Tour de France 2025: poids plume, transmission familiale et changement d'équipe... Qui est Valentin Paret-Peintre, le héros français du Ventoux?

Parti dans la bonne échappée, Valentin Paret-Peintre a remporté son duel final contre le virevoltant Ben Healy pour s’adjuger la 16e étape de Tour de France en haut du Mont Ventoux. Un succès de rêve pour le coureur de l’équipe Soudal Quick-Step et surtout une première victoire pour la France sur cette édition 2025. Une performance que le grimpeur de poche de 24 ans a savouré à sa juste valeur.
"C'est incroyable. Même ce matin je n'y croyais pas. Je pensais que Pogacar allait jouer la victoire. J'ai du mal à réaliser. J'ai vu que je n'étais pas assez fort pour lâcher Healy dans le final. Je me concentre sur Ben pour le lâcher au sprint. C'est incroyable de gagner ici, je ne réalise pas", s’est enthousiasmé le vainqueur du jour après l’arrivée. "Au début, je n'étais pas concentré sur l'échappée. Je me disais que ça ne servait à rien parce qu'UAE allait contrôler devant. Un gros groupe est parti, j'ai fait la jonction avec Thymen Arensman, on est rentré devant. J’ai dit à Ilan (Van Wilder) et Pascal (Eenkhoorn) que je pensais pouvoir gagner dans ce groupe. C'est un travail d'équipe."
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Un Haut-Savoyard biberonné au cyclisme en famille
Méconnu du grand public avant ce 22 juillet 2025, Valentin Paret-Peintre a grandi dans une famille de passionnés de cyclisme. Le père Olivier, président du Vélo Club d'Annemasse, a transmis le virus à ses enfants. Son frère Aurélien (29 ans) est ainsi coureur de l'équipe Decathlon-AG2R La Mondiale, où Valentin a débuté chez les pros avant de changer d'écurie. Mais dans la famille Paret-Peintre, il y a aussi la petite sœur. Si elle a annoncé sa retraite sportive à seulement 21 ans, Maéva s’est également illustrée sur un vélo et a depuis embrassé une carrière de diététicienne-nutritionniste.
Avec cette victoire en haut du Mont Ventoux, c’est à n’en pas douter toute la famille qui a vibré. En franchissant la ligne près de dix minutes après Valentin, Aurélien a levé le poing pour célébrer le succès de son cadet. "C’est super. Il s’est retrouvé devant et sur une montée sèche comme ça, avec son poids plume, c’est l’un des meilleurs coureurs. On partage notre premier tour, on discute souvent. Quand j'ai su la victoire, ça m’a mis la petite larme", a reconnu Aurélien Paret-Peintre après la course. "Ces journées-là, il n’y a même plus de maillot, le directeur sportif me l’a dit à l'oreillette. Ce n’est pas n’importe quelle étape, c’est un lieu mythique, c’est l’une des plus belles montées de France. C’est une victoire de prestige. C’est top, on pense à nos parents qui nous suivent, à tout le monde, les gens de la région."
Une victoire face à Bardet sur le Giro 2024
Fier de voir son frère gagner sur le Tour de France, Aurélien Paret-Peintre ne se trouvait pourtant pas aux premières loges pour assister à sa consécration. Au contraire de la dixième étape du Tour d’Italie en 2024. L’an passé, quand Valentin a devancé un certain Romain Bardet pour signer sa première victoire sur un grand tour, son aîné prenait la cinquième place de l’étape à moins de deux minutes. Pour récidiver, sur la Grande Boucle cette fois, Valentin Paret-Peintre a pourtant dû prendre la lourde décision de quitter ses proches en 2025. Et c'est grâce à sa démonstration sur le Giro 2024, terminé à une belle 16e place pour sa deuxième participation, puis par son travail comme équipier de Ben O'Connor sur la Vuelta, qu'il a séduit une grosse équipe cette année.
"Il m'a convaincu parce qu'il a gagné une étape mais aussi il était vraiment important dans la Vuelta pour Ben O'Connor. Là on a vu qu'il a un moteur assez grand pour se battre pour un leader dans un grand tour", s'est ainsi remémoré ce mardi Jurgen Foré, le patron de l’équipe Soudal-Quick Step.
