Coupe de France: entre fierté et "charge mentale", comment les bénévoles de Saint-Brieuc préparent le quart historique contre le PSG

Héroïques depuis le début de la Coupe de France, les joueurs de Saint-Brieuc vont tenter de relever un immense défi ce mercredi. Après avoir éliminé Le Havre et Nice, c’est désormais le PSG qui se dresse sur la route des Griffons. À l’image de l’équipe de National 2 (D4) dont seulement six joueurs disposent d’un contrat fédéral et six autres d’un contrat amateur, le club costarmoricain gère sa saison avec un petit budget d’environ 1,2 million d’euros soit près de 716 fois moins que celui du PSG et ses 860 millions d’euros. Alors forcément, du côté du Stade Briochin, on fait des économies au quotidien et on s’appuie sur de nombreux bénévoles… Y compris pour Guillaume Allanou à la fois président, directeur sportif et entraîneur mais qui s’est toujours refusé à pendre de l’argent du club.
Pour ce quart de finale, Saint-Brieuc a dû abandonner son antre de Fred-Aubert et a choisi de délocaliser l’événement au Roazhon Park à Rennes. Pour l’occasion et grâce à une belle collaboration avec Rennes, la direction du club a décidé de mettre au repos une majorité de ses bénévoles pour leur permettre de profiter du match. Même si, pour certains d’entre eux, il a quand même fallu préparer cette affiche d’exception.
Entre 40 et 50 irréductibles en charge de l’accueil des partenaires
Contrairement aux autres bénévoles habituels, ceux qui gèrent l’accueil à Fred-Aubert et autres, Yvon Paranthoen et son équipe seront bien sur le pont pour ce quart de finale de Coupe de France. Si les habituels prestataires du Stade Rennais vont se charger d’une grosse partie de l’organisation au Roazhon Park, le responsable du service partenaires du Stade Briochin va quand même devoir gérer entre 40 et 50 personnes pendant ce duel face au PSG. Des bénévoles tous volontaires pour être acteurs de la soirée.
"On a emmené au Stade Rennais nos partenaires traiteurs. Et au niveau de la gestion des bars, et des salons partenaires ce sera nos bénévoles", indique pour RMC Sport le membre du comité directeur du Stade Briochin. "Ils ont voulu venir quand même et être dans le jeu complet et être actif le jour du match."
Et celui qui était auparavant traiteur dans l’événementiel de préciser sur sa préparation en amont de la rencontre au Roazhon Park: "Donc tout le travail que l'on prépare avec deux ou trois bénévoles depuis huit jours, c'est que derrière la distribution des rôles est bien claire et non il n'y a pas d'appréhension majeure."
"Des nuits blanches et de la charge mentale importante" face un rival de haut standing
Pas de pression particulière mais un gros travail préparatoire nécessaire pour Yvon Paranthoen et les autres bénévoles. Et pour cause, on ne reçoit pas le PSG de la même manière que n’importe quel adversaire de National 2. Surtout, difficile de passer d’un stade d’environ 10.000 places à près de 29.000 et sans véritables repères. Si le coup de main apporté par le Stade Rennais est réel et a été salué, l’organisation n’est pas de tout repos. Oui c’est beau de recevoir le PSG, mais non ce n’est pas plus facile.
"Ça donne plutôt des nuits blanches et de la charge mentale importante. Parce que, voilà, c'est le PSG, parce qu'on va dans un stade de 29.000 places", glisse encore ce bénévole des Griffons. "Quand on le visite quand il est vide, comme je l'ai fait deux fois, ça vous donne un peu le tournis, ça vous fait presque peur. Mais voilà, on va y aller."
Responsable du pôle arbitrage pour le club breton, Jean-Louis Catros travaille lui aussi d’arrache-pied avant la grande soirée du Stade Briochin. S’il se trouvera au bord du terrain avec le délégué pendant le quart de finale, ce bénévole doit aussi gérer les conditions d’accueils des arbitres et de toute la délégation adverse.
"J'ai trouvé que le match du Havre dans l'organisation, pour les bénévoles, on était déjà monté d’un cran. Effectivement, il y avait un peu l'effervescence un peu de jouer une Ligue 1, voire Annecy une Ligue 2. J'ai trouvé vraiment une montée un peu, on va dire, en pression contre Nice. Parce qu'on voulait que la fête soit belle, parce qu'on recevait Nice à Fred-Aubert", explique à RMC Sport ainsi celui qui est commissaire sur les matchs de l’équipe une en National 2. "On voulait montrer aussi que le foot amateur est capable de recevoir une Ligue 1 ou une Ligue 2, dans de bonnes conditions et que ce soit la fête. Contre Paris, là, je trouve qu'effectivement, ça monte encore un peu d'un standing."
La longue liste des demandes du PSG
Un changement de standing forcément lié à l’adversaire. Et si le PSG va passer de Saint-Brieuc à Liverpool en l’espace d’une semaine, les Griffons veulent garder un souvenir inoubliable de ce quart de finale de Coupe de France. En réservant un superbe accueil au leader de la Ligue 1 et en accédant à ses nombreuses demandes, standards pour des formations de l'élite mais inédites pour un pensionnaire de National 2 comme le Stade. Encore une fois bien aidé par le Stade Rennais, habitué à jouer contre le PSG en championnat, Jean-Louis Catros a salué cette grosse aide et a détaillé quelques aspects de cette liste francilienne.
