Tour de France: le coup de gueule de Cyrille Guimard contre "les petites phrases" sur les records en montagne

Coureurs, encadrement, ex-cyclistes, sportifs d'autres disciplines, fans: voilà plusieurs jours que les performances XXL réalisées lors de ce Tour de France agitent le microcosme du vélo. En particulier celles de l'homme en jaune à l'aube de cette troisième semaine, Tadej Pogacar, et de son dauphin, Jonas Vingegaard.
Les deux victoires, coup sur coup, du Slovène dans les Pyrénnées ont bluffé. Au Pla d'Adet, ce dernier a ainsi écrasé le record de Lance Armstrong de deux minutes. Le lendemain, il a bouclé l'ascension du Plateau de Beille en 39'41", loin devant les 43'20" de Marco Pantani. Deux ex-coureurs à l'historique de dopage avéré.
"Je ne comprends plus rien au vélo", a par exemple réagi Nacer Bouhanni, aujourd'hui retraité après 12 ans de cyclisme, sur X. "39'46"...", a pour sa part écrit le biathlète Émilien Jacquelin, passionné de vélo. Des messages énigmatiques mais qui traduisent une certaine interrogation.
Le retour d'un "marronnier"
"Je suis rassuré", ironise Cyrille Guimard, consultant cyclisme, invité de la matinale de RMC ce mardi 16 juillet. L'ancien sprinteur craignait que le "marronnier sur le problème des doutes sur les performances" ne refasse pas surface cette année.
Et Cyrille Guimard de passer un coup de gueule: "Tout le monde y va de sa petite phrase. Sauf que tous ceux qui parlent ne vont pas chercher comment ça se passe au départ et pourquoi les performances sont celles qu'elles sont aujourd'hui et les records battus. Et ils le seront dans cinq ans, et ils le seront dans dix ans".
Plusieurs arguments expliquent, selon lui, ces records en série. En premier lieu l'évolution de l'homme, "plus fort qu'il y a vingt, trente ou quarante ans". "À mon époque, il y a soixante ans, avec l'entraînement que l'on faisait, on développait une certaine puissance, que l'on ne mesurait pas à l'époque", développe l'ex-coureur. "Aujourd'hui, les mêmes mômes, au même âge, ils ont pratiquement entre 50 et 100 watts de plus. Aujourd'hui, la population a pris à peu près 20 cm depuis 25 ans."
Dans le même temps, les vélos se sont allégés et "l'entraînement est devenu scientifique, paramétré sur ordinateur, etc. Aujourd'hui, on peut rester deux mois sans courir, prendre le départ de sa première course et être à 100% de son potentiel". "On est capable de tout mesurer. Ce qui n'était pas vrai il y a 15 ans".
"Trop facile"
Le retour incessant des questionnements sur le dopage est essentiellement, d'après Cyrille Guimard, le fait du peloton et des encadrements.
"Le doute vient de ceux qui sont battus et qui ne peuvent pas rouler à la vitesse des autres", résume le consultant de RMC. "Le vrai problème du cyclisme, c'est pas dehors. C'est à l'intérieur où, le fait de ne pas gagner, tu le justifies parce que les autres sont chargés."
L'ancien coureur de l'équipe Gitane-Campagnolo reconnaît qu'"on peut toujours imaginer le pire, y compris le dopage génétique", mais juge "trop facile" de limiter le débat à cela.
"Quand vous avez 15 coureurs qui vont plus vite que Pantani ou Armstrong, ce n'est plus un problème de dopage. C'est parce qu'on est mieux entraînés, mieux préparés et qu'on a aujourd'hui du matériel qui est plus performant que celui d'il y a 15 ans ou 20 ans", insiste-t-il.
La 16e étape du Tour de France 2024, entre Gruissan et Nîmes, ne devrait pas alimenter plus que cela le débat sur les performances en montagne. Long de 188,6 km, le segment est essentiellement plat et fera la part belle aux sprinteurs.