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Mercato: qui est Paulo Fonseca, annoncé de plus en plus proche du banc de Lille

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De plus en plus proche de devenir le prochain entraîneur du LOSC, Paulo Fonseca présente une trajectoire ascendante, influencé par le parcours de Mourinho et inspiré par le jeu de Guardiola, même s'il reste sur une expérience mitigée à Rome.

Un accord qui se rapproche, encore quelques détails à régulariser. À en croire le très bien informé Fabrizio Romano, l'arrivée annoncée de Paulo Fonseca sur le banc du LOSC ne fait presque plus de doute. RMC Sport confirmait cette semaine que des discussions étaient en cours entre Lille et le technicien, alors que Jocelyn Gourvennec est toujours en poste. Qui se cache vraiment derrière le coach de 49 ans, connu pour son succès au Shakhtar Donetsk et son passage à l'AS Rome?

Révélation à Paços de Fereira, échec à Porto

La carrière d’entraîneur de Paulo Fonseca démarre à l’Estrela Amadora, où il prend en main l’équipe des jeunes avoir y avoir rangé à 32 ans ses crampons, au terme d’une carrière modeste de joueur. Durant 14 années, le défenseur central parcourt le Portugal et ses divisions inférieures, ne disputant que deux petites saisons et 25 matchs dans l’élite avec son dernier club.

Fonseca dirige une équipe première deux ans plus tard, sur le banc de 1° de Dezembro, en troisième division. C’est lors de la saison 2012-2013 qu’il explose, avec Paços de Fereira au cours de sa première saison en Primeira Liga. À la surprise générale, il place le club à la troisième place du championnat, le meilleur résultat de son histoire, derrière les mastodontes Porto et Benfica, offrant en prime une qualification pour les barrages de la Ligue des champions.

Un résultat inespéré qui pousse le FC Porto à se ruer sur son entraîneur. Mais la marche est trop haute pour Paulo Fonseca, qui sera viré dès le mois de mars, largué par Benfica en championnat et rapidement éliminé de la Ligue des champions. Un an plus tard, son passage à Braga lui fait prendre définitivement une autre dimension dans le football portugais et lui ouvre les portes d’un championnat étranger.

Il prend sa revanche sur Porto en battant les Dragões en finale de la Coupe du Portugal aux tirs au but (2-2, 4-2 t.a.b). Quelques semaines plus tôt, Braga atteint les quarts de finale de la Ligue Europa, après avoir notamment devancé l’OM de Michel en phase de groupe. L’aventure européenne s’arrête contre... le Shakhtar Donetsk, qui le recrute l’été suivant.

Une aventure contrastée en Ukraine: succès sportif et fuite inévitable

Malgré une réussite évidente et de nombreux titres, Paulo Fonseca garde un souvenir étrange de son passage au Shakhtar (2016-2019), puisqu’il n’a jamais vécu ni officié à Donetsk, une ville en guerre. "J'habitais à Kiev. Nous avons joué à Kharkiv puis à Lviv. En un an, nous avons effectué 125 vols", a-t-il déclaré à The Athletic en décembre 2020.

Lors de ses trois saisons, Fonseca réussit à chaque fois le doublé coupe-championnat, permettant au club de retrouver un titre de champion qui lui échappait depuis trois ans. Avec en point culminant la saison 2017-2018 et un parcours européen détonnant. À la faveur de succès contre Naples ou un Manchester City remanié, le Shakhtar se qualifie pour la phase éliminatoire. "Une équipe incroyable", qualifie Pep Guardiola.

Paulo Fonseca
Paulo Fonseca © AFP

Le pari est réussi pour Fonseca, qui avait promis de se déguiser en Zorro en cas d'exploit. Promesse tenue en conférence de presse, à l’issue de la victoire contre les Cityzens de Guardiola. "Le personnage de Zorro m'a toujours fasciné, car il combat l'injustice, expliquait-il dans les colonnes du média belge sportmagazine. Je proviens d'une famille modeste, même si je n'ai jamais manqué de rien. Mon père était ouvrier dans la métallurgie, ma mère était femme de ménage. Lorsque j'étais jeune, je portais le chapeau de Zorro et un masque. J'étais aussi passionné de chevaux, et voir cet homme enfourcher un cheval noir a fait travailler mon imagination."

Le scénario se répète ensuite pour Fonseca, qui tombe de justesse contre l’AS Rome en huitième de finale (2-1, 0-1), une équipe qui deviendra aussi son futur club. Une fois sa mission en Serie A achevée, en 2021, il est reparti vivre en Ukraine, un pays qu’il a dû précipitamment quitter fin février au moment du début de l’invasion russe et des premiers bombardements qui ont frappés Kiyv.

"Nous ne savions pas quoi faire, est-il revenu dans un témoignage poignant. Tout le monde essayait de quitter Kyiv. Dario (Srna, directeur sportif du Shakhtar Donetsk) m'a appelé et m'a dit de venir à l'hôtel appartenant au président du Shakhtar. Nous avons déménagé là-bas et avons passé la nuit dans un bunker, pendant un jour et demi au total, avec les joueurs brésiliens et le staff du Shakhtar."

