"Qu’il publie ses paramètres", Bernaudeau demande des "garanties" à Tadej Pogacar face à son insolente domination

Jean-René Bernaudeau s’est livré à cœur ouvert sur l’actualité du cyclisme pour RMC Sport. Et le patron de TotalEnergies, n’hésite pas à s’interroger sur les performances hallucinantes de Tadej Pogacar, triple vainqueur du Tour de France qui a écrasé le Tour des Flandres dimanche et qui sera au départ de Paris-Roubaix pour la première fois de sa carrière, dimanche. Avec l’évidente ambition de s’imposer. Sa facilité suscite un énorme respect mais la suspicion n’est jamais loin dans un sport toujours marqué par les scandales passés du dopage.
"Le soupçon, on vit avec, on a eu l’affaire Festina. On n’est pas à l’abri d’une autre."
"C’est stupéfiant de voir cette différence de niveaux", constate Bernaudeau. "J’ai connu une époque où si on ne prenait pas de relais, on pouvait rester. On parle de Pogacar. C’est quelqu’un d’exceptionnellement fort. Il a une belle gueule, une belle dimension mais je voudrais qu’il aille encore plus loin dans ce qu’est le sportif de haut niveau."
C’est-à-dire? "Qu’il donne des garanties", répond le dirigeant français. "Certains l'ont fait. Le soupçon, on vit avec, on a eu l’affaire Festina. On n’est pas à l’abri d’une autre. Je ne pense pas que le cyclisme ait les moyens de se prendre encore un scandale. Il ressort la tête de l’eau. L’AMA (agence mondiale antidopage) a été créée, le passeport biologique a été créé, le logiciel de localisation a été créé, on va dans le bon sens. Mais aujourd’hui il faut aller encore plus loin, il faut changer les lois."
"Je ne doute pas", jure Bernaudeau qui regrette toutefois une certaine distance de nombreuses formations dans la lutte cobtre le dopage, tout en déplorant certains pratiques actives dans le peloton mais non considérées comme dopantes. "Je trouve dommage que tout le monde n’aille pas au MPCC (mouvement pour un cyclisme crédible)", explique-t-il. "Qu’est-ce qui gêne une équipe d’y aller? On a lutté contre l’EPO. Le vélo a beaucoup payé pour la recherche. Le MPCC s’interdit de prendre plein de produits. (...) Les cétones je ne sais pas ce que c'est. Le gaz carbonique qu’on inhale, je ne sais pas pourquoi on le fait. Mais indiscutablement c’est catastrophique pour notre crédibilité. Catastrophique! Les cétones, ça ne guérit pas le mal de gorge et le gaz carbonique ça tue les gens. Et il y a des équipes qui l'utilisent. On s’en fout des cétones, ce n’est pas bon pour notre image. Donc on devrait les supprimer."
"Je ne sème pas le doute", se défend-il encore. "S’ils n’ont pas d’idées, je peux leur donner des idées pour avoir plus de crédibilité." Mais qu’attend-il alors de "Pogi"? "Je demande qu’il publie ses paramètres, ses watts… ce qu’il fait. Et qu’on stocke les prélèvements pour dire je suis à votre disposition dans dix ans quand la recherche avancera comme l’avait fait Félicia Ballanger."