RMC Sport

Coupe du monde tous les deux ans: les arguments économiques de la Fifa pour convaincre les fédérations

placeholder video
La Fifa organise ce lundi une réunion au Qatar afin de présenter plus précisément son projet de Coupe du monde tous les deux ans et ses prédictions économiques. RMC Sport a eu accès au document utilisé par l’instance internationale afin de séduire les différentes fédérations nationales d’adhérer à sa réforme.

Cheval de bataille de Gianni Infantino ces derniers mois, le projet de Coupe du monde tous les deux ans pourrait prendre une nouvelle tournure ce lundi lors d’une réunion entre la Fifa et les différentes fédérations nationales.

Si la réforme voulue par le patron du football mondial ne sera pas immédiatement actée, les arguments économiques risquent bien de jouer un rôle majeur dans le choix des votants au moment du futur scrutin. RMC Sport s’est procuré le document fourni par la Fifa aux fédérations.

Une hausse de 3,9 milliards d’euros des recettes

S’appuyant notamment sur les éléments de la société Nielsen, une entreprise spécialisée dans la recherche marketing à l’échelle mondiale, la Fifa prévoit une nette hausse de ses recettes grâce à l’organisation d’un Mondial bisannuel. C’est simple, l’instance internationale empocherait plus de 3,9 milliards d’euros supplémentaires (4,4 milliards de dollars) grâce à son nouveau calendrier et un tournoi à 48 équipes.

Le tout, toujours selon le rapport indépendant de la firme états-unienne, sans "aucun impact sur les recettes des confédérations". Déjà estimé à près de 6,1 milliards d’euros, la billetterie ainsi que les droits médias et de sponsoring atteindraient environ 10,1 milliards d’euros avec la réforme.

La Fifa promet de redistribuer ses gains

Avec une telle hausse des recettes, la Fifa n’a alors pas d’autre choix que d’en faire profiter les fédérations nationales. Afin d’essayer de les convaincre d’adhérer à son projet, Gianni Infantino entend donc créer un fonds de solidarité des associations membres. Cette nouvelle entité serait créditée de 3,1 milliards d’euros pour ses quatre premières années d’existence et chaque fédé toucherait environ 14 millions d’euros (16M$) sur quatre ans.

Selon le document présenté par la Fifa, le but de ce fonds de solidarité est de "nettement à réduire l'écart entre les recettes des pays les plus développés et celles des pays les moins développés". Voilà qui pourrait bien s’avérer crucial auprès des plus petites associations nationales lors d’un potentiel scrutin sur la Coupe du monde tous les deux ans.

Pas d’impact financier sur la C1 et les championnats

Notamment soutenu par les pays africains et certaines nations d’Asie, le projet de la Fifa a entraîné la colère de l’UEFA et de la CONMEBOL. Les confédérations européennes et sud-américaines luttent activement pour que l’instance internationale fasse machine arrière.

Et pour cause, elles auraient le plus à perdre sportivement avec une Coupe du monde tous les deux ans qui concurrencerait l’Euro et la Copa America. Pire, les joueurs internationaux feraient face à une fatigue plus importante pendant l’intersaison et le risque de blessure serait accru.

Les valeurs sportive et économique de la Ligue des champions et des championnats, d’où une très vive opposition des Ligues professionnelles, pourraient alors diminuer. Une contre-vérité historique selon la Fifa qui s’appuie sur les données chiffrées de Open Economics, un groupe de travail universitaire indépendant spécialisé dans la data. Dans son document, l’instance présidée par Gianni Infantino affirme même que la Ligue des champions et les cinq grands championnats européens ont gagné plus d’argent lors des années où une compétition internationale a eu lieu.

"Les courbes historiques ne montrent aucune corrélation négative entre les recettes générées par les phases finales de compétitions d'équipes nationales et les championnats de club, assure la Fifa. Les données empiriques recueillies sur la dernière décennie montrent que, en cumulé, la croissance des recettes en pourcentage des 5 meilleures ligues européennes a été plus élevée lors des saisons durant lesquelles des phases finales de compétitions majeures d'équipes nationales se sont tenues par rapport aux saisons où aucun tournoi de ce genre ne s'est joué (42 % contre 26 %)."

A la vue de tout cet argumentaire, fondé presque exclusivement sur des données économiques et financières, les détracteurs et opposants de la Fifa pourraient aisément lui répondre que le football n’est pas qu’une affaire d’argent. Malheureusement, le projet de Coupe du monde tous les deux ans risque bien de décider sur ce critère.

Jean-Guy Lebreton avec Loïc Tanzi