Une machine à gagner: qui est Paul Magnier, l’autre nouvelle star du cyclisme français?

Le cyclisme français peut voir l’avenir avec gourmandise. Malgré le climat morose autour des équipes françaises (avec la disparition attendue de l’équipe Arkéa-B&B Hotels) et des têtes d’affiche sur la fin de leur carrière (Julian Alaphilippe, retraite d’Arnaud Démare), la nouvelle génération montre les crocs.
Si Paul Seixas (18 ans) porte l’étendard de ces grandes promesses, il n’est pas seul: un autre Paul, Magnier pour sa part, signe une fin de saison en boulet de canon avec une 16e victoire en 2025 obtenue ce mercredi lors de la 2e étape du Tour du Guangxi. Le sprinteur français de 21 ans présente tout simplement le deuxième meilleur bilan derrière Tadej Pogacar et ses 20 succès.
Né aux États-Unis, lancé hors de France
Paul Magnier est français mais il est né aux États-Unis, le 14 avril 2004. A Laredo, ville du Texas frontalière avec le Mexique, exactement. Son père y travaille alors dans l’industrie automobile avant de revenir en France avec sa famille quand Paul a 3 ans pour s’installer près de Grenoble.
C’est donc en Isère que le jeune garçon prend sa première licence de cycliste sous l'impulsion de son père, Laurent, ancien coureur amateur à Vaulx-en-Velin. Au club de Charvieu-Chavagneux, il se passionne d’abord pour le VTT plus que la route. C’est d’ailleurs cette préférence qui le conduira à lancer sa carrière hors de l’Hexagone, optant pour l’équipe britannique Trinity car elle lui permet de continuer à courir en VTT et sur route.
Il rejoint par la suite la formation belge Soudal-Quick Step en janvier 2024, là encore en occultant un retour en France, touché par la sollicitude des décideurs belges au moment où il souffrait d’une mononucléose en 2023. Mais pas seulement.
"Les équipes françaises, je ne dirais pas qu'elles ont du retard mais c'est différent", lance-t-il alors à L’Équipe.
"D'après les retours que j'ai eus, c'est beaucoup plus professionnel ici, dans la recherche de la performance et cet esprit de vouloir gagner tous ensemble, de tout donner pour un seul leader sur chaque course." Il lance parfaitement son aventure en Belgique avec une victoire dès sa première course au Trofeo Ses Salines-Felanitx en janvier 2024. Mais sa première saison s’arrête sur une violente chute sur le Tour de Grande-Bretagne, avec une commotion cérébrale à la clé.
Un début de saison compliqué… avant l’explosion en un mois
Ce coup d’arrêt n’empêche pas Magnier de débuter 2025 avec de grands espoirs chargés sur la porte-bagages, conforté par ses cinq succès dès sa première année en pro. Il débute d’ailleurs très fort avec une victoire sur sa première course (1ere étape de l’Étoile de Bessèges) et une deuxième place sur la classique Het Nieuwsblad. Aligné sur le Giro, il durcit son apprentissage auprès du gratin des sprinteurs mondiaux avec une belle 3e place lors de la 6e étape. Un rendement insuffisant pour Patrick Lefevère, ancien patron iconique et intraitable de la formation belge, qui n'hésite pas à remettre brutalement le Français sur les rails: "le Giro n'est pas l'Étoile de Bessèges".
Peut-être piqué au vif, Magnier passe alors la vitesse supérieure avec trois succès en Belgique en juin, mais surtout son premier en WorldTour, le 7 août sur la 4e étape du Tour de Pologne. Le début d’une razzia. En un mois entre septembre et octobre, le "Texan" s’offre alors onze bouquets: le Grand Prix de Fourmies, quatre étapes sur le Tour de Slovénie, quatre sur le Tour de Croatie et deux cette semaine en Chine. Et ce n’est peut-être pas encore terminé.
La star n°1 de Soudal-Quick Step après Evenepoel?
Son potentiel mais surtout cette série de victoire font d’ores et déjà de Paul Magnier l’une des têtes d’affiche du "Wolfpack". D’autant que le départ de Remco Evenepoel chez Red Bull-Bora-Hansgrohe va libérer des possibilités. Cela tombe bien, le sprinteur ne manque pas d’ambition.
"Je veux être champion du monde un jour", clamait-il sur Eurosport en 2024.
"Je souhaite aussi porter le maillot jaune du Tour de France, mais pas de n'importe quelle façon. Après une victoire lors d'un sprint, ça serait pas mal." Dès 2026? Rien n’a encore filtré sur son programme mais la possibilité a de quoi allécher.
Très connu sur les réseaux grâce à sa compagne
Paul Magnier n’est pas seulement suivi avec attention par les amateurs de cyclisme. Le coureur partage la vie de l’influenceuse cyclisme Orlane LVR, suivi par plus de 360.000 personnes sur TikTok où elle expose ses conseils vélos. Elle met régulièrement en scène son compagnon sur leurs sorties communes, mais aussi sur la manière de sprinter ou lors de petits challenges (comme qui tient le plus longtemps sur un vélo immobile).
Des extraits qui dépassent très souvent les 100.000 vues. Dans un milieu conservateur, Paul Magnier dispose d’une image bien connue du jeune public et qui dépasse largement le cadre des pelotons. Tout pour faire de lui une star.