France-Australie: la causerie musclée de Deschamps, qui avait lancé l’épopée 2018

Il se tient debout, dos à un rétroprojecteur, face à tous les joueurs de l’équipe de France. Avec un t-shirt blanc, un cahier sous le bras et un stylo à la main. Le regard sévère. En ce 17 juin 2018, Didier Deschamps est passablement agacé par la prestation des Bleus, qui ont péniblement battu l’Australie la veille, lors de leur entrée en lice au Mondial organisé en Russie (2-1). Au terme d’une prestation poussive à la Kazan Arena, les coéquipiers d’Hugo Lloris se sont imposés grâce à un penalty d’Antoine Griezmann et un csc d’Aziz Behich, le latéral des Sooceroos.
>> Equipe de France: les infos en direct
Pas de quoi satisfaire Deschamps. Loin de là. L’ancien capitaine des Bleus, sacré en 1998, introduit sa causerie sans ménager ses troupes: "Il y en a certains qui seront pointés du doigt. Ce n’est pas l’un plus que l’autre, mais ça peut revenir un peu plus sur certains, notamment ceux de devant. Ça passe par là les mecs. Si vous n’avez pas conscience de ce qu’on n’a pas fait, on va le voir..."
"Kylian, c’est celui qui en a fait le moins"
Deschamps commence par commenter les statistiques du match. "Distance totale parcourue par l’Australie: un peu plus de 111km. Pour nous: 102km. C’est comme s’ils avaient un joueur en plus, pratiquement. Ils ont cinq joueurs qui ont parcouru plus de 10km dans le match. Nous, un seul, ce n’est pas une surprise: NG (N’Golo Kanté)."
Le coach s’attarde ensuite sur les sprints à haute intensité (courses entre 15 et 20km/h) effectués durant la partie. Et là encore, les Français sont loin derrière leurs adversaires, qui ont parcouru le double de distance. "Chez nous, Kylian, c’est celui qui en a fait le moins. 3%, pointe Deschamps, avant de regarder l’attaquant du PSG, alors âgé de 19 ans: Pourtant, la vitesse, c’est ta qualité."
"Tout le monde devant a pris"
Des séquences de France-Australie sont ensuite diffusées sur le grand écran de la salle. De quoi énerver à nouveau Deschamps. "On ne peut pas dire que c’était à un rythme souhaité", peste le sélectionneur qui s’attarde notamment sur le manque de pressing des joueurs offensifs: "Ce n’est pas possible, pas possible!"
Quatre ans et demi après, cette causerie est toujours dans les mémoires de ceux qui étaient présents en Russie, à l’heure où la France s’apprête à retrouver l’Australie ce mardi pour entamer sa Coupe du monde 2022 au Qatar (20h). "Je m’en souviens, c’était incroyable et je pense que la Coupe du monde, on la doit à ce moment-là, a témoigné Adil Rami sur TF1. Mais il n’y a pas que Kylian qui a pris ce jour-là. Tout le monde devant a pris."
"Là, il n’y a plus de stars"
"Le coach a dit ce les choses qu’il fallait dire, a poursuivi l’ancien défenseur de l’OM. Là, il n’y a plus de stars. C’est ce qui était important à ce moment-là dans l’équipe de France. Mais surtout c’est après, on a demandé à ce que le coach et le staff sortent pour qu’on puisse se dire les choses entre nous. Ça a fusé. On s’est dit que pour gagner, le talent ne suffisait pas, qu’il fallait travailler et savoir souffrir. Le caractère, ça permet d’oser dire les choses et surtout de les accepter. Ça a été notre force."
Hugo Lloris, qui est toujours le capitaine des Bleus, garde lui aussi un souvenir très fort de ce moment, comme il l’a confié à TF1. "Je me souviens de l’après-match, où il y avait eu une réunion assez importante, avec le coach et surtout entre joueurs. On préférerait se passer de ça cette fois", a conclu le gardien de 35 ans.