F1: Charles Leclerc est-il maudit à Monaco?

Certains grands pilotes de Formule 1 ont parfois du mal à briller sur leurs terres. L’immense Ayrton Senna a dû patienter sept ans pour s’imposer chez lui au Brésil, l’Espagnol Fernando Alonso a attendu 2006 et sa sixième saison en F1 pour monter sur la plus haute marche du podium de son Grand Prix national. Doucement mais sûrement, Charles Leclerc se fait une place parmi ces talentueux pilotes ayant du mal à performer sur leur terre. Roulant dans les rues monégasques depuis 2017 et son titre en Formule 2, Charles Leclerc n’a jamais briller sur le mythique Grand Prix de Monaco. Entre casse mécanique et accrochage, il espère conjurer le mauvais sort ce week-end.
Largement dominateur pour sa première saison en Formule 2, antichambre de la F1, Charles Leclerc arrive à Monaco en ayant décroché toutes les poles positions et remporté deux courses depuis le début de la saison. Le Monégasque poursuit sur son 100% en qualification en réalisant un tour parfait. Mais en course, alors qu’il est toujours dans le jeu pour s’imposer, l'électronique de sa Prema le lâche et l’oblige à rentrer au garage. Une première mésaventure qui en appellera d’autres. Lors de la deuxième course de la manche monégasque, Leclerc est cette fois victime d’un problème de suspension. Là aussi, l’abandon s’impose.
Malgré ses péripéties monégasques en F2, Charles Leclerc remporte haut la main le titre et signe chez Sauber pour la saison 2018 de Formule 1. Si sa voiture ne lui permet pas de jouer les premiers rôles, il est pour la première fois en position de boucler son Grand Prix. Mais à seulement huit tours du drapeau à damier, alors qu’il est à la poursuite du Néo-Zélandais Brendon Hartley, ses freins le lâchent dans la nouvelle chicane, près du port. Leclerc tire tout droit et arrache l'arrière de la voiture du malheureux Hartley. Nouvelle fin de course prématurée.
2019: nouvel accrochage, nouvel abandon
Nouvelle saison, nouvelle voiture et nouvelles possibilités. Tout juste promu chez Ferrari, Leclerc à toutes les cartes en main pour jouer des coudes avec la Red Bull et la Mercedes à l’avant. Avec sa Ferrari, il réalise le meilleur temps de la troisième séance des essais libres. Mais une erreur stratégique de la Scuderia lors des qualifications le sort dès la Q1. Il ne part que 16e sur la grille.
Remonté au 12e rang durant la course, le “Petit Prince” est au prise avec Nico Hülkenberg pour se rapprocher des points. A l’attaque dans le virage de la Rascasse, la porte se ferme brusquement pour le Monégasque, qui s'accroche avec le pilote allemand de la Renault. Une de ses roues arrière étant crevée, il doit s'arrêter au stand. Il abandonnera un peu plus tard dans le Grand Prix, la faute à des dégâts trop importants.
Les “No, no, no” émanant de la radio de Charles Leclerc lors du tour de formation du GP de Monaco édition 2022 résonnent encore dans le long tunnel longeant la Méditerranée. Alors qu’il réalisait le week-end parfait après avoir décroché la pole position la veille, Leclerc ne prend pas le départ de son Grand Prix en raison d'une boîte de vitesses endommagée la veille après un accident en fin de qualification. Il n’aura pas l’occasion de positionner sa monoplace frappée du cheval cabré en première ligne. Direction les stands avant même le début de la course.
Loin du stress du championnat du monde de Formule 1, qu’il a commencé tambour battant avec deux victoires, Charles Leclerc se paie du bon temps dans sa Principauté en prenant le départ du Grand Prix historique, organisé chaque année avec des monoplaces vintage. Pilote Ferrari oblige, Leclerc est catapulté au volant de la Scuderia de 1974 conduite par le triple champion du monde Niki Lauda (1975, 1977 et 1984). Comme en 2019, le virage de la Rascasse est fatal au Monégasque, qui perd ses freins et fonce dans le rail. La voiture de collection endommagée, “Perceval” sort du baquet déboussolé et est tout de suite rassuré par une autre légende de la F1: Jacky Ickx.
Après autant de mésaventures sur ses terres, Charles Leclerc est bien décidé à conjurer le mauvais sort ce week-end dans les rues étroites du Rocher. Avec une des voitures les plus performantes du plateau et un capital confiance conséquent après un début de saison solide, Leclerc peut y croire. Et, fait assez rare, la pluie pourrait s’inviter sur la Principauté dimanche... comme lors du Grand Prix du Brésil 1991, où Senna avait enfin triomphé devant les siens.