"La liste, elle fait une page entière, une page et demie. Donc ça va du nutritionniste au niveau de tout ce qui est alimentaire jusqu'aux kinés et médecins qui ont besoin de salles ou autres. Et ça va jusqu'au terrain et le positionnement des analystes vidéo qui doivent être positionnés dans des secteurs précis", précise alors le responsable du pôle arbitrage des Briochins. "Ça va jusqu'aux prises de courant, dont une qui doit être sur le banc pour pouvoir avoir l'analyse vidéo en cours de match, et jusqu'aux parkings, et même l'arrivée de l'équipe ou le protocole d'arrivée, au cas où, si le président Nasser Al-Khelaïfi venait avec sa délégation et du fait qu'il ait l'immunité diplomatique."
Le mince espoir de croiser les stars du PSG
Certains de ces bénévoles sont ainsi obligés de poser un voire plusieurs jours de congés pour préparer ce match face au PSG. C’est le cas notamment de Jean-Louis Catros qui devra couper avec son métier à la Cooperl, une entreprise agroalimentaire de la région, pour gérer du mieux possible l’arrivée de tous les acteurs du match ce mercredi et comme il l’avait déjà fait contre Nice et Annecy, les deux tours précédents déjà disputés en semaine. Un petit sacrifice sur ses vacances qu’il fait "avec plaisir" et par "passion".
Et c’est justement pour récompenser cette ferveur et ce dévouement que le Stade Briochin a mis au repos un certain nombre de ses bénévoles pour ce quart de finale au Roazhon Park. Et pour que la fête soit encore plus belle, le club a tenu à les honorer avec un salon réservé "pour les bénévoles licenciés afin de les remercier de tout le travail qu'ils font tout au long de l'année", selon les explications d’Yvon Paranthoen.
"Ce salon-là sera à côté du salon des joueurs et des familles de joueurs", promet ainsi le bénévole en charge des partenaires. "On est un club quand même semi-amateur et donc le fait de pouvoir retrouver bénévoles, joueurs et familles va être très important pour ce soir-là."
Mais quand on lui demande s’il espère voir les joueurs du PSG à la fin de la rencontre, Yvon Paranthoen ne veut pas se faire de faux espoir.
"Que nos joueurs voient les joueurs du PSG à la fin du match, je pense que ça peut se faire. Maintenant qu'ils soient dans les salons avec nous, je pense qu'ils seront vite sur le départ pour remonter sur Paris."
Peu de pression et (un peu) moins de travail pour le speaker
Ousmane Dembélé, Gonçalo Ramos et autres Bradley Barcola… Olivier Detry les croisera à coup sûr si Luis Enrique décide de les convoquer pour ce quart de Coupe de France. Très fier de participer à cette fête au Roazhon Park, le speaker du Stade Briochin ressent une immense "fierté collective pour l'ensemble du club, des joueurs, des bénévoles" pendant cette belle aventure du club costarmoricain.
Pas dérangé par la pression d’un tel rendez-vous au Roazhon Park, le speaker breton va ajouter "une ligne de plus à son CV" et a aussi insisté sur les aspects positifs d’une telle délocalisation pour lui.
"Je vais m'appuyer sur l'expérience d'Alain Rousseau, le speaker du Stade Rennais. Et puis là, la chose qui va être différente pour moi, c'est que je n'aurai pas à gérer le chronomètre, à gérer les musiques", raconte volontiers la voix de Saint-Brieuc pour RMC Sport. "Parce qu'il y a toute une équipe qui va gérer ça. Je n’aurais juste qu'à parler dans le micro, et puis il y a des gens derrière qui vont gérer toute la découpe des choses."
Après l'intense préparation des derniers jours, viendra ensuite l'entrée des joueurs sur la pelouse du Roazhon Park. Une expérience qu'Olivier Detry compte bien rendre inoubliable pour le Petit Poucet des quarts de finale afin que les joueurs se retrouvent presque comme "dans leur jardin" au moment de défier l'ogre parisien. Et ça commencera avec des playlists un peu spéciales composées en début de saison avec les membres du groupe de Guillaume Allanou.
"C'est leur moment à eux, avec les musiques qu’ils ont choisies ou qu'ils m’ont transmises", résume le speaker avant la rencontre historique des Griffons. "Et puis après, concernant la présentation des équipes, quelle que soit l’équipe adverse, je les présente toujours de manière très sobre. Par contre pour les Griffons, oui, ils ont tous leur petit clin d’œil et ils ont tous leur petite présentation particulière. (...) C’est en fonction de ce qu’il s’est passé sur les matchs précédents et ça fait que ça met un peu plus d’épices sur la présentation."
Ensuite, il y a aura un peu plus de 90 minutes pour rêver d'un exploit et d'une qualification pour le dernier carré de la Coupe de France et si le travail de ces bénévoles ne s'arrêtera que tard dans la nuit, cette affiche face au PSG reste l'occasion d'une immense fête pour tout le club briochin.