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Paris-Roubaix: "Ça va glisser", qu'est-ce que le verglas d'été, ce phénomène météorologique attendu ce dimanche?

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À quatre jours de Paris-Roubaix, les conditions météorologiques se précisent. S'il est très probable que la pluie fasse son apparition ce dimanche dans les Hauts-de-France, un phénomène pourrait rebattre les cartes dans une course déjà si indécise: le verglas d'été.

Personne n'a oublié Paris-Roubaix 2021. Les chutes à répétition, les motos en travers de la route sur des secteurs pavés détrempés, les visages et combinaisons couverts de boue et un Sonny Colbrelli méconnaissable qui règle au sprint Florian Vermeersch et Mathieu van der Poel. Et si l'édition de 2025 s'annonçait aussi démente?

Si le suspense n'a jamais été aussi intense depuis la victoire magistrale de Tadej Pogacar sur le Tour des Flandres, des éléments externes au sport pourraient perturber le match tant attendu entre le Slovène, Mathieu van der Poel, Wout van Aert ou encore Mads Pedersen. Car à quatre jours du départ de Compiègne, les conditions météorologiques se précisent, et la pluie devrait aussi être de la partie.

Météo-France prévoit en effet des averses dès ce dimanche matin dans les Hauts-de-France, et ce durant toute la journée, avec des rafales de vent atteignant 45km/h dans l'après-midi.

"Ça va glisser"

Outre un risque de chute accru par des routes et pavés humides - donc glissants - un phénomène météorologique pourrait transformer le bitume en véritable patinoire à certains endroits: le verglas d'été.

"Comme son nom l'indique, on parle habituellement de verglas d'été lors de la période estivale, nous explique Kévin Floury, journaliste météo-climat de BFMTV. Mais on peut très bien le retrouver à partir du moment où on connaît une période de temps sec sans pluie et que les routes ne sont pas nettoyées."

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Et ces conditions sont actuellement réunies dans les Hauts-de-France, qui connaissent une sécheresse historique en ce début de printemps. Sur la période s'étalant du 1er mars au 9 avril, il n'est tombé en moyenne que 11 mm de pluie sur la région. Du jamais-vu depuis le début des relevés météorologiques en 1959.

Cette sécheresse a permis l'accumulation de polluants sur les routes (des résidus d'essence, d'huile moteur, etc.) qui a formé une "petite particule" sur le dessus de la chaussée.

"Quand les premières gouttes de pluie vont tomber, la particule va devenir hydrophobe. En d'autres termes, ça va glisser et ça peut provoquer des accidents", poursuit Kévin Floury.

Les pavés moins concernés?

Selon le spécialiste, le verglas d'été s'observe majoritairement sur les grands axes routiers, où il y a du passage, mais aussi au niveau de points de stop comme les feux ou les carrefours, et des zones couvertes comme les routes longeant des forêts. "La qualité du bitume influe également: plus c'est lisse, plus il y a de risques."

De leur côté, les secteurs pavés, qui font tout le charme du troisième Monument de la saison cycliste, devraient être épargnés par le phénomène, mais resteront extrêmement périlleux. "Le pavé est moins concerné puisqu'il y a moins de passage, rassure Kévin Floury. Mais cela ne les empêche pas de glisser s'ils sont mouillés."

Ce sont donc sur les départementales bitumées, les traversées de villages ou les approches zigzagantes des secteurs pavés - comme la nouvelle déviation avant la Trouée d'Arenberg - où les coureurs devront redoubler de vigilance. Et pas moyen pour l'organisation d'anticiper en nettoyant des passages précis de la course.

"C'est un phénomène qui n'est pas généralisé, mais localisé, ce qui le rend plus difficilement identifiable", analyse le spécialiste.

Et de prévenir: "Le pire scénario serait qu'il y ait une averse seulement au moment du passage des coureurs." À cette heure, on s'y dirige. Comme si l'Enfer du Nord ne portait pas déjà bien son nom par temps sec.

Théo Putavy