"J'ai décidé de partir le lendemain matin et nous avons commencé un long voyage jusqu'à la frontière roumaine, c'était dangereux, nous avons voyagé toute la journée et toute la nuit sans nous arrêter, poursuit-il au sujet de son périple pour rejoindre l’Europe de l’Ouest. Le voyage a duré 30 heures. J'ai vu plusieurs fois les troupes ukrainiennes passer sur la route, nous nous sommes arrêtés et avons entendu les alarmes, plusieurs fois, et il y avait un beaucoup de trafic. Nous avons passé beaucoup de temps à rouler à 5 km/h. Pendant le voyage, bien sûr, nous étions en danger même en conduisant de nuit. J'ai entendu les avions passer, mais je n'ai pas vu de tirs ni de combats. Finalement, nous sommes arrivés à la frontière, en sécurité, ce qui était le plus important."

La découverte d'un nouveau monde avec l’AS Rome

À l’été 2019, il ne manque plus qu’une expérience sur un banc du top 5 européen à Paulo Fonseca pour définitivement gagner ses galons dans le monde du football de haut niveau. C’est chose faite avec un passage de deux saisons à Rome, qui ne marqueront pas forcément l’histoire du club mais qui auront le mérite d’assurer une continuité à la Louve dans ses résultats. Au prix d’une fin de saison en boulet de canon, avec sept victoires et un nul sur les huit dernières journées, le club romain termine à la cinquième place en 2020, manquant toutefois la qualification pour la Ligue des champions.

Paulo Fonseca, en conférence de presse avec la Roma, le 11 mai 2021
Paulo Fonseca, en conférence de presse avec la Roma, le 11 mai 2021 © ICON Sport

Fonseca ne fera pas mieux la saison suivante, malgré une excellente entame (sur le podium à la trêve), avec une septième place arrachée d’un rien devant Sassuolo. Ce qui aura tout de même une importance, puisqu’elle donnera un billet pour la première édition de la Conference League, remportée un an plus tard par la troupe de José Mourinho.

L’AS Rome arrive la saison passée également jusqu’en demi-finale de Ligue Europa, perdue devant Manchester United, après avoir notamment sorti Braga et le Shakhtar Donetsk, deux ex de Fonseca. Un bilan en demi-teinte qui traduit sans doute une incompatibilité entre son style de jeu et la Serie A. "Garder le ballon comme j'aime le faire n'est pas possible en Italie", expliquait-il pour The Athletic.

Un jeu inspiré de Guardiola et Klopp, l'influence de Mourinho

Avant une éventuelle arrivée sur le banc du LOSC en remplacement de Jocelyn Gourvennec, Paulo Fonseca avait déjà été visé par deux équipes françaises, Monaco et Lyon. Le coach portugais bénéficie également d’une belle cote en Angleterre, puisqu’il aurait pu rejoindre Tottenham et Newcastle en 2021. Le fruit de bons résultats mais aussi d’une philosophie dans l’ère du temps.

Fonseca définit lui-même ses intentions de jeu, qui sont "d'avoir le ballon, de prendre l'initiative et être une équipe offensive". "J'aime les équipes qui sont courageuses avec le ballon, ajoute-t-il dans son entretien à The Athletic. J'ai compris l'importance des transitions. Je me rends compte à quel point il est important de récupérer le ballon et d'attaquer vite car toutes les équipes ici sont bien préparées défensivement. Trouver de l'espace est difficile ici. Si vous n'attaquez pas rapidement, ils s'organisent très rapidement et vous n'avez pas de transition."

S’il joue habituellement en 4-4-2 ou 4-2-3-1 pour compter sur un double pivot, Fonseca a terminé avec une défense à trois à Rome, notamment en réponse aux adversaires de Serie A, souvent à cinq pour attaquer la ligne défensive, et donc pour "moins souffrir", comme il le détaille dans l'émission The Coaches' Voice. "Les équipes en Italie pressent plus haut, donc nous devions trouver plus de solutions pour commencer à construire à un pressing haut", poursuit-il.

À propos de ses joueurs, il réclame "qu'ils aient le courage de prendre l'initiative, de jouer un jeu offensif et d'avoir toujours le ballon", dans des propos prononcés lors d’un forum à Nyon en 2018 et rapportés par portugoal.net.

Ses mentors sont nombreux, même s'il cite beaucoup Pep Guardiola qui dirigeait à Barcelone "l’équipe (qu'il) aimait le plus regarder". "Je peux souligner Maurizio Sarri et Pep Guardiola comme les entraîneurs que j'admire le plus car ils sont audacieux, ils ont leurs propres idées, ils sont assez courageux pour jouer leur propre jeu et attaquer", avait-il déclaré en Suisse.

Sans oublier son successeur en Italie José Mourinho, qui "a marqué une génération d'entraîneurs au Portugal et marqué le football portugais. Il a complètement changé l'état d'esprit des entraîneurs portugais et il a évidemment eu une grande influence". Selon plusieurs observateurs anglais ou italiens, son équipe est adepte du gegenpressing de Klopp. Si ce mix annoncé entre les meilleurs coachs en Europe prend forme, l'arrivée possible de Paulo Fonseca en Ligue 1 nourrit de très belles promesses.

Jules Aublanc Journaliste RMC Sport