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Cyclisme: comment Mauro Gianetti, le patron de Tadej Pogacar, aurait fait pression pour étouffer une affaire de dopage en 1998

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Avant le Tour de France 2025, Radio France a publié une enquête pour raconter comment Mauro Gianetti, le patron de l'équipe UAE Emirates de Tadej Pogacar, avait fait pression pour étouffer son affaire de dopage survenue en 1998.

Un passé encombrant. Manager de l'équipe UAE Emirates-XRG de Tadej Pogacar, Mauro Gianetti doit à nouveau faire face à son histoire de dopage, survenue en 1998. Après une défaillance lors d'une étape du Tour d'Italie, le Suisse s'était retrouvé hospitalisé. Une enquête de Radio France raconte comment l'actuel dirigeant de la meilleure équipe cycliste du monde avait fait pression pour étouffer son affaire.

Transféré au CHU de Lausanne en raison de la gravité de son état, Mauro Gianetti avait été placé sous coma artificiel par les médecins, qui suspectaient un choc toxique lié à un staphylocoque. Celui qui évoluait alors à la Française des Jeux était resté douze jours à l'hôpital. Pour être soigné, Gianetti avouait qu'il avait réalisé une injection de perfluorocarbone (ou perfluorocarbure, dit PFC) en intraveineuse.

Gianetti accusé d'avoir commis un "geste extrêmement dangereux"

Selon Radio France, Mauro Gianetti avait dilué le PFC, un substitut sanguin susceptible d’améliorer le transport de l’oxygène dans l’organisme, avec de la lécithine (un émulsifiant).

"C’est un geste extrêmement dangereux”, a indiqué une source médical alors que le PFC n’a jamais obtenu d’autorisation de mise sur le marché en raison de sa dangerosité. Si l'aveu de Gianetti figure dans son dossier médical, deux médecins du CHU de Lausanne avaient fini par porter plainte contre X pour faire la lumière sur ce mystérieux malaise.

"Mon silence a été acheté"

Mauro Gianetti avait rapidement déposé un recours devant le tribunal administratif du canton de Vaud, avec l'objectif de préserver le secret médical, qui aurait pu être levé pour permettre à la justice d'enquêter sur l'origine de ce PFC. Un recours accepté, bloquant ainsi toute procédure. Les deux médecins en question n'avaient eux pas soigné directement le Suisse et n'étaient donc pas tenus par ce secret médical.

Gianetti avait fini par poursuivre en justice les deux médecins, leur envoyant des commandements de payer 3 millions de francs suisses à l'un et 900 000 francs suisses à l'autre. “Le problème c’est que ces commandements de payer restent inscrits à l'Office des poursuites", a témoigné l'un des médecins. "Et quand vous demandez un emprunt bancaire, cela ressort dans votre dossier à la banque”.

En 2003, la banque avait refusé d'accorder un prêt à l'un des deux médecins car celui-ci disposait toujours d'une dette envers Mauro Gianetti. Il a fallu une négociation avec l'avocat de l'ancien cycliste pour annuler les poursuites. “J’ai dû m’engager en échange à ne plus jamais parler en public de cette personne et je m’y tiens”, a expliqué le médecin, sans citer le Suisse. “On peut dire que mon silence a été acheté. C'est le privilège de certaines personnes qui ont un certain pouvoir. Ils ont la possibilité de faire taire n'importe qui, n'importe comment”.

GL