Roland-Garros: comment se sont passées les trois défaites de Nadal en 113 matchs

113 matchs, 110 victoires, 3 défaites. Avant sa demi-finale contre le n°3 mondial allemand Alexander Zverev, ce vendredi (14h45) sur le court Philippe-Chatrier, Rafael Nadal affiche un bilan impressionnant à Roland-Garros. L'Espagnol est en quête d'un 14e titre sur la terre battue de la Porte d'Auteuil. Depuis ses débuts, il n'a perdu que face à deux adversaires: Robin Söderling en 2009, Novak Djokovic en 2015 et 2021.
· Söderling en 2009, la piste de l'angine secrète
Après trois premiers matchs sans abandonner la moindre manche, le premier set ressemble à un curieux (mais gros) accident. D'autant que le deuxième lui revient, même s'il doit aller au tie-break. Certes, à la suite des finales remportées à Monte-Carlo et Rome contre Novak Djokovic, il y avait eu cette alerte à Madrid contre Roger Federer. Mais là, il s'agissait seulement de Robin Söderling, 25e mondial, dont le meilleur résultat en Grand Chelem était un banal 3e tour l'année précédente sur cette même terre battue.
Sauf que la catastrophe se confirme au bout de 3h30 de jeu: Rafael Nadal est bien été éliminé en quarts de finale par l'adversaire qu'il avait sèchement battu (6-1, 6-0) un mois plus tôt. L'AFP résume ainsi: "Nadal a été constamment dominé. (...) Paraissant lent, le n°1 mondial n'a pratiquement jamais réussi les coups extraordinaires qui l'ont porté à la tête du tennis mondial. Ni passings, ni coups droits d'attaque ne sont sortis de sa raquette. Il a eu presque systématiquement le dessous dans l'échange. Il a aussi été incapable de trouver une solution tactique au problème posé par le Scandinave. Il s'est entêté à jouer le coup droit de Soderling, souvent beaucoup trop court, et s'est exposé à la punition".
Comment expliquer un tel séisme? "Je n'ai pas joué mon meilleur tennis, commente l'Espagnol. Je n'ai pas attaqué quand il le fallait. J'ai joué très court et je l'ai permis d'évoluer à ce niveau. La vérité est que je n'ai jamais été très calme. Le match a très mal commencé pour moi et, parfois, il ne suffit pas de se battre. Il faut jouer à un bon niveau". Un manque de concentration et une mauvaise stratégie, donc.
En mai 2020, dans un live sur Twitch, Jo-Wilfried Tsonga a apporté un autre point de vue: "Rafa ne le dira jamais parce qu'il n'aime pas s'exprimer comme ça, mais c'est vrai que lors de sa défaite contre Söderling, il était malade. Et on le savait tous qu'il avait une angine et qu'il n'était pas bien du tout". S'il était vrai, ce secret aura été bien gardé.
· Djokovic en 2015, un plan bien rodé
En quête d'un 10e titre parisien, "Rafa" arrive en tant que 7e mondial, dans une forme physique délicate et en manque de confiance (un seul titre sur terre battue, à Buenos Aires). Tout l'inverse de Novak Djokovic, n°1 à l'ATP, vainqueur de l'Open d'Australie, mais aussi des Masters 1000 de Monte-Carlo et Rome. À Monaco, il s'impose d'ailleurs sans trop d'encombres face à l'Espagnol (6-3, 6-3). Et c'est finalement pareil dans ce quart de finale. Le "Roi" tombe en seulement trois sets et 2h30 sur le court central: 7-5, 6-3, 6-1.
Là encore, Nadal tombe en étant bousculé d'entrée. "Nole" réussit à mener 4-0 en prenant 16 des 20 premiers points en un quart d'heure. Certes, le score affiche ensuite 4-4. Mais Djokovic se remet en selle (45 coups gagnants contre 16) avec une stratégie décrite par son ancien coach Marian Vajda: "Je lui avais notamment demandé de prendre la balle très tôt, d'accélérer le plus possible. Sans changer son approche et la qualité de son revers, il n'aurait pas dominé Rafa".
· Djokovic en 2021, revanche perdue
C'est un de leurs duels les plus spectaculaires. Qui plus est dans un contexte particulier, celui de la pandémie. Les spectateurs avaient obtenu une dérogation de couvre-feu, à la dernière minute, pour profiter pleinement. Un an après la finale à sens unique en faveur de Nadal, Djokovic prend sa revanche en s'adjugeant cette demi-finale 2021 en quatre sets: 3-6, 6-3, 7-6, 6-2.
Les pronostics étaient plus incertains qu'en 2015. Nadal se présente comme n°3, avec Rome et Barcelone en poche, mais des défaites à Monte-Carlo et Madrid. Djokovic, encore leader mondial, a justement été battu par l'Espagnol dans la capitale italienne, après avoir échoué en demie à Belgrade et en huitièmes à Monte-Carlo face à Daniel Evans.
Cette fois, Nadal est aux anges dans le premier set. Il colle un 5-0 à son rival, en plus de lui avoir retiré une balle de break. Mais le "Djoker" est monté en puissance dès la fin de la première manche. Avec un niveau dingue, le Serbe brille dans ses déplacements, dans les amortis, dans les services. L'Espagnol ne peut pas suivre le rythme, d'autant que des ampoules le font souffrir dans le quatrième set. "C'était le match le plus spécial que j'ai joué à Paris, et même de toute ma carrière", dira Djokovic.