Paris-Roubaix: "Une course de fou", "une ambiance folle"... les juniors ont aussi défié l'Enfer du Nord

Il a beau avoir les bras éraflés, les jambes ensanglantées et de la boue à peu près partout, Simon Schwartz affiche un sourire aussi sincère qu'éclatant. Du haut de ses 17 ans, il vient de goûter à l'Enfer du Nord. Un peu plus de cent bornes dont dix-sept secteurs pavés, trois heures de souffrance et déjà l'envie d'y retourner. Pour gagner, peut-être. Pour puiser toujours plus loin dans ses limites, assurément. Disputé ce dimanche en amont des Espoirs (moins de 23 ans) et des professionnels, la course juniors de Paris-Roubaix, réservée aux meilleurs mondiaux de moins de 19 ans, a été remportée par le Néerlandais Michiel Mouris. Il succède à quelques beaux clients comme Geraint Thomas, Jasper Stuyven, Mads Pedersen ou encore Tom Pidcock.
>>> suivez Paris-Roubaix dans notre direct commenté
Simon, lui, n'a pas levé les bras. Mais l'essentiel est ailleurs pour le protégé de Decathlon AG2R La Mondiale comme pour tous ceux qui ont réussi à aller bout. "Malheureusement pour l'équipe, on a eu pas mal de chutes. C'était le bazar sur le secteur de Mons-en-Pévèle avec toute la boue. Mais c'est Roubaix, on donne tout jusqu'à la ligne! C'est un Monument, les émotions sont immenses même quand la course ne se passe pas bien. C'est magique d'arriver sur ce Vélodrome mythique", dit-il, les yeux qui brillent un peu plus à chaque étape de son récit. Malgré une première grosse gamelle ("Des coureurs sont tombés et c'était trop glissant pour pouvoir freiner rapidement"), puis une autre ("J'avais les pneus pleins de boue et ça a glissé devant moi"), jeter l'éponge ne lui a pas traversé l'esprit. Hors de question de zapper le Vélodrome.
"Sur Paris-Roubaix, on n'a pas envie d'abandonner, on donne le maximum jusqu'au bout, à tous les échelons de la course. C'est la course où ceux qui arrivent les premiers sont ceux qui ont le moins souffert. Les derniers souffrent le plus. C'est tellement mythique, magique. L'ambiance est folle, ça donne envie de revenir l'année prochaine", confie le jeune Alsacien, le visage encore déformé par la douleur quelques minutes après son arrivée. Un peu plus loin, un Britannique n'en finit plus de pester contre un rival danois au sujet d'un coup de frein visiblement trop appuyé. Certains sont inconsolables, conscients d'avoir peut-être raté une belle occasion de marquer des points en vue d'une signature chez les pros, pendant que d'autres réclament leur portable pour immortaliser l'instant.
"Une course qu'on ne bâche pas"
Étendu au sol, le Costarmoricain Luc Royer a lui besoin d'un peu de temps pour réaliser ce qu'il vient de vivre. Membre du Pôle espoir piste de Loudéac, il n'est a priori pas prêt d'oublier ce Paris-Roubaix disputé avec le maillot de l'équipe de France sur le dos, en lever de rideau des Mathieu Van der Poel, Tadej Pogacar et autre Wout Van Aert. "J'étais plutôt bien placé au début, je me sentais bien. Mais à Mons-en-Pévèle il y a eu pas mal de chutes. Par rapport à la reconnaissance, c'était super gras. J'ai réussi à revenir dans un bon groupe, mais dans un secteur ma chaîne s'est enroulée. J'ai dû descendre de mon vélo, mais avec toute la terre sous mes calles j'ai mis plusieurs minutes à repartir. La course était finie, mais il fallait aller jusqu'au Vélodrome", rejoue-t-il.
Là encore, abandonner n'a jamais été à l'ordre du jour. Trop de respect pour le mythe. "C'est un rêve qui se réalise, c'est une course de fou. Il se passe plein de choses, plein d'incidents de course, c'est aussi ce qui fait son charme. L'ambiance dans les secteurs pavés était magique", assure-t-il. Avant de retrouver ses proches et de se réfugier au chaud dans le bus de son équipe, il tient à ajouter un dernier mot: "Paris-Roubaix, c'est une course qu'on ne bâche pas."