Pourquoi Paris-Roubaix ne part pas de Paris (malgré son nom)

Son nom est synonyme de souffrance, de prises de risque et dépassement de soi. Paris-Roubaix est indéniablement l’une des courses les plus mythiques de l'histoire du cyclisme. L’une des plus anciennes aussi. "L’Enfer du nord" ou "la Dure des dures", comme on la surnomme.
La 122e édition, prévue ce week-end, s’annonce particulièrement excitante avec la grande première de Tadej Pogacar, impressionnant en ce début de printemps, et la pluie attendue qui pourrait rendre les secteurs pavés boueux et glissants.
Le départ de la course des hommes sera donné dimanche matin. Mais contrairement au nom que l’épreuve a conservé, il n’aura pas lieu à Paris. Ni même en Île-de-France. Il y a près de soixante ans que la reine des classiques ne débute plus en région parisienne. Après être partie durant une dizaine d’années de Chantilly (Oise), à une cinquantaine de kilomètres au nord de la capitale, elle s’élance depuis 1977 de Compiègne, près de trente kilomètres plus au nord.
Conserver un maximum de secteurs pavés
Un choix dicté par la volonté des organisateurs de conserver un maximum de secteurs pavés sur le parcours. Créé en 1896 pour rallier Paris au vélodrome de Roubaix, la course a d’abord débuté à Porte Maillot, à l’ouest de la ville lumière, entre les 16e et 17e arrondissements. Mais très vite, la préfecture de police a demandé à délocaliser le départ afin de ne pas perturber le trafic routier. Pendant plus d’un demi-siècle, la classique s’est élancée de différentes villes d’Île-de-France comme Chatou (Yvelines), Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), Suresnes (Hauts-de-Seine), Argenteuil (Val-d’Oise) ou Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).
La bétonisation massive des routes de l’Hexagone, impulsée durant l’entre-deux-guerres, a peu à peu forcé la direction de Paris-Roubaix à revoir ses plans. Avec de moins en moins de secteurs pavés disponibles et de longs détours pour les arpenter. Désireux de conserver un parcours d’environ 250km avec une arrivée à Roubaix, les organisateurs se sont finalement résolus à déplacer leur départ un peu plus au nord, en désertant la capitale, jugée alors trop lointaine.
Un tracé en perpétuel ajustement
Une décision a qui permis à la couse de conserver les nombreux secteurs pavés qui ont fait sa renommée. Plusieurs d'entre eux sont aujourd’hui célèbres comme le Carrefour de l’Arbre, Mons-en-Pévèle ou la trouée d’Arenberg. Alors que le tracé ne comptait que 22km de pavés juste avant le déménagement dans l’Oise (le total le plus bas de l’histoire de l’épreuve), il en propose 55,3km pour cette édition 2025 (répartis en trente secteurs).
Au fil du temps, l’itinéraire de Paris-Roubaix continue d’être ajusté en prenant en compte la rénovation des routes et la découverte de nouveaux secteurs pavés. Ce sera encore le cas dans les années à venir. Depuis 2021, la classique organise aussi une course féminine la veille de celle des hommes, remportée l’an passé par le Néerlandais Mathieu van der Poel.