Intégration express en Belgique
Et s’il a porté les couleurs d’AG2R chez les pros pendant trois ans, c’est finalement avec le maillot de la Soudal Quick-Step que Valentin Paret-Peintre s’est imposé. Une équipe belge où, dans l’ombre de Remco Evenepoel, il s’est rapidement rendu indispensable en finissant deuxième du Tour d’Oman en début de saison. Avec son petit gabarit (il pèse environ 52 kilos pour 1,76m, ce qui fait de lui le coureur le plus léger du Tour), Valentin Paret-Peintre montre un état d’esprit irréprochable depuis son arrivée en Belgique.
"Valentin est toujours relax, il avait plus de grinta que moi après ce qu'il s'est passé avec Remco (l'abandon d'Evenepoel, NDLR). Il a gardé le moral, ça m'a permis moi aussi de garder le moral", a ainsi salué son coéquipier Ilan Van Wilder ce mardi après l’ascension du Ventoux. "Valentin a un gros talent, je pense qu'aujourd'hui il l'a prouvé, et nous on a répondu comme équipe à toutes les critiques qu'on peut lire."
Une force de caractère et un talent qui semblent faire l’unanimité au sein de la Soudal Quick-Step jusqu’à la consécration ce mardi quand Valentin Paret-Peintre a succédé à Richard Virenque, dernier coureur français victorieux en haut du Mont Ventoux.
"C'est incroyable! On a pensé qu'on avait fait une erreur mais il a été si fort, intelligent pour revenir dans l'échappée. Quatre victoires pour l'équipe, c'est waouh. Un Français sur le Mont Ventoux. Je suis très fier, c'est fantastique", a ainsi exulté Jurgen Foré ce mardi. "J'étais dans le bus avec quelques personnes du Wolfpack. Valentin a eu une grosse blessure, il a beaucoup souffert au training camp."
"Valentin fait 50kg mais il a la grinta d'un loup de 100kg."
Avant de compléter ses éloges: "C'est fantastique de l'avoir dans cette étape. Valentin était ici pour aider Remco mais c'est fantastique de voir que l'équipe a fait le switch. Il s'intègre très bien, il parle bien anglais. Il est très heureux dans cette équipe."
Une grosse blessure en début de saison, un début de Tour compliqué
Mais ce qui est peut-être le plus beau dans cette victoire de prestige en haut du Mont Ventoux, c’est qu’elle n’aurait jamais dû se produire. Non pas que Valentin Paret-Peintre ne soit pas assez talentueux pour s’y imposer mais tout simplement parce qu’il n’était pas supposé participer à la Grande Boucle. Initialement, le coureur de 24 ans ne devait pas faire le Tour de France et privilégiait le Giro comme l’an passé. Mais les plans de la formation Soudal Quick-Step et de son grimpeur français sont tombés à l’eau à cause d’une chute sur Tirreno-Adriatico courant mars. Victime d’une fracture du coccyx, Valentin Paret-Peintre a dû prendre le temps de se remettre. Privé du Tour d’Italie, le Haut-Savoyard a finalement basculé sur le Tour de France.
"Il ne devait pas faire le Tour. Son programme initial était d'assister Mikel Landa sur le Giro, mais comme il a eu une fracture sur la dernière étape du Tirreno, ça a tout décalé et il n'a pas pu participer au Giro", a rappelé son père Olivier au micro de RMC Sport après sa fantastique victoire sur le Ventoux. "Ça a redistribué les cartes."
Attendu comme un lieutenant de Remco Evenepoel avant l’abandon du Belge, Valentin Paret-Peintre a connu un début de course compliqué en se retrouvant pris dans une chute dès la deuxième étape.
Derrière, le Français a eu du mal à exister avant son coup d’éclat ce mardi. Encore très loin au classement, il est 49e à plus de deux heures de Tadej Pogacar, le cadet des frères Paret-Peintre a parfaitement profité du bon de sortie accordé à l’échappée. Et derrière, il a été le plus fort devant Ben Healy et Santiago Buitrago.