Tour de France féminin 2025: cinquante ans après Merckx, Thévenet et Hinault, Ferrand-Prévot fait revivre le mythe du dossard 51

Bernard Thévenet s’est déplacé en personne en Haute-Savoie afin de féliciter Pauline Ferrand-Prévot. L’ancien coureur français, double vainqueur de la Grande Boucle (1975, 1977), a chaudement salué la lauréate du Tour de France féminin 2025 après son triomphe ce dimanche à Châtel. "Bernard Hinault m’a dit de te féliciter. Il m’a dit, c’est normal que tu gagnes, tu avais le dossard 51. Tu sais que Bernard et moi, on a gagné notre premier Tour avec le 51", a lancé Thévenet à la championne de 33 ans. "Je sais, je sais, on en a reparlé ce matin, du coup on a pensé à vous", a répondu la leader de Visma-Lease a Bike, sous les yeux de la directrice de l’épreuve Marion Rousse. "On a beaucoup apprécié ce que tu as fait", a conclu Bernard Thévenet, avant que Pauline Ferrand-Prévot parte recevoir son trophée sur le podium.
Pour sa première participation au Tour de France femmes, la championne olympique de VTT l'an passé à Paris a arpenté les routes de l’Hexagone avec le numéro 51 dans le dos. Celui de son département de la Marne. La native de Reims a ainsi, sans le vouloir, redonné vie à un mythe vieux d'une cinquantaine d'années. Un dossard qui a accompagné les exploits de plusieurs anciennes stars du Tour de France masculin dans les années 1970. Jusqu’à devenir un symbole de réussite, avant de perdre peu à peu de son éclat...
D’Eddy Merckx à Bernard Hinault
Tout a commencé en 1969, lorsque le Belge Eddy Merckx a remporté le premier de ses cinq sacres avec le dossard 51, avant d’hériter du n°1 comme tous les tenants du titre. Quatre ans plus tard, l’Espagnol Luis Ocana a profité de son forfait pour gagner en 1973 avec ce même 51. Les Français Bernard Thévenet, en 1975, puis Bernard Hinault, en 1978, ont ensuite donner de l’épaisseur à la superstition en s’offrant également un premier sacre sur le Tour avec le numéro "anisé", comme certains l’ont alors surnommé en référence au Pastis 51.
Mais sans autre victoire marquante, la légende s’est peu à peu étiolée au fil des années, même si Thibaut Pinot a failli la perpétuer en 2018 avant d’abandonner en raison d’une blessure à la cuisse. En l'absence d'un nouveau héros, le dossard 51 est finalement tombé dans un certain oubli, en devenant une Madeleine de Proust pour les plus anciens suiveurs de la Grande Boucle. Jusqu’à ce que Pauline Ferrand-Prévot ne vienne raviver les glorieux souvenirs des années 1970, au terme d’un week-end inoubliable dans les Alpes.