De dribbleur inefficace et dilettante à meilleur joueur du monde: la progression vertigineuse d'Ousmane Dembélé jusqu'au Ballon d'or

Il ne faisait même pas partie des trente nommés l’an passé. C’est dire à quel point Ousmane Dembélé n’était pas considéré comme un candidat au Ballon d’or lors du coup d’envoi de la saison 2024-2025. À l’aube de son deuxième exercice au PSG, l’attaquant français était encore perçu comme un dynamiteur spectaculaire et inconstant, habitué à gâcher certains enchaînements magiques par un manque cruel d’efficacité. Un ailier ambidextre, capable de déstabiliser n’importe quelle défense par ses accélérations et ses crochets, sans parvenir à concrétiser des occasions souvent énormes.
Mais le dribbleur frustrant (et parfois moqué) a muté au fil des mois pour devenir un leader efficace, qui a guidé Paris vers un premier sacre en Ligue des champions. Jusqu’à remporter ce Ballon d’or 2025 devant Lamine Yamal et Vitinha. Un sacre inattendu qui s’est dessiné en l’espace d’une demi-saison. De quoi redorer définitivement l’image d’un joueur longtemps décrié pour le manque de sérieux et les blessures à répétition qui ont accompagné son début de carrière.
Un manque de sérieux et des blessures à répétition au Barça
Après avoir crevé l’écran lors de son éclosion précoce au Stade Rennais, où il a été lancé en pro à 18 ans, "Dembouz" a effectué une pige prometteuse à Dortmund avant de rejoindre le FC Barcelone pour 148 millions d’euros à l’été 2017, dans la foulée du transfert retentissant de Neymar au PSG.
Mais son aventure en Catalogne a été particulièrement mouvementée, que ce soit sur le terrain ou en dehors. Entre ses retards à l’entraînement, son manque d’implication et ses longs séjours à l’infirmerie, ses cinq saisons au Barça ont laissé une image globalement décevante, malgré quelques périodes fructueuses et certaines actions mémorables au Camp Nou. Son mariage avec Rima Edbouche en 2021 a permis au natif de Vernon (Eure), qui a grandi à Évreux (à une centaine de kilomètres à l’ouest de Paris), d’adopter un rythme de vie plus en adéquation avec son statut de joueur professionnel. La naissance de sa fille l’année suivante a également assaini son quotidien.
En se concentrant davantage sur le football, Ousmane Dembélé a amélioré son rendement au fil des semaines, en laissant peu à peu les soucis physiques derrière lui. Recruté par le PSG en août 2023 pour 50 millions d’euros, l’international français (57 sélections, 7 buts) a vécu une première saison d’adaptation dans la ville lumière. Mais le véritable déclic est intervenu en fin d’année dernière, après avoir été écarté pour le déplacement à Arsenal début octobre en phase ligue de la Ligue des champions (défaite 2-0) en raison d’un retard à l’entraînement et d’une explication musclée avec Luis Enrique.
Un repositionnement payant dans l’axe
Sa transformation a alors débuté le 15 décembre au Parc des Princes, lorsqu’il a ouvert le score face à l’OL sur une passe de Désiré Doué (3-1). Replacé dans une position plus axiale, "Dembouz" s’est découvert un flow de n°9, qui lui permet aujourd'hui d’exploiter pleinement son immense potentiel. Dans ce nouveau rôle, plus proche de la zone de vérité, le dynamiteur d’1,78m a enchaîné les gestes décisifs et les sorties convaincantes, tout en effectuant un pressing incessant sur le gardien et les défenses adverses. Auteur de 35 buts et 16 passes décisives en 53 matchs (toutes compétitions confondues), le champion du monde 1998 a livré l’exercice le plus prolifique de sa carrière en 2024-2025. Très largement.
Buteur lors de la révolte face à Manchester City en phase de ligue de la C1 (4-2), Ousmane Dembélé a inscrit un triplé remarqué à Stuttgart (1-4), avant de se montrer déterminant lors du 8e de finale retour à Liverpool (0-1) et de la demi-finale aller à Arsenal (0-1). Double passeur en finale face à l’Inter (5-0), le n°10 du PSG a été élu meilleur joueur de la compétition. Également meilleur joueur et meilleur buteur de Ligue 1, le nouveau Ballon d’or a été l’un des grands artisans du quadruplé historique des Parisiens (Ligue des champions-Ligue 1-Coupe de France-Trophée des champions), qui ont aussi atteint la finale de la Coupe du monde des clubs 2025 (défaite 3-0 en finale contre Chelsea).
Un travail de l’ombre à l’entraînement
Pour parvenir à un tel rendement, "Dembouz" a aussi effectué un gros travail dans les Yvelines, en répétant ses gammes en marge de chaque séance au Campus de Poissy, avec des exercices spécifiques et les conseils de son analyste vidéo personnel.
Une implication quotidienne doublée d’un petit pari entre amis concernant ses statistiques personnels. À la clé? "Des Patek et des Rolex", comme l’a révélé l’intéressé en début d’année, après avoir inscrit l’unique but du Trophée des champions contre Monaco au Qatar (1-0). Reste à savoir si ce Ballon d’or 2025 va lui permettre d’étoffer un peu plus sa collection de montres de luxe.