
Betclic Elite: Bilal Coulibaly, l’autre pépite de Boulogne-Levallois qui sort de l’ombre de Wembanyama
Dans la dernière ligne droite avant la draft, difficile de trouver un meilleur porte-parole que celui que toute la NBA attend. "À présent, tout le monde sait qu’il mérite d’être dans le top 10 de la draft. Mais pas assez de gens réalisent qu’il mérite d’être dans le top 5."
Les mots sont lâchés par Victor Wembanyama au sujet de Bilal Coulibaly le 4 juin dernier, au soir de la qualification de Boulogne-Levallois en finale de Betclic Elite après sa victoire face à l’ASVEL dans le match 4 de la demi-finale. Et si l’on peut accuser le futur N°1 de la draft de manque d’objectivité, le principal intéressé étant tout simplement son coéquipier au sein des Mets 92, difficile de complètement lui jeter la pierre.
Une progression fulgurante
À seulement 18 ans (il en aura 19 à la fin du mois de juillet), Coulibaly a connu une progression fulgurante. Au tout début de saison, il évoluait principalement avec les espoirs. Quelques mois plus tard, le voilà joueur majeur d’une équipe qualifiée pour la finale de Betclic, avec un premier affrontement face à Monaco ce samedi à 20h30. "On savait qu’au mois de janvier, il ne jouerait plus qu’avec les pros, confiait Philippe Sudre, directeur du centre de formation de Boulogne-Levallois, dans les colonnes de Ouest-France il y a quelques semaines. Il n'a fait que confirmer le potentiel qu’on avait estimé en lui."
"On a tout gagné chez les moins de 13 ans. Il mettait 30 points par match mais il aurait pu en mettre 50 si je ne l'obligeais pas par moments à ne dribbler que de la main gauche ou à ne faire que des passes pour le faire travailler."
Si la stratégie des Metropolitans 92 avec leur diamant s’est avérée payante, les dirigeants du club des Hauts-de-Seine ne s’imaginaient pas le voir atteindre un tel niveau aussi vite. Son temps de jeu illustre parfaitement son explosion: un peu plus de quatre minutes en moyenne sur les 16 premières journées de Betclic Elite, 18 minutes sur l’ensemble de la saison régulière… et 27 minutes en playoffs. Preuve de sa maturité, il s’est révélé en phase finale dans les moments qui comptent. En demi-finale face à l'ASVEL, il a terminé deuxième meilleur marqueur du match 2 (15 pts) et du match 4 (16 pts), à chaque fois derrière Barry Brown… mais devant un certain Victor Wembanyama (13 et 15 pts). "Oui, c’est l’équipe de Victor mais pas que. C’est aussi l’équipe de Bilal et de quelques autres, a d’ailleurs lâché Vincent Collet, le coach des Mets, après la qualification en finale il y a quelques jours. Sa progression est bluffante. Comme tout le monde, je suis impressionné par ce qu’il fait."
MVP d'un match d'exhibition contre le fils de LeBron James
Le talent de Coulibaly est connu depuis longtemps. "On a tout gagné chez les moins de 13 ans. Il mettait 30 points par match mais il aurait pu en mettre 50 si je ne l'obligeais pas par moments à ne dribbler que de la main gauche ou à ne faire que des passes pour le faire travailler", se souvient Manuel de Carvalho, son coach en U13 lorsque Coulibaly évoluait à Courbevoie (Hauts-de-Seine), pour L’Equipe. Dans les catégories jeunes, il a notamment fait partie de la sélection des moins de 13 ans des Hauts-de-Seine sacrée championne de France 2017 aux côtés… de Wembanyama. Si son éclosion a été un peu plus lente que celle du très probable futur joueur des Spurs, avec notamment une croissance plus tardive, il a quand même eu quelques faits d’armes avant d’exploser en cette fin de saison avec les Mets.
Le plus récent est incontestablement celui réalisé en août 2022 lors de l’Axe Euro Tour, un match de gala organisé à Nanterre entre les meilleures pépites françaises de l’agence Comsport et une équipe d’espoirs Américains. Face à une sélection notamment composée de Bronny et Bryce James mais aussi de Justin Pippen, respectivement fils de LeBron James et Scottie Pippen, Coulibaly inscrit 26 points et s’adjuge le trophée de MVP de la rencontre. Quelques jours plus tôt, il avait déjà brillé sous le maillot de l’équipe de France lors de l’Euro U18, avec notamment une pointe à 19 points (à 8/9 au tir) en phase de groupes.
"Un cocktail unique de taille, de longueur, d’envergure et d’explosivité"
En dehors de ces performances au scoring, Coulibaly brille avant tout par sa polyvalence. Ailier d’1,99m doté d’une envergure supérieure à la moyenne pour un joueur de cette taille, il sort du lot grâce à ses qualités athlétiques. "Un cocktail unique de taille, de longueur, d’envergure et d’explosivité", résume Jonathan Givony, le spécialiste de la draft NBA pour ESPN. Déjà très sérieux défensivement, comme en témoigne sa présence quasi systématique dans les fins de match brûlantes lorsqu’il s’agit d’empêcher l’adversaire de scorer, il est déjà très efficace offensivement (57% au tir, 45% à trois points lors de la saison régulière de Betclic Elite). "C’est un garçon qui travaille tous les jours, qui est à l’écoute, qui est discipliné. Il a une vraie élégance dans le jeu, tout en étant très efficace", résumait Philippe Sudre auprès de BeBasket en janvier dernier.
Même si de telles performances auraient forcément suscité un intérêt de la NBA, peu importe son équipe, le jeune homme a su profiter des nombreux projecteurs braqués sur Wembanyama pour attirer un peu de lumière sur lui. Et c’est déjà un petit exploit, tant l’ombre du joueur de 2,22m est imposante. Toujours très fans des joueurs présentant un tel potentiel physique, les recruteurs NBA avaient déjà braqué leur jumelle sur lui depuis un moment. Alors qu’il était initialement pressenti pour se présenter à la draft 2024, Coulibaly, conscient d’être entré dans une autre dimension, a décidé de tenter sa chance dès cette année pour la draft 2023 (dans la nuit du 22 au 23 juin prochain).
Top 15 de la prochaine draft ?
Il y a encore quelques semaines, les médias américains pronostiquaient une sélection à la fin du premier tour ou au début du second, entre la 25e et la 35e place. Mais sa cote n’a cessé de grimper au fil des matchs de playoffs disputés avec les Mets 92, au point de le voir intégrer le top 15 dans les prévisions des médias américains les plus sérieux. Il figure toujours derrière l’intouchable Wembanyama, mais cela fait de lui le deuxième prospect français le plus attendu devant Rayan Rupert (New Zealand Breakers), Sidy Cissoko (G-League Ignite) ou encore Nadir Hifi (Paris Basketball).
Sauf mauvaise surprise, Coulibaly et Wembanyama sont d'ailleurs sur le point de marquer l’histoire du basket français dans la nuit du 22 au 23 juin à Brooklyn. Les deux coéquipiers des Mets 92 peuvent devenir les premiers Tricolores évoluant dans le même club à être draftés au premier tour depuis Mickaël Piétrus et Boris Diaw (11 et 21e) en 2003. À l’époque, les deux joueurs avaient quitté Pau sur un titre de champion de France. Pour Wembanyama et Coulibaly, cela passera par gravir l’Everest monégasque lors de cette finale au meilleur des cinq matchs. Cinq matchs pour quitter l’Hexagone sur un sacre. Et pourquoi pas, pour Coulibaly, faire exploser encore un peu une cote qui n'en finit plus de grimper.