Ventspils-Bordeaux: le beau match de Jules Koundé à la loupe

"John a plus de personnalité que nous tous dans cette pièce. Et plus de couilles aussi." En mars 2017, Pep Guardiola vantait l’assurance et la confiance balle au pied de John Stones, défenseur central et relanceur de qualité. Ce jeudi soir, après la victoire à Ventspils (0-1), Gustavo Poyet aurait pu s’approprier ces mots pour souligner le match de Jules Koundé, rampe de lancement reculée du jeu bordelais dans ce deuxième tour aller de qualification pour la Ligue Europa.
Un premier relanceur très inspiré
À 19 ans, six mois à peine après ses débuts en Ligue 1, l’international des moins de 20 ans s’est déjà affirmé comme le patron de la charnière girondine. Contre Ventspils, qui lui a certes laissé pas mal de liberté, il a été à l’origine de pratiquement tous les mouvements collectifs intéressants. Qualité de passe, intelligence des choix, cassage des lignes adverses, prise de l’espace libre, création de décalages: Koundé a constamment cherché à jouer vers l’avant et généré des ouvertures qui n’ont que trop peu souvent été exploitées par ses coéquipiers plus haut sur le terrain. Voici une compilation de son jeu de passes, dont le rare déchet est inhérent à ces prises de risque. Une minute et cinquante-trois secondes de douceur (à voir ci-dessous).
Un défenseur solide dans les duels
"Maintenant, les défenseurs savent donner le ton du jeu et distribuer le ballon, mais ils ne savent pas marquer un adversaire", déplorait Giorgio Chiellini, l’emblématique défenseur de la Juventus, en novembre dernier. Mais si Koundé a l’aisance d’un milieu créateur balle au pied, il sait aussi assurer les bases de son travail défensif. Il compense sa taille, très modeste pour un défenseur central (1,78 m), par son sens du placement, son intelligence et ses anticipations, tout en étant capable d’être solide dans les duels, même dans les airs, et même face à un adversaire direct (Vasili Pavlov) culminant à 1,94m (vidéo ci-dessous).
Pour autant, et le contraire serait presque inquiétant, Jules Koundé a laissé apparaître quelques sautes de concentration et réalisé quelques erreurs dans ses prises de décision défensives. Il est apparu en difficulté sur quatre situations, compilées ici (vidéo ci-dessous).
Sur la première, il dévisse une passe compliquée de volée, sur son mauvais pied, alors qu’il pouvait assurer le coup en écartant le ballon en touche. Une nouvelle preuve de son caractère joueur, toutefois. Sur la seconde, son dégagement est trop timide et plein axe. Sur la troisième, il est pris de vitesse, même s’il se rattrape ensuite bien après la couverture (peu agressive) de Pablo. Enfin, il se met en difficulté en laissant rebondir un long dégagement du gardien, même s’il s’en sort ensuite encore dans un duel au sol, à l’épaule.
À peine de quoi nuancer une prestation brillante pour sa première en coupe d’Europe. De quoi augurer d’une belle saison, celle de la confirmation, pour l’un des espoirs français du poste, au profil si atypique.