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Tour de France: "Il coupe l'herbe sous le pied de beaucoup de gens", comment Pogacar décourage les échappés

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À la veille de la troisième semaine du Tour de France, certains coureurs cherchent des solutions pour échapper à la surdomination de Tadej Pogacar et de ses coéquipiers, et enfin réussir à lever les bras. C'est le cas de Michael Woods qui constate que la donne a changé depuis que l'ogre slovène laisse de moins en moins de miettes aux échappés.

Lors de la dernière journée de repos du Tour de France ce lundi, une question doit occuper l'esprit d'une majorité des 166 coureurs encore en lice: quelles étapes Tadej Pogacar a-t-il l'intention de gagner d'ici l'arrivée sur les Champs-Élysées? Du Mont Ventoux à la Butte Montmartre, en passant par le col de la Loze, le maillot jaune slovène peut tout gagner sur le papier, hormis l'étape destinée aux sprinteurs à Valence.

"Ça agace un peu"

Il faut dire que le champion du monde n'est pas du genre à laisser filer les occasions d'embellir son impressionnant palmarès. Avec quatre succès déjà cette année, Tadej Pogacar compte 21 victoires d'étape à 26 ans sur la Grande Boucle. Et il ne compte pas s'arrêter-là. "On ne peut pas baisser les bras si l'occasion de remporter une étape se présente", a-t-il expliqué la semaine dernière. "On ne sait jamais quand ce sera notre dernier jour. Je dirais, honnêtement, que l’équipe vous paie pour gagner des étapes, pas pour les offrir aux autres."

Des cadeaux, il en fait très peu. Bien épaulé par une équipe surpuissante, Tadej Pogacar contrôle la course depuis le grand départ à Lille, et certains coureurs en font les frais.

C'est le cas de Bruno Armirail qui s'est présenté jeudi seul en tête au pied d'Hautacam avant de voir son avance d'un peu plus d'une minute et 30 secondes fondre en l'espace de quelques hectomètres. La suite, on la connaît: une attaque dès les premiers kilomètres de l'ascension et 2min10 d'avance en haut sur Jonas Vingegaard.

"C’est un coureur qui décide si l’échappée va au bout ou pas", avait regretté le Français à l'arrivée. "180 coureurs veulent que ça aille au bout mais s’il dit que non, ça n’ira pas et il va gagner." Avant d'ajouter: "Ça agace un peu. Mais si j’étais à sa place, je ne me priverais pas de tout gagner. Le problème, c’est qu’il est tout seul à cette place. Et nous, on subit. Mais il n’est pas invincible non plus, son équipe ne va pas tout contrôler."

Même son de cloche pour le surprenant 11e du classement général, Jordan Jegat. Le coureur de TotalEnergies ne s'est pas fait d'illusions durant l'étape en voyant l'équipe UAE contrôler l'écart avec l'échappée: "Dans le Tourmalet, j’ai vu qu’il avait un bon rythme, et comme je le connais un peu, je lui ai lancé: 'Tu veux l’étape?'. Il m’a répondu: 'On roule à cette allure, si tu veux aller plus vite, vas-y.' Pour moi, c’était clair."

Une avance qui fond en un rien de temps

Pour Michael Woods, il faut réfléchir à deux fois avant de se lancer dans une échappée, tant un dénouement heureux est incertain. À l'avant régulièrement depuis deux semaines, le coureur d'Israel-Premier Tech s'est confié ce dimanche sur le sentiment de résignation d'une partie du peloton.

"Pogacar a vraiment coupé l'herbe sous le pied de beaucoup de monde", a-t-il déclaré auprès de Cyclingnews. Et de poursuivre: "Lors des réunions de course, avant l'étape, on dit maintenant qu'il faut quatre ou cinq minutes au pied d'une côte pour le contenir."

Pourtant, samedi, il n'a fallu que trois minutes en bas de Superbagnères à Thymen Arensman pour résister à un retour des favoris du Tour. Le Néerlandais d'Ineos-Grenadiers a franchi la ligne d'arrivée avec plus d'une minute d'avance Tadej Pogacar, en profitant d'un jour "moyen" du Slovène, quelque peu affaibli par un rhume.

Le virus ayant touché "plutôt à sa fin", les illusions du reste du peloton seront faibles ce mardi à l'arrivée au Mont Ventoux. Une course de côte après 150 kilomètres de plat durant lesquels Nils Politt et Tim Wellens, vainqueur à Carcassonne, devraient museler les fuyards du jour.

Théo Putavy