir le combat – a lui-même tiré son chapeau au Français.
"Mec, tu me tues, c’est bien joué", avait commenté le Brésilien sur Instagram.
Pour ne pas perdre la face, Caio Borralho assure pourtant être l'instigateur de cette passe d'armes. "Je pense qu’Imavov a commencé à parler uniquement grâce à moi, il devrait me remercier car désormais tout le monde a les yeux rivés sur lui", glisse le "Roi des Nerds" à RMC Sport. "Il avait de belles victoires et un beau CV, mais il n’était pas bon sur les réseaux, pour faire la promotion d’un combat notamment. Je l’ai poussé à faire ça."
C'est possiblement vrai, en partie. Mais Imavov analyse les choses différemment. "On a choisi ce fight-là pour ça", rétorque le "Sniper". "On savait que ça allait vendre ce combat et qu’il y avait de quoi faire. C’est une petite réponse à Caio Borralho: on est plus fort que toi sur les réseaux, et dans la cage."
Travail d'équipe et légitimité
Pour le prouver, Nassourdine Imavov s'est entouré depuis des mois déjà de toute une équipe, avec son manager Yunes Benabdelouahed en chef d'orchestre, en cerveau des opérations. "On s’occupe à la fois du management, du matchmaking, mais aussi de la gestion de la communication", expliquait-il la semaine passée dans le podcast Fighter Club de RMC. "On crée du contenu pour nos athlètes, on trouve la ligne édito sur laquelle il faut parler, le ton, quel personnage il est… On travaille beaucoup sur ça." "C’est mon équipe qui fait un bon travail", reconnait Imavov. "On vend le combat à notre manière."
Avec une dose d'humour donc, et en affichant sa confiance. Car après avoir nettoyé une partie du Top 10 de sa catégorie (Dolidze, Cannonier, Allen, Adesanya) en l'espace d'un an, et atteint le rang de numéro 1 de sa division à l'UFC, le sanguin "Sniper" semble s'être affirmé. "J’attends de prouver d’abord avant de parler", confiait-il en juillet.
"Aujourd’hui je suis numéro 1, je suis légitime, je crois que je peux parler. Mais je fais les choses à ma façon, il n’y a pas besoin d’insultes et toutes ces conneries."
Tandis qu’il s’est fait doubler par la superstar Khamzat Chimaev – un spécimen d’une espèce à part – dans la course à la ceinture, et qu’il est désormais "menacé" par Borralho, ainsi qu’Anthony "Fluffy" Hernandez et Reinier de Ridder pour l’obtention du prochain title shot, peut-être Nassourdine Imavov a-t-il aussi compris qu’aux yeux de l’UFC, les performances dans l'octogone ne suffisent pas toujours, et qu’il est important de savoir vendre une affiche, de raconter une histoire. Même si l’essentiel, évidemment, n'est pas là.
Samedi soir, dans un combat où il jouera encore très gros, et qui pourrait enfin lui ouvrir les portes d’un choc pour le titre, les 16.000 spectateurs de Bercy n’attendront pas d’Imavov qu’il enflamme la salle avec sa bouche. Non, ils voudront le voir mettre fin à la hype brésilienne avec ses poings, choquer le monde une nouvelle fois, et consolider sa place de prétendant numéro 1 au trône. Ça tombe bien: c’est encore l’exercice qu'il préfère.