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Le revanchard Van Aert, le cannibale Pogacar, la pépite Magnier... Cinq grandes questions avant les classiques de début de saison

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Avec son parcours exigeant et ses pavés cassants, le circuit Het Nieuwsblad donnera le coup d'envoi du printemps des classiques, ce samedi, en Belgique. Pour Wout van Aert, escorté de malchance la saison dernière, il s'agira de se rassurer d'entrée, alors que Mathieu van der Poel et Tadej Pogacar, monstrueux en 2024, seront attendus un peu plus tard.

Ils attendent ça depuis des mois. Pour les amoureux de vélo, c’est ce week-end que démarre réellement la saison 2025, à l’occasion du week-end d’ouverture en Belgique sur le Het Nieuwsblad. Un moment charriant toujours son lot de débats, d’excitation et de questions sans réponse à l’approche des premières grandes classiques. Wout van Aert sera-t-il enfin débarrassé de cette maudite poisse qui a tant collé à ses roues l’an dernier ? Réussir un nouveau doublé Ronde-Roubaix est-il dans les cordes de Mathieu van der Poel ? Un Français peut-il tout renverser ? Tadej Pogacar va-t-il débouler par surprise sur l’Enfer du Nord et reléguer la concurrence à vingt minutes ?

Pogacar déjà en mode cannibale ?

Si le Tour de France est encore loin, les regards sont forcément déjà tournés vers l’ogre slovène. Après avoir régné sur 2024, de son doublé Giro-Tour à sa conquête du maillot arc-en-ciel, en passant par son récital sur les Strade Bianche et sa démonstration en Lombardie, le cannibale Pogi s’est fixé plusieurs objectifs sur cette première séquence de l’année. D’abord briser la glace sur Milan-San Remo (22 mars), qu’il n’a pas encore réussi à dompter. S'il y parvient, il ne lui resterait plus que Paris-Roubaix à conquérir pour devenir le quatrième coureur à gagner les cinq Monuments. Il a d’ailleurs relancé les spéculations cet hiver en allant repérer une poignée de secteurs pavés dont la trouée d'Arenberg. Si rien ne dit qu’il sera à Roubaix dès cette année, il est en revanche bien attendu au Tour des Flandres (6 avril) et à Liège-Bastogne-Liège (27 avril).

Vingegaard et la Visma peuvent-ils rivaliser avec Pogacar et l'UAE ?
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Fin de la malédiction pour Van Aert ?

Lui n’a pas vraiment connu la même réussite que Pogacar ces derniers mois. La faute en grande partie à cette terrible chute subie en mars sur A Travers la Flandre. En un claquement de doigts, Wout van Aert s’était retrouvé à terre avec le sternum, la clavicule et des côtes brisées. Et ses rêves envolés de triomphe sur le Tour des Flandres et Paris-Roubaix. Revenu en forme au cœur de l’été, il avait à nouveau été victime d’une grosse gamelle sur la Vuelta. De quoi se poser des questions sur son état de forme et sa capacité à rebondir alors qu’il sera scruté de près dès ce week-end, avec le Nieuwsblad samedi et Kuurne dimanche. Du haut de ses 30 ans, le Belge, cabossé par la malchance, court toujours derrière une victoire sur Paris-Roubaix et le Tour des Flandres. Et son plan n’a pas changé. "Si je gagne les deux, je prends des vacances pour le reste de l’année", souriait-il en février sur Eurosport.

Un nouveau doublé pour Van der Poel ?

Mathieu van der Poel est bien loin de ces préoccupations. Personne n’a oublié son raid solitaire réalisé l’an dernier sur Paris-Roubaix, pour s’offrir un incroyable doublé une semaine après s’être imposé sur le Tour des Flandres dans des conditions dantesques. Allégé de la concurrence de Pogacar et Van Aert, le petit-fils de Raymond Poulidor avait égalé à 29 ans des champions comme Fabian Cancellara, Tom Boonen, Roger De Vlaeminck et Rik Van Looy en gagnant la même année le Tour des Flandres et Paris-Roubaix, une mission herculéenne réservée aux plus grands. Récemment devenu champion du monde de cyclo-cross pour la septième fois de sa carrière, il sera encore l’homme à battre au printemps. Avant cela, le Néerlandais sera bien sûr l’un des favoris sur Milan-San Remo. Troisième en 2022, vainqueur en 2023 et équipier royal de Jasper Philipsen en 2024, il a pris l’habitude d’y briller.

Magnier pour tout casser ?

Du côté des Français, l’avenir sur les classiques se nomme peut-être Paul Magnier (20 ans). Talent pressé de Soudal-Quick Step, celui qui a marqué les esprits en 2024 en enquillant cinq succès dont trois sur le Tour de Grande-Bretagne présente selon son directeur sportif Tom Steels "un énorme potentiel" qui lui "rappelle Tom Boonen". Son profil rapide et son gabarit assez puissant (1,85m pour 70kg) représentent autant d’atouts pour les classiques pavées dans lesquelles les Français sont à la peine depuis trente ans - Jacky Durand est le dernier à avoir gagné le Tour des Flandres en 1992 et Frédéric Guesdon le dernier à avoir triomphé à Paris-Roubaix en 1997. Le potentiel du coureur de Grenoble, né au Texas (Etats-Unis) où ses parents étaient expatriés, sera mis à l’épreuve sur le Het Nieuwsblad, Milan-San Remo, Gand-Wevelgem et A travers la Flandre. Il pourrait ajouter à son programme le Tour des Flandres voire Paris-Roubaix.

À quoi s'attendre pour Alaphilippe ?

Ce début d'année sera aussi très important pour un de ses anciens coéquipiers chez Soudal-Quick Step : Julian Alaphilippe. À 32 ans, le double champion du monde (2020, 2021) a démarré une nouvelle vie après dix années passées au sein de la structure belge, où son aventure s'est achevée sur un brin d'amertume en raison de relations orageuses avec le patron Patrick Lefevere, sur fond de résultats en baisse. Il a trouvé refuge chez les Suisses de Tudor, jeune formation aux dents longues, cornaquée par Fabian Cancellara et pleine d'ambitions, même si elle navigue encore en deuxième division, ce qui l'oblige à attendre des invitations des organisateurs pour participer aux plus grandes courses du calendrier. Après Paris-Nice, Alaphilippe a notamment coché Milan-San Remo, les Ardennaises et des Flandriennes. Avec l'envie de prouver que son envie est intacte et la flamme toujours là.

https://twitter.com/rodolpheryo Rodolphe Ryo Journaliste RMC Sport