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Bastia-OL: "Le directeur de la sécurité de Bastia a frappé Anthony Lopes", accuse Aulas

Jean-Michel Aulas

Jean-Michel Aulas - AFP

EXCLU RMC SPORT. Quelques heures après les incidents qui ont conduit à l'arrêt du match entre Bastia et l'Olympique Lyonnais à Furiani, Jean-Michel Aulas a réagi en exclusivité à l'antenne de RMC. Le président de l'OL s'est indigné suite à l'agression de ses joueurs, trois jours à peine après les événements en marge du match de Ligue Europa, OL-Besiktas.

Le contexte de l'avant-match

"C’est une immense souffrance, parce qu’on est dans un contexte où le sport devient complètement minoritaire par rapport à toutes les tendances actuelles et vraiment c’était une soirée dramatique. Il y a eu une première altercation pendant l’échauffement au moment où une cinquantaine de supporters du kop indépendant de Bastia ont enjambé les barrières et frappé un certain nombre de nos joueurs dont Anthony Lopes. Imaginez des supporters qui vont sur le terrain, frapper des joueurs. C’était donc déjà très chaud avant le match. Réunion de crise, les joueurs de Lyon n’envisageaient pas de repartir. Et puis comme le règlement indique que le directeur de la sécurité publique doit exprimer s’il y a une possibilité ou non de reprendre le match, on a convaincu les joueurs de jouer le match."

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La volonté des joueurs de ne pas jouer

"Les joueurs et Bruno Genesio ne voulaient pas jouer ce match, car ils étaient complètement choqués parce qu’ils ont appris par l’intermédiaire d’amis, qu’il y avait probablement une forme de préméditation dans cet exercice. On a réussi à les convaincre, mais la décision prise avec le directeur de la sécurité publique et le délégué était qu’au moindre incident nouveau, le match serait arrêté. Le directeur de la sécurité de Bastia a pris à ce moment-là l’engagement qu’il n’y aurait pas d’autre incident, avec soit les spectateurs, soit la sécurité."

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L'agression d'Anthony Lopes

"Le match a donc repris, avec la possibilité de s’échauffer avant, mais de l’autre côté du terrain. Le match a donc démarré avec presque une heure de retard, mais dans des conditions à peu près normales. Il n’y a pas eu d’agression. A la fin de cette mi-temps, les mêmes supporters sont venus agresser Anthony Lopes, et là, ce qui a dépassé l’entendement, c’est que le directeur de la sécurité de Bastia* a frappé lui-même Anthony Lopes. Deux autres stadiers ont frappé des joueurs. Le directeur de la sécurité a par ailleurs bien été identifié, nous avons déposé plainte auprès du procureur avant la deuxième mi-temps et de nouveau à l’aéroport."

*Selon nos informations, confirmant celles de BeIN Sport, c'est bien Antoine Agostini, directeur général et de la sécurité du SCB, qui a eu une altercation avec Anthony Lopes

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Le concours des joueurs de Bastia

"Je dois noter que les joueurs de Bastia ont été irréprochables, parce qu’ils ont défendu eux-mêmes, contre leur propre sécurité et leurs propres supporters, les joueurs de Lyon, le président Géronimi a tout tenté pour s’opposer à ces actes absolument inqualifiables. Et donc là, comme le délégué et le directeur de la sécurité publique avaient pris l’engagement qu’il n’y aurait plus d’incident, s’est posé le problème de la reprise. Et là ce n’était plus possible du tout. Tout le monde a vu les images. Et donc l’arbitre Mr Delerue a pris l’initiative de dire que l’intégrité physique des joueurs, des arbitres et des dirigeants n’était pas maintenue et a donc décidé, en accord avec le délégué, d’arrêter le match."

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La tentative de sortie du stade

"On avait déjà convaincu les joueurs de démarrer en expliquant qu’on était déjà dans une situation psychologique qui était détestable. On a quand même plusieurs joueurs qui ont reçu des coups, c’est quelque chose de difficile à imaginer. La décision a été prise rapidement, on nous a demandé pour la sécurité de quitter le stade sans se doucher, pour repartir tout de suite. Et là, malheureusement il y a eu un blocage du stade, les joueurs sont redescendus du bus pour rentrer dans les vestiaires et on a attendu que le préfet de police puisse assurer notre sécurité dans notre sortie, sous les bombes lacrymogènes."

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Le retour des joueurs de l'OL à Lyon

"Les joueurs sont bien arrivés et je dois saluer le geste de certains supporters lyonnais, qui savaient que les joueurs étaient choqués et ils sont venus les soutenir pour le match de jeudi, puisque là aussi, nous n’aurons pas la possibilité de jouer avec le soutien de nos supporters. Même les VIP ne pourront pas venir, donc on va se retrouver à trois dirigeants et une équipe, contre Besiktas et 50 000 spectateurs turcs contre nous."

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Les manquements aux règlements

"Il y a d’abord un certain nombre de règlements, la loi qui n’est pas probablement adaptée à ce qui se passe aujourd’hui. Ça a joué pour Besiktas où on a été obligé de vendre des billets en E-commerce, de manière électronique. Le fait de ne pas pouvoir le refuser, de ne pas pouvoir effectuer de fouilles complètes, capables d’éliminer des ustensiles interdits. Et puis il y a cette notion, ce n’est pas au directeur de la sécurité publique de dire si un match peut se jouer, je pense que c’est au délégué et à l’arbitre de se prononcer. Je me souviens du match à Marseille l’année dernière, où on avait repris, alors qu’il y avait beaucoup de danger. Donc je pense qu’il y a des aménagements à faire."

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Les sanctions attendues pour Bastia

"Après je n’attends rien de la Ligue, je dis simplement que la Ligue est en danger, parce que moi ça fait 30 ans que je vais jouer à Bastia et je n’avais jamais vu ça. Je pense que le président Géronimi est aussi victime de l’agissement d’un certain nombre de supporters, probablement de factions différentes, en marge d’une politique de club. Et nous, nous avons été les otages de cette opposition à l’intérieur même du club de Bastia. Les joueurs et le président Géronimi ont tout fait pour que ça n’arrive pas, mais c’est arrivé. Après, nous n’attendons rien de la commission de discipline, nous voulons simplement jouer un match de football dans des conditions normales pour la rencontre la plus importante de la semaine pour nous, à Besiktas."

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Le contexte du retour à Besiktas

"C’est à nous de trouver les mots, l’enthousiasme et la force de caractère pour entourer dans ce moment difficile dans une double compétition des joueurs comme Anthony Lopes, qui a été touché par ces incidents. A nous d’être plus forts que ces événements. L’UEFA est extrêmement stricte dans de tels cas comme à Bastia. Si des supporters s’en étaient pris aux joueurs, le match aurait été directement arrêté."

L'absence de CRS avant et pendant le match

"Je crois qu’il y avait un accord entre le club et le préfet de police, pour qu’il n’y ait pas de présence de CRS, sauf pour notre retour vers l’aéroport."

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Damien Chédeville